Vitali Klitschko (notre photo) dit depuis la capitale ukrainienne assiégée: « Ce qui se passe est une catastrophe non seulement pour l’Ukraine – mais aussi pour l’Europe, nous entendons des alarmes dix à vingt fois par jour, et certains habitants sont dans des abris depuis deux semaines. »
Be’hadré ‘Harédim – Israël Lefkowitz
Le maire de la ville assiégée de Kiev, Vitaly Klitschko, est un dur à cuire, un boxeur plusieurs fois champion du monde des poids lourds. Aujourd’hui, il mène la bataille de sa vie contre le géant russe : depuis son bureau dans la capitale ukrainienne, il a partagé des détails sur la situation et a envoyé un message au président russe à Moscou : « Vous avez commis une grave erreur , et vous allez payer un prix douloureux pour cela. »
Klitschko (50 ans) dans l’un des rares moments libres qu’il a entre les bombardements et la gestion d’une ville assiégée, déclare : « Nous entendons des alarmes dix à vingt fois par jour, et nous certains habitants sont dans des abris depuis deux semaines. Une grande partie de nos concitoyens n’imaginaient pas qu’ils allaient porter des armes : médecins musiciens, acteurs. Ils ont vêtu l’uniforme, prêts à défendre la ville et le pays. »
Klitschko sait que son temps est limité et qu’il vit peut-être ses derniers jours, mais il reste optimiste et semble s’être entraîné toute sa vie pour ce moment. « C’est une tâche difficile, mais nous n’abandonnons pas. Les Russes veulent nous voler notre avenir et faire de nous des esclaves. L’Ukraine a toujours été un état de paix, et maintenant nous devons nous défendre. La raison de la guerre est très simple. Nous avions l’idée de faire partie de la famille européenne, nous voulions construire un État moderne et démocratique. Mais Poutine considère l’Ukraine comme faisant partie de l’Empire russe. »
L’une des graves préoccupations concerne les espions russes, qui pourraient se cacher et chercher à abattre des dirigeants ukrainiens, comme cela s’est produit il y a quelques jours avec Dennis Kirib, un membre de la délégation ukrainienne qui a été retrouvé abattu dans des circonstances douteuses. Beaucoup de questions sans réponse et la menace des espions entrainent des conduites paranoïaques.
Pendant ce temps, malgré trois rounds de pourparlers entre les délégations ukrainienne et russe, Klitschko ne croit pas aux négociations et affirme que les tentatives de cessez-le-feu, ainsi que les couloirs humanitaires, sont de la « propagande russe ». Nous essayons depuis trois ou quatre jours de maintenir les « couloirs humanitaires. Il n’y a ni nourriture ni eau. Les Russes promettent de laisser le passage – mais ne font rien. »
Klitschko explique en outre qu’il y a le problème de la propagande interne russe : « Ils expliquent à leur peuple qu’en Ukraine il y a des nazis, des fascistes et des radicaux, et que la Russie protège le peuple ukrainien. En pratique, ce qui se passe maintenant, c’est que les Russes ont eux tué 10 000 personnes. Nous n’avons aucun moyen de quantifier le nombre exact de victimes. Des millions de gens ont quitté leur foyer. C’est une catastrophe non seulement pour l’Ukraine mais aussi pour l’Europe ».
A la fin de son discours, Klitschko dit que « la Russie a feint d’être un Etat du monde moderne, mais suit en fait les modèles de l’empire soviétique. Poutine, qui est un ancien officier du KGB, a une mentalité soviétique. Sa vision est celle du passé. L’époque soviétique fait partie du passé. »
