Le Titanic s’est heurté à un iceberg !

C’est une nouvelle ancienne, c’est vrai. Mais c’est l’image qui nous vient à l’esprit quand on voit ce qui s’est passé en ce mercredi 18 janvier en Erets Israël : cela fait déjà plus de vingt ans que la Cour suprême a augmenté sa place dans le pays, se permettant depuis lors de se pencher également sur ce que la Knesset avait décidé, et d’éventuellement, et couramment, rejeter des lois pourtant décidée démocratiquement, par un parlement élu normalement, et selon les désirata du peuple. Ceci, alors que la Cour suprême n’est pas élue, ni nommée par des instances élues, mais par une « clique » (terme hébreu consacré, pris du français – mais sans doute sans savoir ce que ce mot a de négatif) tout à fait fermée et marquée à l’extrême, hyperlibérale, anti-religieuse, post-sioniste, etc.

L’un des éléments les plus gênants dans cette instance est l’utilisation de l’appréciation intelligente des situations et des lois, afin de prendre des décisions tout à fait subjectives, la plupart du temps allant bizarrement dans la direction qui est la leur, hyperlibérale, anti-religieuse, post-sioniste, comme dit.

Et les attaques contre certaines personnes ! Actuellement, le grand drame se joue autour de Netanyahou – et de plus en plus, il s’avère que tout est cousu de fil blanc et rien ne tient la route. Mais ce n’est pas la première victime du système, loin de là. D’autres ont déjà été frappés par cette machine, comme par exemple en son temps Mena’hem Bégin, qui a fini sa carrière enfermé dans sa maison, désespéré qu’il était des poursuites personnelles auxquelles il avait droit. Plus tard on citera un ministre de la Justice, qui a lui aussi osé parler d’apporter des changements dans le système, et qui s’est vu très vite attaqué sur le plan juridique pour divers méfaits – et, une fois qu’il avait démissionné, en fin de compte, il s’est avéré que tout était faux. Ou encore notre fameux dirigeant de Shass, Arié Dérhy. En son temps, il a eu droit à divers procès, comme toujours, mais la fin de son affaire s’est assez mal terminée, si ce n’est qu’alors le rav Ovadia Yossef zatsal s’était permis d’affirmer qu’il était totalement innocent, ce qui a marqué son parti et les gens autour de lui. Avec un tel certificat de cacherouth…

En tout cas, nous ne pouvons pas réellement juger de ce cas, mais telle est la conduite générale de l’establishment fermé et polarisé qu’est l’appareil de justice local. Le présent gouvernement s’est présenté devant le public avec un projet de changement de fond des tribunaux. Le public a accepté ce plan, et l’a voté, amenant ces partis au pouvoir. Ils ne peuvent faire autre chose que d’appliquer ce projet, et en effet le ministre de la Justice, Lévin, n’a cesse de le faire avancer, avec un courage et une persévérance remarquables.

Netanyahou semblait un peu hésitant, mais finalement il se montre lui aussi comme étant fermement décidé à appliquer ces initiatives.

La Cour suprême allait-elle se laisser faire ? C’était la grande question, et la réponse a été apporté en ce jour : non.

C’est une collusion qui risque fort d’avoir d’énormes incidences dans les temps qui viennent. Netanyahou ne se laissera pas faire. Mais peut-il à présent maintenir Dérhy à la tête des deux ministères qu’il gère, alors que « l’esprit nous indique qu’il est inconcevable de le permettre », disent 10 juges sur 11 de la Cour suprême. L’esprit…

Que peut faire le gouvernement ? L’une des options consiste à nommer Dérhy vice-Premier-Ministre, et alors pour une raison ou pour une autre cette opposition de la Cour suprême ne le concerne plus, mais Netanyahou n’a pas très envie. Il a déjà soupé de vice-Premiers-Ministres. Ou encore le faire passer à la tête de la Knesset, ce contre quoi ladite instance juridique supérieure n’a pas non plus tellement à redire.

Il ne fait aucun doute qu’à présent, le gouvernement et la Knesset vont prendre rapidement le plus de mesures possibles pour réduire les droits que la Cour suprême s’est accordée et pour empêcher qu’elle continue à gérer le pays de manière absolument anti-démocratique. Mais pour l’heure, nous avons juste assisté à cette collusion entre ce navire et l’iceberg. Voyons qui va effectivement faire naufrage…