« De Hor-la-Montagne, vous la continuerez jusqu’à Hamath, d’où la démarcation aboutira à Tsdada » (Bamidbar 34,8).
Nous vivons une époque où la colère se répand et s’accroît dans le monde entier. De nombreux résidents sont furieux contre leurs gouvernements et de nombreux politiciens affichent une grande colère et s’expriment avec courroux, afin de rallier ceux qui s’identifient à ce trait de caractère.
À notre grand regret, nous constatons également à notre époque, que les cas croissants de querelles entre employeurs et employés conduisent à une augmentation des licenciements ; entre maris et femmes, on assiste à une augmentation des divorces, et entre parents et enfants – ainsi qu’entre maîtres et élèves – ces tensions conduisent un nombre croissant d’enfants à quitter le droit chemin.
La raison principale de cet accroissement de la colère est l’orgueil : en effet, l’orgueil entraîne l’homme à chercher des coupables pour ses propres failles, et à déchaîner sa colère contre eux. Les hommes arrogants ont également le sentiment qu’on ne leur accorde pas le respect qui leur est dû.
L’orgueil et la colère conduisent à la controverse, comme nous l’enseignent nos Sages (Sota 47b) : « Depuis que les tensions se sont intensifiées, les controverses se sont multipliées au sein du peuple d’Israël. » Celui qui se fait happer par le Yétser Hara’ de l’arrogance, estime que dans tous les domaines, il est situé à un niveau supérieur aux autres. De ce fait, il s’évertue à rabaisser tous les autres en leur trouvant uniquement des défauts, allumant ainsi la flamme de la controverse et de la haine gratuite.
À notre époque, les controverses sont de plus en plus présentes. Ainsi la Guemara (Sanhédrin 97a) indique qu’avant la venue du Machia’h, le Satan déploie d’intenses efforts afin que des groupes d’hommes se conduisent comme des troupeaux de bêtes sauvages qui se battent toujours l’un contre l’autre. Chacun d’eux prétend détenir la vérité et dénigre son adversaire.
Cette omniprésence de la colère et des controverses détruit la vie de nombreux individus et familles. Comme l’enseignent nos Sages (Nedarim 22a) : « Toute personne qui se met en colère est dominée par plusieurs formes d’enfer. » Nos Maîtres commentent que par le biais de la colère, l’enfer domine l’homme dans toutes sortes de domaines, même dans ce monde, car la colère mène à l’erreur. Tout homme qui se met en colère, même s’il est intelligent, perd son intelligence et son bon sens. Il peut crier, humilier ou frapper comme un idiot. Ensuite, lorsqu’il remarque la sottise qu’il a faite, il s’énerve et se met encore plus en colère et accuse les autres, et commet une nouvelle erreur, etc. Il s’attire de nombreux ennemis et se rend méprisable aux yeux des hommes, et n’obtient pas ce qu’il désire : protéger son honneur et sa position. C’est à son sujet que nos Sages (Kidouchin 41a) s’expriment : il ne reste à l’homme irritable que son irritation.
La colère entre un homme et son épouse est très destructrice ; c’est un facteur de divorce qui entraîne des malheurs ; toute leur vie est détruite, surtout celle des enfants qui souffrent beaucoup. La colère des parents ou enseignants contre leurs enfants est très problématique et destructrice. Les enfants ne développent pas leurs talents, mais exploitent leurs ressources pour le mensonge et pour se lier d’amitié avec de mauvaises fréquentations. Cela explique beaucoup de cas d’enfants qui sont sur une pente glissante à notre époque.
De même, nos Sages nous ont mis en garde (Guitin 7a) : le Yétser Hara’ s’évertue à déclencher la colère de l’homme qui doit énumérer les tâches à préparer la veille de Chabbath dans son foyer : il devra donc parler à sa famille avec douceur pour être écouté, comme il est dit (Kohéleth 9,17) : « Les paroles des sages dites avec douceur sont mieux écoutées. »
Lorsqu’on adresse une remontrance avec colère, elle n’est pas acceptée. À ce sujet, nos Sages affirment (Avoth 2,5) : un homme impatient ne peut enseigner. Dans le Séfer ‘Hassidim figure un récit sur un Sage qui prescrivit de faire appel à un nouvel enseignant en pleine année, ayant constaté que l’enseignant actuel était colérique.
Rabbi ‘Haïm Vital, dans son ouvrage, explique que lorsqu’il enseigna à son frère et qu’il n’étudia pas comme il le souhaitait, le Ari zal le mit sévèrement en garde d’éviter de se mettre en colère contre lui. Ainsi, rabbi ‘Haïm Vital indique, en préface à son ouvrage Ets ‘Haïm : même lorsqu’un homme adresse des remontrances à ses enfants, il ne se mettra pas en colère.
À ce sujet, le Rambam (Déoth 2,3) affirme que l’homme doit s’éloigner de la colère jusqu’à l’extrême et éviter la colère même pour un sujet qui devrait la susciter. S’il veut imposer la crainte à ses enfants et sa famille pour qu’ils reviennent sur le droit chemin, il fera mine de se mettre en colère, mais il ne le sera pas en son for intérieur.
Mon vénérable ancêtre, rabbi Tsvi Elimélekh de Dinov zatsal, écrit que malgré les textes de nos anciens stipulant que pour réprimander nos enfants, il est permis de faire mine d’être en colère, il faut néanmoins être très prudent à cet égard, car on risque d’infiltrer cette colère dans notre cœur.
C’est à ce sujet que le verset nous met en garde : « De Hor-la-Montagne » : qui s’enorgueillit comme une montagne élevée, « vous la continuerez jusqu’à ‘Hamath » : vous en arriverez à la colère (‘Hama signifie colère), « d’où la démarcation aboutira à Tsdada » : vos ancêtres dévieront de la voie de la vertu en s’écartant de la limite de la sainteté, que D’ préserve.
Chabbath Chalom !