Les Européens regardent partir les Juifs sans lever le petit doigt

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Les Européens regardent partir les Juifs sans lever le petit doigt.

– L’Europe et les États-Unis ont en commun, un antisémitisme en hausse qui s’exprime à travers l’« antisionisme », soit la haine d’Israël.

– – Aux États-Unis, le FBI a fait savoir que l’année 2023 avait été marquée par une hausse de 63 % des délits haineux ciblant exclusivement les Juifs, soit le chiffre le plus élevé depuis 1991.

– – En Europe, « 96 % des Juifs ont été confrontés à la haine « en ligne » et dans la vie réelle au cours des 12 mois qui ont précédé l’enquête menée en 2024 par l’Agence des droits fondamentaux (FRA) basée à Vienne, en Autriche. »

Mais depuis l’élection de Donald Trump, les États-Unis ont fait de la lutte contre l’« antisionisme » un axe politique majeur. Les Européens, au contraire, adoptent une diplomatie de plus en plus hostile à Israël.

A) L’ADMINISTRATION TRUMP A FAIT DE LA LUTTE CONTRE L’”ANTISIONISME” UN AXE MAJEUR DE SA POLITIQUE INTERIEURE ET EXTERIEURE.

Au plan diplomatique, les États-Unis affichent leur soutien à Israël dans sa lutte contre le Hamas et l’Iran. Mais la lutte contre l’antisionisme est aussi un axe de politique intérieure. Donald Trump a réduit les quotas d’immigration et entrepris d’obliger les universités à combattre le « propalestinisme ».

Exemples :

– Le 29 janvier 2025, le président Trump a publié un décret intitulé «  Mesures supplémentaires pour lutter contre l’antisémitisme  » qui invite le ministère de la Justice à prendre des « mesures immédiates » pour « réprimer les actes de vandalisme et d’intimidation pro-Hamas, et enquêter sur le racisme antijuif dans les universités de gauche afin de le sanctionner ». Le président Trump s’est engagé aussi à « annuler rapidement les visas étudiants de tous les sympathisants du Hamas sur les campus  ».

– Le 31 janvier, Donald Trump a publié un autre décret obligeant le ministère de la justice à traiter toutes les plaintes signalant des actes antisémites. Il recommande de priver les universités de leur statut fiscal avantageux si elles ne luttent pas contre l’antisémitisme.

– Le 5 mars, le ministère de la Justice a lancé une enquête sur l’université de Californie pour discrimination antisémite et harcèlement des étudiants juifs sur le campus.

– Le 8 mars, l’université Columbia de New York a été privée de 400 millions de dollars de subventions pour avoir confondu liberté d’expression et libre expression de la haine des Juifs et avoir failli à la protection des étudiants juifs présents sur le campus.

– Le 10 mars, Donald Trump a menacé de priver de subventions 60 collèges qui feraient preuve de mollesse dans la lutte contre l’antisémitisme.

– Le 13 mars, le gouvernement fédéral a exigé que l’université Columbia modifie son règlement disciplinaire et son système d’admission ; les services de sécurité ont fouillé deux chambres de la résidence universitaire et arrêté un étudiant qui avait manifesté pour le Hamas.

– Le 21 mars, un leader des manifestations pro-Hamas a été arrêté à l’université Cornell.

– Le 27 mars, 300 visas d’étudiants étrangers accusés d’avoir manifesté en faveur du Hamas ont été révoqués.

– Début avril, le président américain menace Harvard de voir supprimer l’exonération fiscale dont bénéficient les grandes universités.

– Le 1er avril, plusieurs dizaines de subventions fédérales destinées à Princeton University ont été suspendues en raison de son laxisme dans la lutte contre l’antisémitisme…

– Etc.

L’administration Trump a supprimé ou gelé plus de 11 milliards de dollars de financements d’au moins sept universités. De la même manière qu’il a purgé l’État fédéral de ses tendances woke, Donald Trump a entrepris de mettre au pas la gauche woke qui a infiltré les universités d’élite.

Contrairement à Joe Biden, son prédécesseur à la Maison Blanche, Donald Trump estime que les manifestations anti-israéliennes qui ont submergé les campus tout au long de l’année 2024 ne relèvent pas de la liberté d’expression. Il a donc entrepris d’asphyxier financièrement les universités pour les obliger à lutter contre le wokisme et leur rappeler qu’elles ont un rôle à jouer dans la défense des Juifs ET PAR CONSÉQUENT dans la défense de l’identité nationale américaine.

La lutte contre l’antisémitisme est ainsi devenue le fer de lance d’une politique de lutte contre l’extrême gauche universitaire. « Nous allons couper les vivres aux écoles qui participent à l’attaque marxiste contre notre héritage américain et la civilisation occidentale elle-même », a déclaré Trump lors d’un meeting en 2023. « L’époque où l’on subventionnait l’endoctrinement communiste dans nos universités sera bientôt révolue », a-t-il ajouté.

Cette lutte contre la « captation idéologique » des universités devait fatalement se heurter à la plus prestigieuse d’entre elles, Harvard. Le 31 mars, l’administration Trump a remis en question les 9 milliards de dollars d’accords signés avec Harvard en raison de la faiblesse de sa lutte contre l’antisémitisme.

Pour l’actuel gouvernement américain, « il existe un lien logique entre l’antisémitisme, les idéologies anti-occidentales et une orthodoxie progressiste intolérante sur les campus. » Lors d’un discours prononcé en 2021 à la Conférence nationale sur le conservatisme, l’actuel vice-président J. D. Vance a déclaré : « Si nous voulons faire ce que nous voulons pour notre pays et pour ses habitants, nous devons attaquer honnêtement et vigoureusement les universités de ce pays. »

B) – LES EUROPÉENS SONT BEAUCOUP MOINS FERMES FACE À L’ANTISÉMITISME

– Une fausse prise de conscience. L’Union européenne a adopté en 2021, « une stratégie de lutte contre l’antisémitisme et de soutien à la vie juive ». Mais ce texte – juridiquement non contraignant – se borne à proposer quelques pistes de réformes laissées à la libre appréciation des États membres.

– Laxisme. Treize États membres de l’UE n’ont pas de stratégie nationale contre l’antisémitisme. Certains ne recensent même pas les actes antisémites, ce qui rend difficile toute action coordonnée et efficace.

-– Hypocrisie : L’Union européenne souhaite sincèrement que les Juifs puissent vivre en paix en Europe. Mais simultanément, elle a ouvert ses frontières à une population qui se sent libre d’afficher impunément sa haine d’Israël. Les dirigeants européens affirment que l’antisémitisme accompagne les discours anti-immigration. Autrement dit, ils se refusent à considérer que l’immigration musulmane joue un rôle dans le développement de la haine anti-juive.

À Munich, lors de la conférence sur la Sécurité qui a eu lieu du 14 au 16 février 2025, J. D. Vance, vice-président américain, a expliqué aux dirigeants européens que l’immigration de masse, et l’immigration musulmane en particulier, étaient plus menaçantes que la Russie ou la Chine. « De toutes les urgences et de tous les défis auxquels sont confrontées les nations (européennes) représentées ici, je crois qu’il n’y a rien de plus urgent que la migration de masse » a affirmé Vance aux dirigeants européens. C’est peu dire qu’il n’a pas été entendu.

– Palestinisme et wokisme. Le poids des migrants est tel aujourd’hui en Europe qu’il façonne la diplomatie. L’Union européenne a ainsi mis en place une diplomatie résolument favorable à la « solution à deux États » qui l’amène à condamner Israël « pour ses violations du droit international, pour la colonisation » en Judée-Samarie » et pour l’usage de la force par l’armée israélienne. Ces critiques fréquentes dans les déclarations du Service européen pour l’action extérieure (SEAE) ne sont pas perçues comme équilibrées par la majorité des Juifs.

C) DIVORCE ENTRE L’EUROPE ET LES ETATS UNIS SUR LA QUESTION D’ISRAEL

La conclusion la plus énorme est que Donald Trump fait de la défense des Juifs et d’Israël un outil de reconquête MAGA (Make America Great Again – littéralement « Rendre l’Amérique à nouveau grande », soit : « Rendre sa grandeur à l’Amérique », abrégé MAGA, est un slogan de campagne utilisé par des personnalités politiques des États-Unis). Les Juifs sont considérés par la nouvelle administration américaine comme un élément constitutif de la civilisation américaine et doivent être défendus à ce titre contre toute agression, tant à l’extérieur que sur le sol américain.

Les Européens au contraire défendent les Juifs qui résident en Europe contre d’éventuelles agressions, mais ils se montrent de plus en plus hostiles à l’Etat d’Israël. C’est ce comportement ambivalent qui incite les Juifs à quitter de plus en plus nombreux l’Union européenne.

D) LES JUIFS QUITTENT L’EUROPE, MAIS LES ÉLITES JUIVES DEMEURENT FIDÈLES À LA GAUCHE

L’hostilité des Etats européens envers Israël et le sentiment d’insécurité croissant des Juifs favorisent l’exode. Une étude publiée en 2020 par l’Institute for Jewish Policy Research, basé à Londres, analyse que, depuis 1970, la population juive d’Europe est passée de 3,2 millions de personnes à environ 1,3 million, soit une baisse de près de 60 %.

· La même étude cite la France comme un cas d’hémorragie démographique emblématique : 51 455 ressortissants juifs français sont partis s’installer en Israël depuis 2000. Selon une enquête Ipsos, les raisons invoquées pour ces départs sont la peur de l’antisémitisme (62%) et la recherche d’opportunités économiques (pour une minorité).

· Le sentiment d’insécurité des Juifs en France et en Europe a été aggravé depuis l’attaque d’Israël par le Hamas le 7 octobre 2023.

Toutefois, une curieuse distorsion est en cours. Alors que les Juifs quittent l’Europe sur la pointe des pieds, les élites juives européennes refusent de mettre en cause la politique d’immigration des dirigeants européens.

En France, où la communauté juive est la plus importante, le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) se cramponne au dogme qui attribue à l’extrême droite le monopole de l’antisémitisme. Le RN n’est jamais invité au dîner annuel du CRIF et Yonathan Arfi, président du CRIF, justifie cette exclusion par « un problème d’antisémitisme à l’extrême droite ». Cette position est d’autant plus étonnante que Jordan Bardella et Marion Maréchal ont, en mars 2025, été officiellement invités en Israël par le gouvernement pour participer à une conférence sur l’antisémitisme. Ce qui a amené le CRIF à dénoncer une « instrumentalisation » de la lutte contre l’antisémitisme à des fins politiques.

Aux États-Unis aussi, les élites juives supportent mal que Donald Trump parte à l’assaut du wokisme au nom de la lutte contre l’antisémitisme. Certains, comme Halie Soifer, présidente du Jewish Democratic Council of America, craignent de devenir une cible pour les antisémites : Trump « fait du trafic d’antisémitisme » et ses propos sont « incroyablement dangereux » car ils inspireraient l’extrême droite.

Alexander Pascal, ancien conseiller de Joe Biden et de Barack Obama, regrette dans le journal juif Forward, « la détention d’étudiants étrangers (pro-Hamas) qui n’ont commis d’autre crime que d’avoir exercé leur liberté d’expression (sic) et la suppression de crédits de recherche de certaines grandes universités ». Il craint en effet que les Juifs soient pointés du doigt comme un obstacle à la recherche. Et dans Haaretz, quotidien de gauche israélien, Naftal Kaminski prédit« que les Juifs seront bientôt accusés d’avoir fait tomber Harvard ».

Quelle morale tirer de ce méli-mélo ? Les institutions juives ont toujours pensé que les commémorations de la Shoah empêcheraient le retour de l’antisémitisme meurtrier. Non seulement ces commémorations n’ont rien empêché, mais le souvenir de la Shoah et la tentative d’en faire un bouclier contre le « retour de la bête immonde » ont rendu les dirigeants juifs aveugles : ils n’arrivent plus à penser la réalité de l’antisémitisme aujourd’hui. Pire, ils ne savent plus reconnaître leurs amis de leurs ennemis.

 

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