« Tout ce qui touchera à l’autel deviendra saint » (Chemoth 29,37).
On raconte que le Ba’al Chem Tov partit un jour avec ses élèves en calèche, et leur demanda de s’arrêter devant une maison. Il leur dit : « Allons observer un Juif préparer des Matsoth de Mitsva. »
Ils se postèrent devant la fenêtre et observèrent un villageois avec son épouse qui préparaient une pâte, qu’ils étalèrent ensuite en Matsoth. Au terme des préparatifs, ils déposèrent les Matsoth sur le lit, et l’homme dit à son épouse : « Je vais maintenant allumer le four. »
Les élèves s’étonnèrent : « Pourquoi leur rav leur montrait-il une telle cuisson de Matsoth qui n’était pas réalisée selon la Halakha ? En effet, la pâte était au repos trop longtemps sans être travaillée et risquait de fermenter. Aussitôt, le Ba’al Chem Tov mit ses mains devant ses yeux, et une scène prodigieuse se dévoila à eux : des anges célestes descendaient du Ciel et frappaient de leurs ailes les Matsoth, afin qu’elles ne fermentent pas jusqu’à ce que le four soit chaud.
Le Ba’al Chem Tov leur expliqua que dans le Ciel, on avait remarqué l’intégrité de ce Juif, comme il était désireux de respecter la Mitsva de Matsa avec une grande innocence. Or, comme c’était un villageois ignorant, il ne savait pas qu’il est interdit de laisser les Matsoth reposer, et du Ciel, on eut pitié de lui afin qu’il ne n’enfreigne pas un interdit de ‘Hamets et on lui envoya des anges pour surveiller les Matsoth.
Cette protection céleste pointée du doigt par le Baal Chem Tov à ses élèves est indispensable également pour cette Mitsva réalisée par des Talmidé ‘Hakhamim, comme l’affirme rabbi Ouri de Sterlisk zatsal : « Lorsque l’eau se mélange à la farine, il est très difficile que rien ne fermente, mais lorsque Hachem remarque qu’un Juif a l’intention de préparer des Matsoth dans la sainteté, pour accomplir la Mitsva de Matsa, dans ce cas, Hachem envoie des anges du Ciel qui surveillent que la pâte ne fermente pas. »
Ce principe s’applique à toutes les Mitsvoth, comme l’affirme le Maharcha (Makoth 10b) : c’est la raison pour laquelle nos Sages disent : « Dans la voie qu’un homme veut suivre, on l’y conduit », le pluriel est employé ici (Molikhin) et non : Molikh oto Hakadoch Baroukh Hou, car on vise les anges créés par l’effort de l’homme, doublé de sa bonne volonté, qui l’aident à suivre la voie du bien.
Ce principe est encore plus pertinent pour les grandes épreuves de notre époque, liées à la sainteté, car selon les voies de la nature, l’homme ne peut complètement s’en préserver. Même parmi les non-Juifs conservateurs se trouvent des personnes qui dénoncent la terrible destruction d’Internet qui fait des ravages au niveau du corps et de l’esprit chez les enfants, mais n’ont pas d’idée pour s’en préserver.
En l’absence d’aide divine, impossible de surmonter les épreuves, comme l’indiquent nos Sages (Kidouchin 30b) : si Hachem n’aidait pas l’homme, il ne pourrait maîtriser son mauvais penchant. Mais tout Juif qui cherche à se purifier, qui s’évertue à affronter les épreuves en respectant les barrières érigées par nos Sages, bénéficie de cette promesse (Yoma 38b) : « Celui qui cherche à se purifier est aidé. »
Dans cette optique, le Or Ha’haïm Hakadoch (dans Vayikra 11,44) et le Alchikh (Vayikra 20,7) interprètent ce verset : « Vous devez vous sanctifier et demeurer saints » : si vous faites votre part d’efforts pour vous préserver dans la sainteté, Hachem vous promet que vous serez saints, car Il vous protègera également des épreuves auxquelles vous ne pensez pas vous protéger.
De ce fait, même si, d’après les lois de la nature, il est impossible de totalement se protéger, l’homme doit néanmoins déployer tous les efforts possibles en ce sens, comme l’explique rabbi Baroukh de Mézibouz zatsal : le verset (Chemoth 2,5) indique que la fille de Pharaon étendit son bras vers le berceau de jonc où se trouvait Moché Rabbénou, même si elle avait vu qu’il était très loin, pour nous montrer que même lorsqu’il nous paraît totalement impossible d’accomplir une certaine Mitsva, on commencera néanmoins à faire ce qui est en notre pouvoir, et Hachem, loué soit-Il, nous aidera à la finir, à l’instar de la fille de Pharaon dont le bras s’allongea miraculeusement.
À ce sujet, nos Maîtres citent (Chir Hachirim Rabba 5,3) cette parole de Hachem : « Faites-Moi une ouverture de la taille d’un chas d’une aiguille et Je vous ferai une ouverture de la taille d’un palais. » Ce principe s’applique uniquement lorsque l’homme s’efforce au maximum, à l’instar de quelqu’un qui perce un mur épais à l’aide d’une aiguille perforante.
Lorsqu’il y a de grandes épreuves, on a droit à une aide divine même sans déployer de grands efforts, comme l’explique rabbi Baroukh de Mézibouz sur le verset (Chemoth 12,23) : « Hachem passera devant la porte » : au moment de la sortie d’Égypte, alors qu’ils étaient plongés dans les 49 portes d’impureté, Hachem passa devant les portes de ceux qui auraient dû faire un effort pour mériter l’aide divine, mais les délivra néanmoins de l’Égypte sans cela.
Rabbi Yéhochoua de Belz, que son mérite nous protège, affirme qu’à notre époque, nous n’avons même pas la force de créer une ouverture de la taille du chas d’une aiguille. Rabbi Noa’h de Loubavitch affirme à ce sujet, à qu’à notre époque, il faut avoir à l’esprit l’interprétation de la prière de Roch Hachana : « Qui ouvre la porte à ceux qui frappent en faisant Téchouva » : Hachem ouvre grand la porte même à ceux qui se contentent de frapper à la porte.
Nous pouvons ajouter qu’à notre époque précédant la venue du Machia’h, alors que les forces de l’impureté ont beaucoup augmenté et les forces de la sainteté nettement diminué, celui qui se contente de toucher le portique de la sainteté en s’imposant des restrictions, en plaçant par exemple un filtre sur son appareil, mérite de bénéficier de cette promesse de nos Sages (Yoma 39a) : « Si un homme se sanctifie quelque peu ici-bas, on le sanctifie beaucoup dans le ciel. »
Nous pouvons ainsi interpréter notre verset : « Tout ce qui touchera à l’autel » : toute personne qui se contente de toucher au service de l’autel du sacrifice du Yétser Hara « deviendra sainte » : elle bénéficiera d’une grande sanctification du Ciel.
Chabbath Chalom !