Par hassidout
Dans les années 1960, à Tunis, un moment rare de rencontre et d’espoir traversait la communauté juive. Le rav Nissan Pinson, envoyé de New York, arrivait alors comme un messager de renouveau, porteur d’une vision d’engagement et de transmission Tora. Son accueil, empreint de respect et de curiosité, raconte plus qu’une simple visite : c’était la promesse d’un avenir communautaire renouvelé, où l’étude et la tradition continueraient de rayonner.
Par Yosseph Stioui
En 1960, j’ai assisté à Tunis au premier contact du rav Nissan Pinson ztsl avec la communauté.
Après la Tefila de Chabbath, qui se terminait aux alentours de 11h à la synagogue Slat Rebbi David Perez, je rentrais avec mon père à la maison pour un Kidouch rapide, avant de repartir vers une autre synagogue, Slat Fellous. Là-bas, rebbi ‘Haïm Assueid ztsl * donnait un chiour sur les Neviim. Cela consistait à répéter tous ensemble après lui, passouk après passouk, une quinzaine de versets, sur l’air merveilleux des Neviim. Suivaient ensuite des explications d’une quinzaine de minutes. Ce chiour durait jusqu’à Min’ha Guedola. Tout le monde l’écoutait avec beaucoup d’attention. Les femmes étaient placées d’un côté et les hommes de l’autre.
Un jour, rebbi ‘Haïm interrompit soudainement son discours et regarda vers la porte. Les gens firent de même. Le rav Pinson se tenait là, immobile, impeccablement vêtu, avec une « Hadrat Panim » rayonnante. Tout le monde se leva. Rebbi ‘Haïm lui fit signe de s’approcher. Dans cette synagogue comble, les gens lui frayèrent un chemin. Rebbi ‘Haïm le fit asseoir à sa droite et donna quelques explications à l’assemblée, impatiente de savoir qui il était et d’où il venait. En substance, il expliqua que le rav Pinson avait été envoyé de New York pour résider à Tunis, dans le but de contribuer à l’avancement de la communauté dans l’étude de la Tora et des Mitsvoth. Il avait l’intention d’ouvrir une école, une Yechiva, une synagogue, etc. Rebbi ‘Haïm invita chacun à lui apporter son soutien, selon ses moyens, et à répondre favorablement à ses requêtes, soulignant que la communauté avait besoin de personnes comme lui.
(Je ne comprenais qu’un mot sur quatre en arabe, mais mon père, zl, me traduisait.)
Après la Tefila, les commentaires allaient bon train autour de cet événement. Tout le monde manifestait un sentiment de fierté à l’idée que les Juifs de New York s’intéressaient à nous et à notre communauté.
J’ai également eu l’occasion d’observer des conversations entre rebbi ‘Haïm et rabbi Nissan après Min’ha, à la synagogue de la rue de la Loire. Le respect mutuel avec lequel ils se parlaient forçait l’admiration.
*Rebbi ‘Haïm Assueid a été le secrétaire de trois Grands rabbins de Tunisie successifs.
La Hiloula du rav Pinson tombe en cette veille de ‘Hanoucca