Le Point déforme une résolution de l’ONU pour justifier le « droit au retour » des Palestiniens

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Dans un article sur la conférence de Bahreïn autour du « plan Trump sur le Proche-Orient », Armin Arefi explique qu’en réduisant l’aide versée à l’UNRWA aux « réfugiés palestiniens », « l’administration Trump entend revenir sur la définition de leur statut et donc, leur potentiel « droit au retour » ».

A l’appui de cette analyse, le journaliste du Point – qui, il est vrai, n’est pas le premier à le faire – transforme complètement la teneur le la résolution 194 passée par l’ONU en 1948.

Voici les mots choisis par Armin Arefi pour laisser entendre que le « droit au retour » palestinien est garanti par l’ONU.

Une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU en 1948 autorise les réfugiés palestiniens et leurs descendants à retourner sur les terres dont ils ont été expulsés en 1948 lors de la première guerre israélo-arabe.

Tout lecteur non informé qui parcourt ces lignes ne peut que penser qu’Israël est en violation des règles internationales en refusant le « retour des réfugiés palestiniens ».

Sauf que ce paragraphe est un véritable travestissement du texte de l’ONU.

La résolution 194 dont il est question a été votée le 11 décembre 1948, à l’approche de la fin de la guerre déclenchée par les pays arabes voisins d’Israël. L’ONU avait proposé en 1947 un plan de partage de la Palestine sous mandat britannique en deux Etats, l’un juif et l’autre arabe. Les Juifs acceptèrent le plan, ce qui aboutit à la création de l’Etat d’Israël ; les Arabes le refusèrent et attaquèrent Israël dès le lendemain de son indépendance en 1948. La « première guerre israélo-arabe » fut en ce sens plutôt « arabo-israélienne », puisque ce sont les pays arabes voisins qui la déclenchèrent.

La résolution 194 comportait 15 articles établissant une « commission de conciliation sur la Palestine » et portant sur des points à résoudre à l’issue de la guerre, tels que par exemple l’accès aux lieux saints ou le contrôle de Jérusalem par l’ONU.

Seul l’article 11 parlait des réfugiés. Il y était écrit que :

[L’Assemblée générale] décide qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les Gouvernements ou autorités responsables ;

Donne pour instructions à la Commission de conciliation de faciliter le rapatriement, la réinstallation, et le relèvement économique et social des réfugiés, ainsi que le payement des indemnités, et de se tenir en liaison étroite avec le Directeur de l’Aide des Nations Unies aux réfugiés de Palestine, et, par l’intermédiaire de celui-ci, avec les organes et institutions appropriées de l’Organisation des Nations Unies.

Selon Armin Arefi, la résolution concernait « les réfugiés palestiniens et leurs descendants ». Mais le texte de l’ONU ne parlait que des « réfugiés qui le désirent ». Il ne parlait pas de réfugiés palestiniens (ou arabes, puisqu’en 1948 les Arabes de Palestine ne s’identifiaient pas encore comme des Palestiniens) mais concernait tous les réfugiés (ce qui pouvait englober aussi bien les Arabes ayant fui que les Juifs chassés par exemple de la partie orientale de Jérusalem conquise par la Jordanie).

Nulle part il n’était question, dans cette résolution, d’un « droit au retour pour les Palestiniens » – lesquels n’ont pas, dans leur immense majorité, été « expulsés » en 1948 comme le prétend le journaliste du Point mais ont plutôt fui les combats à l’instigation notamment de leurs leaders qui leur avaient promis un retour rapide après l’élimination des Juifs.

Le texte parlait de compensations à payer par « les Gouvernements ou autorités responsables », ce qui pouvait s’appliquer à un camp comme à l’autre. Israël n’est même pas mentionné une seule fois dans la résolution 194, que tous les pays arabes ayant participé au vote (Egypte, Irak, Liban, Arabie Saoudite, Syrie, Yémen) rejetèrent d’ailleurs !

On ne trouve guère plus de mention des « descendants des réfugiés » dans la résolution. Il s’agit là de l’extrapolation réalisée pus tard par l’ONU pour maintenir artificiellement sous tutelle les descendants des réfugiés arabes de la guerre de 1948 à travers la seule agence onusienne dédiée aux réfugiés d’un conflit particulier, l’UNRWA (tous les autres réfugiés du monde étant pris en charge par le HCR et ne transmettant pas leur statut à leurs descendants).

Les « plus de 5 millions de réfugiés palestiniens » pris en charge par l’UNRWA dont parle Armin Arefi dans son article sont, pour leur écrasante majorité, les descendants de réfugiés de 1948. Leurs ancêtres, véritables réfugiés, ne sont plus que quelques milliers à être encore vivants (aucun ne peut avoir moins de 70 ans). Si Donald Trump a coupé les fonds à l’UNRWA, c’est précisément parce qu’il s’opposait à une organisation qui servait une « communauté grandissant sans fin et de façon exponentielle ».

L’invocation d’une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU est de toute façon à manier avec précaution. Ce type de résolution « n’a pas de valeur juridique contraignante en droit international public contrairement aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ». Oui, c’est technique… Mais c’est fondamental.

Alors que les pays arabes s’étaient opposés à l’époque à cette résolution sans doute trop conciliante à leurs yeux, ce n’est donc que des années plus tard que les propagandistes de la « cause palestinienne » la récupérèrent pour prétendre contre toute évidence qu’elle forgeait un droit international au « retour des réfugiés palestiniens » supposément violé par Israël. Ce subterfuge se retrouve dans les colonnes du Point, dont les lecteurs venus s’informer sur les problèmes stratégiques du Moyen-Orient sont exposés à une version réécrite de l’histoire.

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