Sur la parachath Michpatim – les souffrances sont parfois dues à diverses réincarnations de l’âme.
« Et voici les statuts que tu leur exposeras » (Chemoth/Exode 21,1).
Illustration : le numéro de Kountrass consacré aux Guilgoulim !
Nous voyons parfois de jeunes enfants qui n’ont pas goûté à la faute subir d’intenses souffrances, ou qui sont assassinés, que D’ préserve, et une question se pose : quelle est la faute qu’ils ont commise ?
La réponse à cette question est longuement développée dans l’ouvrage sacré Cha’ar Haguilgoulim (rabbi ‘Haïm Vital) : ces âmes ont vécu autrefois dans un autre corps à une époque antérieure, mais n’ont pas mené à bien la mission qui leur était assignée dans le tribunal céleste, et il a été décidé de les renvoyer dans ce monde dans un autre corps, pour leur donner une occasion d’effectuer une réparation, en subissant des souffrances pour leurs fautes.
À ce sujet, l’auteur de l’ouvrage Devarim Arévim mentionne un récit extraordinaire : le Ba’al Chem Tov se rendit un jour dans la capitale du royaume où une femme l’aborda et lui demanda de prier pour la guérison de son bébé gravement malade. Mais quelque temps plus tard, le bébé quitta ce monde. La femme, affligée, se mit alors à crier sur le Ba’al Chem Tov pour avoir échoué de guérir son enfant.
Le Ba’al Chem Tov lui répondit : « Ce bébé était, lors de sa première incarnation sur terre, un fils de roi, et son père, le souverain, engagea un enseignant qui était un marrane d’Espagne, qui servait Hachem de tout cœur en secret et étudiait la Tora. Cet enfant, fils du roi, observa son maître et découvrit que parfois, il s’enfermait et étudiait. Il l’aborda indirectement et lui dit : « Si tu n’étudies pas également avec moi ce savoir, je le dévoilerai à mon père et tu seras mis à mort à cause de ta religion.» L’enseignant étudia avec le fils du roi la Tora divine, jusqu’à ce que de dernier désire se convertir.
Il partit au loin, se convertit et devint un juste parfait. Mais à son décès, il ne fut pas en mesure d’atteindre les plus hautes sphères du jardin d’Eden, du fait que sa conception et sa naissance n’avaient pas été effectuées dans la sainteté. La sentence fut annoncée : il devait redescendre sur terre à nouveau. Il naquit dans un foyer juif, et rectifia le nécessaire. Lorsque la mère de l’enfant entendit ces propos du Ba’al Chem Tov, elle s’apaisa. Elle comprit qu’il était bon pour l’âme du bébé de retourner dans le jardin d’Eden après avoir mené sa mission à bien dans ce monde.
On raconte aussi qu’à l’époque du décret des cantonistes en Russie, où l’on arracha des enfants à leurs parents pour les recruter dans l’armée du tsar, des Tsadikim adressèrent des prières pour abolir ce décret. Mais on leur découvrit du Ciel que ces enfants étaient des réincarnations de voyous qui vivaient à l’époque du second Temple qui se livrèrent à l’armée qui combattit les Romains, s’opposant à l’avis des Sages. Ils furent ainsi punis en revenant sur terre en étant enrôlés de force dans l’armée du tsar.
C’est l’une des raisons d’un phénomène que l’on observe à toutes les époques : même si le respect des Mitsvoth assure à l’homme une belle vie déjà dans ce monde, il existe également des situations où un Tsadik a une vie remplie d’épreuves. De nombreux grands Tsadikim, dotés d’immenses mérites, ont subi de graves maladies et souffrances.
De même, des Tsadikim ont également été les victimes de tortures et d’assassinats cruels, comme à l’époque de la destruction du premier et du second Temple, lors des Croisades et récemment, lors de la terrible Shoah.
Lorsqu’on observe de tels malheurs, il nous importe de retenir ce principe mentionné dans les ouvrages sacrés : même ces malheurs ont pour origine notre Père compatissant, qui envoie parfois des souffrances même aux Tsadikim, afin qu’il en ressorte un grand bienfait d’après les calculs divins. Souvent, le bienfait consiste à réparer un tort causé par l’âme lorsqu’elle se trouvait dans le corps d’une autre personne dans un Guilgoul (réincarnation) précédent. Un Mekoubal dévoila par exemple que Iyov, un homme vertueux qui craignait D’, subit des souffrances pour expier les fautes réalisées dans un Guilgoul antérieur, lorsqu’il était Téra’h, père d’Avraham Avinou.
Le Ba’al Chem Tov relate que dans une ville d’Europe de l’est, un Tsadik dévoila à ses propres la racine de son âme : il était à l’époque du Temple à la tête du Sanhédrin et s’était vanté de ses connaissances en Tora. Lorsque le prophète Zacharie avait annoncé la destruction du Temple, il le frappa au visage et lui dit : « Tu es un ignorant qui fait des prophéties » et en raison de son geste, d’autres hommes se jetèrent sur Zacharie et le tuèrent. Le Tsadik conclut qu’en raison de cette faute, il avait été puni en revenant plusieurs fois dans ce monde, et à chaque fois, il se faisait assassiner, et cette fois-ci aussi, il s’apprêtait à être tué dans des circonstances étranges. Après avoir achevé son Tikoun, il pourra entrer au jardin d’Eden, et il prescrivit qu’on inscrive sur sa Matséva : « Ici est enterré l’homme qui a assassiné le prophète Zacharie. » Ses proches procédèrent de cette façon.
C’est de cette manière que j’interprète les propos du roi David (Tehilim 139,5) : « Tu me serres de près derrière et devant » : Tu m’as créé un corps plus d’une fois, et je le considère pour moi : « et Tu poses sur moi ta main » : comme si Tu posais ta main sur moi pour me bénir, car Tu m’as accordé une nouvelle occasion de purifier mon âme et d’être béni au jardin d’Eden. Cette pensée nous permet de rester joyeux même dans des situations difficiles, en ayant à l’esprit que tout est pour le bien.
De ce fait, les Juifs croyants n’ont pas besoin de thérapies en période de difficulté. Cette idée se retrouve dans le verset de notre Paracha de la semaine : « Et voici les statuts » : les jugements émanent du tribunal céleste, qui prescrivent à des âmes de revenir dans ce monde, dans leur intérêt, comme l’explique le Zohar Hakadoch sur ce verset : ici, D’ annonce à Moché Rabbénou les lois sur les réincarnations des âmes. À ce sujet, le Saint béni soit-Il lui dit : « que (Acher) » : le terme Acher est de la même racine que Ocher, le bonheur « tu leur exposeras » : tu exposeras aux Bené Israël les connaissances sur les Guilgoulim. Ils ne sombreront pas dans la tristesse lorsqu’ils observeront des sentences sévères, mais vivront toujours dans le bonheur et la sérénité.
Chabbath Chalom !