Le rabbi de Kalov, par. Vaéth’hanan : tout est pour le bien !

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«Toi, tu as été initié à cette connaissance, que l’Éternel seul est D’, qu’il n’en est point d’autre..» (Devarim 4,35).

Au mois de Nissan 1956, la situation était tendue en Terre sainte. Le gouvernement égyptien menaçait d’éliminer les Juifs résidant en Erets Israël, et on redoutait beaucoup qu’éclate une guerre entre tous les pays arabe d’un côté, contre les Juifs résidant en Erets Israël.

À cette époque, je reçus une lettre de mon ami, rabbi Moché Sheinert zatsal, qui étudiait alors à la Yechiva de Belz en Terre sainte, où il mentionna un enseignement de ‘Hizouk de mon maître et rav, rabbi Aharon de Belz, que son mérite nous protège, lors d’un repas de Chabbath ‘Hol Hamoèd de Pessa’h, au nom de son père, rabbi Issakhar Dov de Belz. En voici le contenu :

« Nos Sages affirment (Yerouchalmi, Chevi’it) qu’au moment du rassemblement des exilés lors de la venue du Machia’h, ils se réuniront au départ sur une montagne, Amana, proche de la frontière d’Erets Israël, où ils entonneront des chants avant leur entrée en Erets Israël, comme il est dit (Chir Hachirim 4,8) : « Regarde du haut de l’Amana. »
Le rabbi voulut élucider cette idée de la récitation du chant avant l’entrée en Erets Israël. En effet, pendant la période de l’exil, nous avons le mérite d’accomplir la Mitsva d’émouna et de bita’hon de manière élevée. En dépit des nombreux malheurs et frayeurs, nous conservons notre joie et adressons des cantiques à Hachem, convaincus que tout émane du Ciel dans notre intérêt. Ce n’est en revanche pas le cas après l’entrée en Erets Israël lors de la Gueoula, où on se remplira alors de sainteté et on verra concrètement comment tout était pour le bien, et nous n’aurons alors pas de mérite. De ce fait, avant l’entrée en Erets Israël, nous souhaiterons réciter encore une fois un cantique émanant d’une émouna intacte.

« Un jour, à l’époque de Rabbi Elimélekh de Lizensk, que son mérite nous protège, un décret sévère fut prononcé contre le peuple juif, et rabbi Elimélekh investit toutes ses forces dans la prière, mais sans succès. Une nuit, il vit dans son rêve son maître, le Maguid de Mézéritch, à qui il demanda pourquoi il ne priait pas dans le ciel pour abolir le décret. Son maître lui répondit : « Si je vivais dans ce monde avec ma vision humaine, cela aurait été considéré comme un malheur, et dans ce cas, j’aurais été en mesure de prier, mais là où je suis, dans le monde supérieur, je vois que tout est pour le bien. » »

Ce principe s’applique également aux malheurs de la période précédant la venue du Machia’h, qui ressemblent aux douleurs de l’enfantement que l’on traverse, mais qui débouchent sur un grand bienfait. Le rabbi de Berditchev interprète ainsi ce passage des Kinoth : « L’arrivée vers Tsion ressemble à une femme et ses contractions » : les souffrances que nous éprouvons pendant l’exil sur la destruction de Tsion sont comparables aux douleurs de l’enfantement, lorsque la joie règne même du sein de la douleur, sachant qu’au final, cela débouchera sur une grande bénédiction. De même, par le biais d’une purification de nos âmes par les souffrances de l’exil, nous méritons un Tikoun (rectification) et la construction du Beth Hamikdach.

Dans cette perspective, il interprète le texte de la berakha du Yotser de Chabbath : Efess biltékha goalénou limot Hamachia’h : aujourd’hui, seul Hachem sait comment, du Ciel, on orchestre les épreuves en période d’exil, qui feront venir le Machia’h, et au moment de sa venue, cette connaissance sera dévoilée à tous.

À ce sujet, nous découvrons dans le Talmud Yerouchalmi (Chekalim 23) que Na’houm Ich Gamzou tomba gravement malade et tout son corps s’emplit de peste. Lorsque rabbi Akiva vint lui rendre visite, ce dernier lui demanda : « Malheur à moi qui te vois dans cet état » et Nahoum Ich Gamzou le réprimanda en ces termes : « Pourquoi donnes-tu des coups de pied aux souffrances ?! » À ce sujet, mon vénérable ancêtre et maître, rabbi Its’hak Eizik de Komarna, dans son commentaire Pené Zaken sur le Talmud Yerouchalmi, explique qu’il se mit en colère pour son usage du terme «malheur», car par ce commentaire, il laissait entendre que les épreuves sont négatives, alors qu’en réalité, elles ne sont qu’une manifestation de compassion et de bonté, et il faut les accueillir dans la joie.

À ce sujet, les philosophes anciens ont fait fausse route dans leur théorie soutenant que le monde était dirigé par deux entités, l’une qui agit pour le bien et la seconde, pour le mal. Ils étaient d’avis qu’il est impossible pour une entité dotée de l’attribut de miséricorde d’agir mal. Mais en vérité, le mal n’existe pas, et tout est pour le bien, et de Lui, loué soit-Il, ne peuvent émaner de maux.

Lorsqu’on interrogea un Tsadik comment il réussit à se renforcer après les ravages de la Shoah en Europe, alors que toute sa famille avait été tuée al Kiddouch Hachem, il répondit : « Au moment où nous acceptons sur nous le joug divin, nous disons : « Chema Israël », Hachem, le Nom qui fait allusion à l’attribut de compassion de Hachem, et Elokénou – le Nom qui fait allusion à l’attribut de rigueur de Hachem, Hachem E’had ne sont en réalité qu’un seul attribut de compassion. C’est la raison pour laquelle nous nous couvrons les yeux au moment de réciter ce verset, en allusion au fait que dans ce monde, nous n’avons pas le mérite de le voir, mais nous y croyons. »

D’après ce principe, nous pouvons interpréter ce passage à propos de la génération du désert, lorsque Moché Rabbénou s’adressa au peuple d’Israël : « Toi, tu as été initié à cette connaissance » : vous avez pu constater par le biais des bienfaits qui ont découlé des maux, comme le pillage d’Égypte que vous avez reçu du fait que vous avez été poursuivis, « que l’Éternel seul est D’ » : l’attribut de compassion se trouve caché parmi les choses qui semblent émaner de l’attribut de rigueur, et ainsi « qu’il n’en est point d’autre..» : il n’y a pas, que D.ieu préserve, deux entités comme le prétendaient les philosophes de manière erronée.

Dans le même esprit, nous pouvons interpréter les propos de la Haftara de ce Chabbath : « Na’hamou na’hamou ‘ami yomar Elokékhem – Consolez-vous, consolez-vous, Mon peuple, dira votre D’  » : la émouna dans Hachem votre D’ vous dira toujours : « Na’hamou, Na’hamou », car par le biais de la émouna, même ce qui semble un malheur vient en réalité de Hachem, qui est notre D’, et tout ce qu’Il fait est pour le bien. On mérite ainsi une double consolation, sachant que l’on ne nous prodigue aucun mal, et que cela vient du Ciel pour nous prodiguer encore plus de bien qu’avant.

Chabbath Chalom !

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