L’armée israélienne utilise de plus en plus d’engins contrôlés à distance dans la guerre qu’elle mène à Gaza. À première vue, ce bulldozer massif qui laboure un terrain cabossé près de Tel-Aviv n’a rien d’inhabituel, sauf quand on y regarde de plus près : la cabine du conducteur est étrangement vide.
À l’œuvre sur un site d’essai, le mastodonte blindé est contrôlé à distance. Depuis un an et demi, l’armée israélienne utilise de plus en plus sa version automatisée dans la bande de Gaza ou au Liban, afin de ne pas exposer ses soldats.
Des systèmes de protection antiaérienne Iron Dome et Arrow aux outils d’intelligence artificielle de détection de cibles, le recours accru d’Israël aux technologies avancées sur le champ de bataille a été richement documenté.
L’armée israélienne a commencé à utiliser des outils robotisés « il y a plus d’une décennie mais en très petit nombre », indique à l’AFP une source militaire israélienne.
Ancien officier dans l’armée britannique et chercheur au groupe de réflexion Henry Jackson Society, Andrew Fox estime que l’armée israélienne a sans doute été la première à employer des engins de combat autonomes en zone de guerre, ce qui « change le paradigme » de la guerre.
Pour John Spencer, président du programme d’études sur la guerre urbaine à l’académie militaire américaine de West Point, « c’est le futur ».
Les armées à travers le monde essaient de développer des véhicules de combat autonomes depuis des années, souligne le chercheur qui étudie l’influence des technologies israéliennes sur les armées occidentales.
« Beaucoup expérimentent (ces technologies, ndlr), mais personne n’avait encore vu un déploiement direct dans des combats modernes. C’est vraiment unique », a-t-il affirmé.
Les attaques du Hamas qui ont déclenché la guerre à Gaza en sont un bon exemple, selon Tal Mimran.
« Le 7-Octobre nous a montré que vous pouvez construire un mur (bardé de technologies) à un milliard de dollars, si vous ne patrouillez pas le long de la frontière, quelqu’un finira par s’infiltrer dans votre pays », dit-il.
« Nous ne pouvons pas ignorer la réalité (…). Nous vivons à un âge où l’intelligence artificielle fait irruption dans nos vies et c’est bien naturel qu’elle trouve également une application dans le domaine de la sécurité », ajoute-t-il.