L’Égypte préfère les terroristes palestiniens à sa frontière

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Pourquoi l’Égypte préfère les terroristes palestiniens à sa frontière ?

Par Bassam Tawil – Gatestone

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a déclaré le 18 septembre que son pays n’accepterait jamais une quelconque présence militaire israélienne à la frontière entre l’Egypte et la bande de Gaza. « Abdelatty a affirmé que l’Egypte restait totalement opposée à toute présence militaire au poste frontière [de Rafah] ou dans le corridor Philadelphie [entre l’Egypte et la bande de Gaza] », selon le journal égyptien Al-Ahram.

Le ministre égyptien a tenu ces propos lors d’une conférence de presse conjointe avec le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken à l’issue d’une réunion au Caire. « Ces propos font écho aux précédentes déclarations égyptiennes affirmant son rejet de toute présence israélienne dans le corridor de Philadelphie à la frontière Egypte-Gaza et du côté palestinien du passage de Rafah, qui est sous contrôle israélien depuis mai », a ajouté Al-Ahram.

Les Égyptiens affirment en réalité qu’ils préfèrent avoir des terroristes palestiniens à leur frontière plutôt qu’Israël.

Le corridor de Philadelphie est une bande de terre d’environ neuf miles de long et 100 mètres de large le long de la frontière de la bande de Gaza avec l’Égypte.

Après le retrait israélien de la bande de Gaza en 2005, le contrôle du passage de Rafah et du corridor Philadelphie a été transféré à l’Égypte et à l’Autorité palestinienne (AP). Les deux parties étaient donc chargées d’empêcher la contrebande d’armes et d’autres marchandises du territoire égyptien vers la bande de Gaza. Il va sans dire que l’Égypte et l’AP n’ont pas réussi à mettre un terme aux activités de contrebande le long de la frontière.

En 2007, le groupe terroriste palestinien Hamas, soutenu par l’Iran, a organisé un coup d’État contre l’Autorité palestinienne et pris le contrôle total de la bande de Gaza, y compris du côté gazaoui de la frontière avec l’Égypte. Par la suite, le Hamas et d’autres groupes terroristes ont intensifié leurs activités de contrebande à travers la frontière et les dizaines de tunnels qu’ils ont creusés sous celle-ci.

Depuis que les Forces de défense israéliennes (FDI) ont repris le contrôle du passage de Rafah et du corridor de Philadelphie en mai dernier, l’Egypte exprime sa ferme opposition à la présence israélienne dans ces zones. C’est cette même Egypte qui n’a pas réussi à stopper le flux d’armes de son territoire vers la bande de Gaza au cours des deux dernières décennies.

« Avant el-Sissi, mais aussi pendant son mandat, des voitures, des motos, des vêtements, des drogues, des médicaments, des boissons alcoolisées et des armes ont été introduits en contrebande dans le corridor de Philadelphie au fil des ans. Il s’agissait de nombreuses armes : des roquettes RPG-29 améliorées qui ont tué nos soldats pendant la guerre des épées de fer, des pièces de roquettes cachées, des mitrailleuses, des mines, et bien plus encore. » — Nadav Shragai, auteur et journaliste israélien, Israel Hayom, 10 juillet 2024.

« Même ceux qui font confiance au président el-Sissi aujourd’hui ne peuvent pas garantir qu’un nouveau [ancien président égyptien] Mohammed Morsi issu des Frères musulmans n’arrivera pas au pouvoir à l’avenir, comme nous l’avons vu lors des élections présidentielles de 2012 en Égypte. Israël doit donc rester à Philadelphie [porte d’entrée entre l’Égypte et Gaza]… Les forces de surveillance étrangères ont échoué au Liban au fil des ans, et elles ont également échoué au passage de Rafah d’où les observateurs de l’Union européenne ont fui en 2007. » — Nadav Shragai, Israel Hayom, 10 juillet 2024.

« Aujourd’hui encore, la ville de Rafah [près de la frontière avec l’Égypte] regorge de contrebandiers qui soudoient la police égyptienne et dirigent un secteur d’activité dont le chiffre d’affaires se calcule en milliards. La contrebande continue en temps de guerre, car du matériel de guerre et d’autres biens circulent chaque jour du Sinaï vers Gaza. Et il est à craindre que cette contrebande soit, ou soit, accompagnée d’une contrebande dans l’autre sens. Il est probable que des responsables du Hamas tentent de s’échapper vers le territoire égyptien, avec des otages, et de là vers l’Iran. » — Brig. Gen. (Res.) Amir Avivi, 4 mars 2024.

« Les Palestiniens qui veulent absolument quitter Gaza versent des pots-de-vin à des intermédiaires pouvant atteindre 10 000 dollars (7 850 livres sterling) pour les aider à quitter le territoire via l’Égypte… Très peu de Palestiniens ont pu quitter Gaza par le poste-frontière de Rafah, mais ceux qui tentent d’inscrire leur nom sur la liste des personnes autorisées à sortir chaque jour disent qu’on leur demande de payer d’importants « frais de coordination » par un réseau d’intermédiaires et de coursiers ayant des liens présumés avec les services de renseignement égyptiens… Un réseau d’intermédiaires, basé au Caire, qui aide les Palestiniens à quitter Gaza opère depuis des années autour de la frontière de Rafah… Le Guardian s’est entretenu avec un certain nombre de personnes à qui on a dit qu’elles devraient payer entre 5 000 et 10 000 dollars chacune pour quitter la bande de Gaza, certaines lançant des campagnes de financement participatif pour récolter l’argent. D’autres se sont fait dire qu’elles pourraient partir plus tôt si elles payaient plus. » — The Guardian, 8 janvier 2024.

« Une entreprise appartenant à un homme d’affaires égyptien influent et allié du président Abdel Fattah el-Sissi gagne environ 2 millions de dollars par jour grâce aux Palestiniens qui fuient la guerre d’Israël contre Gaza… Hala Consulting and Tourism Services, une société appartenant au chef de tribu du Sinaï et magnat des affaires Ibrahim al-Organi, fait payer aux Palestiniens qui traversent de Rafah à Gaza vers l’Égypte au moins 5 000 dollars par adulte et 2 500 dollars pour les enfants de moins de 16 ans. Elle a le monopole de la fourniture de services de transfert au passage de Rafah… » — Middle East Eye, 1er mai 2024.

Ceux qui croient que les Égyptiens agiraient différemment si Israël se retirait de la zone frontalière vivent sur une autre planète. Si Tsahal se retire, le Hamas reviendra rapidement à la frontière et les Égyptiens continueront de regarder ailleurs.

Bassam Tawil est un Arabe musulman basé au Moyen-Orient. Son travail est rendu possible grâce à la généreuse donation de quelques donateurs qui ont souhaité rester anonymes.

JForum.fr avec www.gatestoneinstitute.org
Sur la photo : des soldats égyptiens sont assis sur un char du côté égyptien de la frontière entre Gaza et l’Égypte, près de Rafah, le 8 juillet 2013. (Photo de Said Khatib/AFP via Getty Images)

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