Ce que les Hamas Leaks (fuites concernant ce groupe terroriste) révèlent de la vie à Gaza sous la férule du mouvement islamiste.
Des documents confidentiels permettent de mettre en lumière la vie des Palestiniens et l’emprise du Hamas dans leur quotidien.
Atlantico : Selon Gaza Report, des dossiers criminels du ministère de l’Intérieur de Gaza auraient été diffusés sur Internet via des forums et le site Hamas Leaks. Ces documents permettent de mettre en lumière la vie des Palestiniens et l’emprise du Hamas dans leur quotidien. Que faut-il penser de ces révélations ? Ces éléments sont-ils fiables ?
Pierre Conesa : Ces révélations peuvent être prises au sérieux. Le problème est que le bilan ne sera fait qu’après le conflit et actuellement l’issue de la guerre est incertaine. Le conflit entre Israël et le Hamas est aussi une guerre de la communication dans ses plus grandes horreurs. Lors de l’attaque du 7 octobre, les membres du Hamas ont décidé de filmer ce qu’ils faisaient. Dans ce conflit, chacun des combattants n’hésite pas à essayer de documenter l’horreur.
A Gaza, les agences internationales comme l’UNRWA sont souvent le seul employeur de tout Gaza, il y a donc automatiquement des individus qui de toute façon sont à la fois des travailleurs de l’organisation internationale et en même temps des terroristes.
Concernant la situation à Gaza, qu’est-ce que les révélations des Hamas Leaks montrent de la réalité à Gaza et de l’influence du Hamas ?
Pierre Conesa : Cela démontre que la population de Gaza vit en vase clos, comme dans une espèce de ghetto. Lorsque les habitants avaient plus de possibilités à l’époque, avant la guerre, de trouver du travail dans une organisation internationale, cela représentait une aubaine exceptionnelle.
Jérôme Pellistrandi : Il faut bien comprendre que le Hamas, depuis qu’il a pris le contrôle de la bande de Gaza, il y a plus d’une décennie, s’est imposé comme une organisation qui recouvre tous les aspects de la vie des Palestiniens.
Il ne faut pas oublier que le Hamas est une organisation terroriste dont le but est l’élimination d’Israël. Cela a été confirmé par les massacres du 7 octobre.
Le Hamas est aussi une organisation sociétale qui gère la vie des Palestiniens, de la bande de Gaza. La plupart des policiers sont affiliés au Hamas. Cela a été constaté avec des employés de l’agence de l’ONU, l’UNRWA qui sont affiliés au Hamas. Il y a donc une imbrication complète du Hamas dans le fonctionnement quotidien de la bande de Gaza et avec toutes les déviances que peut avoir une organisation qui au départ est une organisation terroriste.
Par rapport à l’image qui est donnée de la situation des Palestiniens à Gaza par les Hamas Leaks, qu’est-ce que cela traduit de l’emprise du Hamas sur la population palestinienne en plus de la question du terrorisme ?
Pierre Conesa : Le conflit à Gaza est le théâtre de l’affrontement entre deux antagonismes. Benyamin Netanyahou, depuis le début de sa carrière politique, s’est toujours opposé à une solution avec les Palestiniens. Il a toujours été opposé aux accords de Camp David. Il s’est déjà opposé par le passé à des tentatives de construction de la paix.
Face à lui, il y a le Hamas, la radicalisation de la résistance palestinienne. Le Hamas avait gagné les élections dans la bande de Gaza en 2006. Le Hamas a ensuite structuré sa mainmise sur le territoire. Le Hamas est un mouvement extrémiste palestinien qui a comme objectif la destruction de l’Etat d’Israël.
La situation est toujours aussi tendue en Cisjordanie avec l’influence des colons juifs radicaux qui tentent de poursuivre leurs projets de colonies sauvages.
Netanyahou a la volonté de détruire le Hamas et de détruire également le Fatah, après ce qui s’est passé le 7 octobre 2023. Il pensait pouvoir conserver une forme de statu quo. A présent en Israël une grande majorité d’israélien est résolue à la destruction du Hamas, et de l’UNWRA son complice et allié.
Jérôme Pellistrandi : L’une des difficultés, qui explique que l’offensive israélienne soit extrêmement violente, est le fait que la société gazaouie est à la fois otage du Hamas et participe au fonctionnement du Hamas. Toute l’ambiguïté de la situation se situe dans cette réalité. C’est ce qui fait d’ailleurs que des difficultés se posent pour définir l’après guerre car quelle est l’autorité légitime dans la bande de Gaza qui permettra de faire fonctionner le territoire après le conflit ?
La problématique est que la population est activement ou passivement contrainte par le Hamas.
Comment est-il possible de vérifier l’authenticité des révélations et des éléments qui sont relayés sur la réalité de la vie à Gaza et de l’influence du Hamas sur le quotidien des Gazaouis ? Est-ce que la presse et les journalistes peuvent essayer de mener des enquêtes ?
Pierre Conesa : Les journalistes et les chercheurs peuvent mener des investigations à condition qu’il y ait la paix et qu’ils puissent travailler. Le travail scientifique, le travail de journaliste ne peut se faire que dans des conditions très particulières. Il faut aussi avoir une oreille attentive et être prêt à écouter ce qui est raconté et rapporté, surtout si cela concerne des actes d’une horreur absolue ou des conditions de vie très difficiles. Ces informations seront connues du grand public mais avec beaucoup de retard. Entre-temps, des tas de personnes auront été tuées.
Comment est-il possible d’avoir une perspective d’amélioration de la situation sécuritaire dans toute cette propagande à Gaza ?
Pierre Conesa : De nombreuses personnalités politiques du monde entier plaident pour un cessez-le-feu à Gaza. Il y a eu 1.500 morts israéliens pour plus de 25.000 Palestiniens. Vous ne pensez pas que cela va laisser une trace ? Même avec un cessez-le-feu, la prochaine guerre est en train de se préparer. Les enfants de ceux qui sont morts chercheront à se venger.
Au regard des documents et des révélations de ces dernières années dans le cadre des Hamas Leaks qui donnent des détails sur la vie de la population par rapport au mouvement du Hamas, quelles vont être les conséquences du fait que la population palestinienne soit sous l’emprise du Hamas ?
Pierre Conesa : Cela va durcir encore un peu plus les positions des Palestiniens de Gaza. Ils vont développer un discours de victimisation. Ce discours légitime la violence et la vengeance. Il va donc y avoir un durcissement. Ce n’est pas par la guerre que le conflit palestinien sera résolu.
Jérôme Pellistrandi : Tout le monde se pose cette question. Pour Israël, Benyamin Netanyahou a l’autorité légitime. L’Autorité palestinienne qui est en Cisjordanie a perdu sa crédibilité en tant qu’autorité fonctionnelle.
Il faut reconstruire un système. Des propositions d’un mandat international qui serait piloté par l’ONU avec l’accord d’Israël sont les enjeux des discussions actuelles en dehors de la trêve.
Il est important de définir un après et de trouver une solution qui permette d’organiser dans un premier temps la survie de la population gazaouie et puis ensuite d’essayer de trouver des solutions.
JForum.fr avec Pierre Conesa et Jérôme Pellistrandi
NDLR : Semble-t-il, ce n’est qu’à l’arrivée de la période messianique que ce problème sera résolu, comme le dit le verset (Tehilim/Psaumes 10,16) : « L’Eternel est roi à tout jamais », c’est-à-dire que la période messianique est enfin arrivée, ce qui entraine : « Les peuples disparaissent de Son pays », ces peuples qui sont de trop sur place…