Le nombre d’hommes ultra-orthodoxes rejoignant l’armée israélienne (Tsahal) a chuté drastiquement au cours de la dernière année. Quelles en sont les causes ? Pourquoi le ministre de la Défense est-il convaincu qu’il pourra faire avancer une loi sur la conscription acceptée également par les orthodoxes ? Et réussira-t-il vraiment ?
JDN – Israël Zeev Leventhal
Opinions
Le ministre de la Défense, Israël Katz, a présenté aujourd’hui pour la première fois aux membres de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset l’ébauche de la loi sur la conscription, élaborée par divers groupes ces derniers mois.
Il est bien connu que les mots « conscription des orthodoxes » sont extrêmement sensibles, et certains réagissent de manière automatique et catégorique dès qu’ils les entendent, peu importe le contexte ou l’objectif visé. Dans les lignes suivantes, nous tenterons d’analyser en profondeur où en est actuellement cette loi et si elle est bénéfique ou, au contraire, dommageable pour les orthodoxes.
Avant d’entrer dans les détails, il est important de distinguer entre ce qui est juste et approprié pour chaque jeune orthodoxe, qu’il soit étudiant en Yechiva ou non, et ce qui se passe (souvent malgré nous) sur le plan législatif à la Knesset.
Il ne faut en aucun cas interpréter ces propos comme une suggestion en faveur de l’enrôlement ou de toute forme de coopération. Chaque jeune sait exactement ce qu’il doit faire selon les directives claires des grands maîtres de la Tora.
La controverse sur la loi de conscription, le ministre de la Défense, le chef d’état-major et les orthodoxes
Aujourd’hui, le ministre de la Défense, Israël Katz, a pris les devants face à Tsahal et aux critiques contre la loi sur la conscription, surtout ceux qui la qualifient de « loi de l’évasion ». Lors de la réunion de la commission, Katz a cité les propos du chef d’état-major, Herzi Halevi, des propos qui n’exigent pas d’être un haut gradé pour en saisir la simplicité : « Sans la coopération des dirigeants orthodoxes, nous avons atteint les limites de ce que nous pouvons obtenir en termes de conscription parmi eux. » Il est évident pour tous qu’une telle coopération sur la conscription des étudiants en Yechiva ne verra jamais le jour, et les implications des propos du chef d’état-major sont claires.
Katz a ajouté qu’au cours des huit mois et demi écoulés, alors que la loi impose une obligation égale de conscription pour tous les citoyens israéliens, et qu’il n’y a aucune restriction sur les actions que Tsahal peut entreprendre pour recruter des orthodoxes, l’armée a échoué dans sa mission.
Selon le ministre de la Défense, l’envoi de milliers d’ordres de conscription à des jeunes orthodoxes non seulement n’a pas augmenté le nombre d’enrôlés, mais a au contraire entraîné une baisse. Tsahal n’a même pas atteint le chiffre habituel de 1 800 enrôlés par an.
Si tel est le cas lorsque Tsahal dispose de tous les moyens légaux et du soutien de la Cour suprême, il est difficile de qualifier la « conscription des orthodoxes » confiée à Tsahal autrement qu’un échec retentissant du point de vue du citoyen moyen.
C’est pour cette raison que le ministre de la Défense est convaincu qu’il pourra faire avancer une loi fixant des objectifs sur une période de sept ans, à l’issue desquels, si les objectifs ne sont pas atteints, des sanctions personnelles seront imposées aux jeunes orthodoxes.
Katz s’est apparemment aligné sur les chiffres proposés par Tsahal pour les années à venir, tout en précisant que l’affirmation selon laquelle Tsahal serait capable de recruter tous les jeunes orthodoxes d’ici 2026 n’a aucun fondement. « Il y a une différence entre la capacité de recruter et celle d’intégrer », a-t-il expliqué.
On peut dire que le ministre de la Défense a fait preuve d’une grande sensibilité envers le chef d’état-major et Tsahal en formulant ses propos de manière indirecte. S’il avait voulu être plus direct, Katz aurait pu souligner que Tsahal a investi l’année dernière environ 180 millions de shekels dans la création de la brigade orthodoxe « Ha’hachmonaïm ». Au final, après une vaste campagne de relations publiques, il s’avère que cette brigade n’a recruté que 57 soldats, dont certains sont des soutiens logistiques, tandis que quelques centaines d’autres se sont joints à d’autres unités « orthodoxes ». En tout, moins de 350 soldats orthodoxes ont rejoint Tsahal, bien que 10 000 ordres de conscription aient été envoyés.
Malgré cela, Israël Katz a traité Tsahal avec des gants, mais cela n’a pas empêché des députés de l’opposition et certains médias d’attaquer le ministre de la Défense, tout en ignorant hypocritement l’échec cuisant de Tsahal.
Conclusion :
Pour qui souhaite une conscription des orthodoxes, il faut permettre au ministre de la Défense d’entamer un dialogue avec cette communauté. C’est la seule manière d’arriver à un « partage équitable de la charge », comme l’a récemment décrit le ministre des Communications, Shlomo Karhi.