Les arabes se réunissent pour répondre à Trump

0
74

Sommet arabe à Ryad : réponse au plan Trump pour Gaza

Le 21 février 2025, Ryad accueille un sommet réunissant neuf dirigeants arabes pour discuter d’une réponse collective au projet controversé du président américain Donald Trump concernant la bande de Gaza. Ce plan propose une prise de contrôle américaine de Gaza et le déplacement de sa population palestinienne vers des pays voisins, notamment l’Égypte et la Jordanie. Cette initiative a suscité une opposition unanime dans le monde arabe, conduisant à l’organisation de ce sommet pour élaborer une alternative viable.

Selon Umer Karim, expert en politique étrangère saoudienne à l’université de Birmingham, « ce sommet arabe sera sans doute le plus important concernant le monde arabe et la cause palestinienne depuis des décennies ». Les discussions à huis clos viseront à forger un consensus sur la reconstruction de Gaza tout en préservant les droits et la dignité de sa population.

La bande de Gaza, dévastée par quinze mois de conflit entre Israël et le Hamas, nécessite une reconstruction estimée par l’ONU à plus de 53 milliards de dollars. Le plan de Trump, qui envisage de transformer Gaza en une « Riviera du Moyen-Orient » après le déplacement de ses habitants, a été accueilli favorablement par Israël mais a provoqué un tollé international. Les États arabes, en particulier l’Égypte et la Jordanie, ont fermement rejeté l’idée de réinstaller les Palestiniens sur leur territoire, craignant des répercussions sur la stabilité régionale et leur sécurité nationale.

Le sommet de Ryad réunira les dirigeants des six monarchies du Golfe (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Qatar, Koweït, Oman, Bahreïn), ainsi que ceux de l’Irak, de la Jordanie et de l’Égypte. L’un des points centraux des discussions sera un « plan égyptien de reconstruction » de Gaza. Bien que les détails officiels de ce plan n’aient pas été divulgués, des sources indiquent qu’il pourrait se dérouler en plusieurs phases sur une période de trois à cinq ans. La première phase, d’une durée de six mois, consisterait à déblayer les décombres et à aménager des zones sécurisées pour reloger les déplacés, avec la mise à disposition de logements temporaires. Les phases suivantes porteraient sur la reconstruction des infrastructures essentielles et le développement économique de la région.

 

Un défi majeur pour les participants au sommet sera de s’accorder sur la gouvernance de Gaza post-conflit. Israël refuse tout retour du Hamas ou de l’Autorité palestinienne au pouvoir dans la bande de Gaza. Les États arabes devront donc proposer une solution qui assure une administration stable et acceptable pour toutes les parties prenantes, tout en garantissant la sécurité et le bien-être des habitants de Gaza.

Le financement de la reconstruction représente un autre enjeu crucial. Les monarchies du Golfe, notamment l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, disposent des ressources financières nécessaires, mais elles exigent des garanties quant à l’utilisation efficace des fonds et à la stabilité politique de la région. Selon un chercheur, « les Saoudiens et les Émiratis ne dépenseront pas un centime si les Qataris et les Égyptiens ne donnent pas de garanties sur le sort du Hamas dans l’après-guerre ». Cette déclaration souligne l’importance d’une coordination étroite entre les États arabes pour assurer le succès de toute initiative de reconstruction.

 

Depuis des décennies, le monde arabe instrumentalise la cause palestinienne pour exercer une pression diplomatique sur Israël, tout en refusant d’accueillir durablement les réfugiés palestiniens sur son sol. Ni le Liban ni la Jordanie n’ont jamais accordé la nationalité aux Palestiniens installés sur leur territoire, maintenant ainsi leur statut de réfugiés pour éviter de solder la question du retour. Toutefois, avec le plan Trump, la donne évolue. La pression américaine, notamment sur des pays comme l’Égypte, la Jordanie et le Liban – qui bénéficient d’un soutien financier substantiel des États-Unis – modifie les équilibres traditionnels. Ces États doivent désormais redéfinir leur politique et proposer des solutions concrètes pour la reconstruction de Gaza, faute de quoi ils risquent d’être confrontés à un afflux massif de réfugiés gazaouis sur leur territoire.

Jforum.fr

Aucun commentaire

Laisser un commentaire