Le ton qui monte entre l’Iran et la France ?

Le ton qui monte entre l’Iran et la France ?

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Le ton monte entre l’Iran et la France, qualifiée de « responsable » du soulèvement populaire

L’Iran a accusé les services secrets français d’être derrière le soulèvement des femmes, une accusation qui survient après la réception de quatre Iraniennes à l’Élysée ; mais surtout après le choix de l’Iran de soutenir la Russie en Ukraine et de ne pas renouer avec l’accord nucléaire.

La France, un « petit Satan »

La France a longtemps été un « petit Satan » pour le fondateur de la République islamique, l’ayatollah Khomeini ; le titre de « Grand Satan » étant bien sûr réservé aux États-Unis. Depuis, il y a eu des hauts et des bas dans la relation entre l’Iran et la France, mais nous sommes de nouveau entrés dans une ère de glaciation.
Hier, les autorités iraniennes ont accusé les services de renseignement français d’être derrière le mouvement de protestation né de la mort en détention de la jeune femme Mahsi Amani. Et la France compte le plus grand nombre de nationaux emprisonnés, sept Français dans les geôles de la République islamique : la plus ancienne est Fariba Adelkhah, anthropologue franco-iranienne détenue depuis 2019, et les plus récents ont été annoncés ce weekend, deux nouveaux détenus -otages devrait-on dire-, dont l’identité n’a pas été révélée.

Il y a évidemment un contexte

Vendredi dernier, Emmanuel Macron recevait à l’Élysée quatre femmes iraniennes -vous les avez entendues dans la matinale lundi- et exprimait haut et fort son soutien au soulèvement des jeunes femmes -et des hommes- d’Iran pour la liberté.

Quelles que soient les raisons pour lesquelles Emmanuel Macron a choisi de s’engager, ce geste fait de la France un bouc émissaire idéal, l’agent étranger, pour expliquer l’ampleur des manifestations, même si personne n’est dupe. Mais l’explication conjoncturelle ne suffit pas.

Le problème tient aussi à l’évolution des rapports entre l’Iran et le monde ces dernières années, et à la place que la France y occupe. En 2015, l’Iran signait avec les États-Unis, les Européens, la Russie et la Chine, l’accord nucléaire qui prévoyait la fin du programme militaire iranien, et la levée des sanctions. Beaucoup prédisaient alors une ouverture de l’Iran, avec le retour des échanges, du tourisme, des investissements. La population était descendue dans la rue à Téhéran pour célébrer cet accord porteur d’espoir.

Donald Trump a rejeté cet accord en 2018. Les sanctions ont repris, le programme nucléaire iranien aussi. La France a vainement tenté de recoller les morceaux, souvenez-nous du G7 de Biarritz, en 2019, lorsqu’Emmanuel Macron avait tenté d’organiser une rencontre entre Trump et le ministre iranien des affaires étrangères de l’époque, le « réformiste » Javad Zarif.

Ça ne s’était pas fait, mais la France était alors perçue comme un pays amical, malgré des réserves.

Il y a une double évolution : l’élection d’un président conservateur, Ebraim Raïssi (notre photo – Wikipedia) en Iran, et le rapprochement de Téhéran avec le camp des contestataires de l’ordre occidental. Aujourd’hui, l’Iran fournit des drones à la Russie et ne s’encombre plus de façade présentable.

Mais dans le même temps, le programme nucléaire s’est poursuivi et, selon les responsables français, le pays approche à grand pas du « seuil nucléaire », c’est-à-dire le moment où il sera en mesure de fabriquer sa bombe. Question de semaines ou de mois, dit-on à Paris.

L’Iran semble avoir fait le choix, jamais clairement exprimé autrement qu’en gagnant du temps, de foncer vers l’arme nucléaire plutôt que d’accepter de renouer avec Washington et les Occidentaux en redonnant vie à l’accord de 2015. L’exemple nord-coréen est là pour montrer qu’on n’attaque pas un pays disposant de l’arme nucléaire, c’est une assurance-vie.

Dans ce contexte, le pouvoir des mollahs réprime sans s’encombrer des protestations occidentales et des sanctions supplémentaires, il en a déjà tellement. Et dans ce contexte, il faut désigner un responsable : en ce moment, la France est le coupable idéal.

Des agents du renseignement français et des terroristes de l’Etat islamique ont été arrêtés lors des récentes émeutes en Iran

Il y a quelques jours, un responsable français a admis que certains de leurs agents sont actuellement détenus en Iran et qu’ils s’emploient à les libérer.

Une telle annonce publique a semé la confusion dans le monde des organisations de renseignement du monde, mais le petit lecteur n’a pas vraiment compris ce qui se cachait derrière une déclaration aussi révélatrice ? Aujourd’hui, le mystère a été résolu.

Le site d’information en ligne arabe – Al-Waqat rapporte que le ministre iranien de l’Intérieur, Ahmed Vahidi, a annoncé que des agents des services de renseignement français et des éléments associés à l’organisation terroriste « ISIS » avaient été arrêtés lors des récentes émeutes dans le pays.

Vahidi a déclaré hier lors de la réunion du gouvernement iranien que « les ennemis de l’Iran ont tenté par ces actions de saper la sécurité et la stabilité et d’arrêter les progrès du pays, mais ces plans ont échoué et les forces de sécurité iraniennes ont empêché d’atteindre ces objectifs malveillants ».

Vahidi a noté que lors des émeutes en Iran, des membres de plusieurs nationalités ont été arrêtés, dont des officiers du renseignement français et des terroristes d’autres nationalités qui ont joué un rôle central dans ces opérations.

JForum avec www.radiofrance.fr et Nziv

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