Le Hezbollah a perdu la guerre sans pouvoir l’admettre

0
30
Une énorme faillite : le Hezbollah ne l’admettra pas, mais il a perdu la guerre

Dans une interview accordée à Maariv, le professeur Amatzia Baram explique la profonde crise que traverse le Hezbollah sur les plans politique, social et sécuritaire. Il révèle : « Israël a réussi à saper la base de soutien social de l’organisation, à miner le moral de ses membres et à provoquer des divisions. »

Les récentes opérations militaires menées par l’armée israélienne au Liban ont créé une situation complexe et difficile dans le pays, affectant la société, la politique et la sécurité.

La communauté chiite sous pression

Au cœur de cette situation, la communauté chiite, principal soutien du Hezbollah, subit des pressions internes et externes. Dans une interview approfondie avec le professeur Baram, expert en Moyen-Orient, il décrit l’impact multidimensionnel de la pression israélienne sur le Hezbollah.

« Les chiites du Liban subissent une pression qu’ils n’ont jamais connue auparavant », déclare-t-il. « Cette pression s’exerce sur plusieurs plans : social, politique et sécuritaire. Pour la première fois, on observe des fissures significatives dans la base de soutien du Hezbollah, qui constituait autrefois son pilier principal. »

Actuellement, environ 1,25 million de réfugiés, majoritairement chiites, ont quitté leurs foyers à cause des combats dans le sud du Liban, dans la plaine de la Bekaa et à Dahiya, à Beyrouth.

« Ces réfugiés chiites cherchent refuge dans d’autres régions du Liban », explique le professeur Baram. « Certains ont même traversé la frontière vers la Syrie, mais la plupart restent au Liban. Ils migrent vers des zones où les druzes, sunnites et chrétiens sont majoritaires, mais ils ne sont pas bien accueillis. Les habitants locaux voient dans les chiites et le Hezbollah les principaux responsables de cette guerre et de la crise que traverse le pays. »

Une crise sociale et économique grandissante

En plus des tensions sociales, les réfugiés chiites doivent faire face à une grave pénurie de logements. Les loyers dans les grandes villes, notamment à Beyrouth, ont flambé, augmentant parfois de deux à trois fois.

« Même lorsqu’ils trouvent un logement, ils doivent payer des prix exorbitants et vivent souvent dans des conditions précaires », ajoute-t-il.

La proximité physique entre les différentes communautés engendre des frictions. Druzes, sunnites et chrétiens accusent les chiites d’avoir entraîné le Liban dans la guerre, saboté l’économie et annihilé toute chance de stabilité. Ils considèrent que le Hezbollah combat pour Gaza, et non pour le Liban.

Cette crise sociale affecte également les rangs du Hezbollah. Les familles des membres de l’organisation ont dû fuir leurs maisons, générant une pression immense sur les militants eux-mêmes.

« Les combattants du Hezbollah savent que leurs familles n’ont nulle part où aller », affirme Baram. « Ils commencent à faire pression sur leurs commandants pour mettre fin aux combats et permettre à leurs proches de rentrer chez eux. »

Des impacts politiques et militaires

Simultanément, l’intensification des frappes israéliennes dans le sud du Liban et à Beyrouth accentue la pression. « Ces derniers jours, nous avons observé une augmentation des déplacements de population, notamment à Dahiya et dans la Bekaa », note Baram. « Plus la pression militaire israélienne s’intensifie, plus le moral et la capacité du Hezbollah à maintenir ses membres s’érodent. »

Sur le plan politique, la crise sociale et économique se traduit par des changements importants dans l’équilibre des forces. Pour la première fois, le *Courant patriotique libre*, un allié clé du Hezbollah, a annoncé son retrait de la coalition.

« Cela a marqué un tournant », déclare Baram. « Le CPL, dirigé par Gebran Bassil, a soutenu le Hezbollah pendant des années. Mais il y a quatre jours, Bassil a publiquement déclaré : *Le Hezbollah ne peut plus prétendre protéger le Liban. Celui qui ouvre un front à cause de Gaza ne le fait pas pour le Liban.* » Sur les 128 membres du Parlement libanais, 17 membres du CPL ont annoncé qu’ils ne soutiendraient plus la politique du Hezbollah.

Fractures internes et opposition croissante

Même au sein du Hezbollah, des changements dans les positions politiques reflètent la profondeur de la crise. Le secrétaire général adjoint de l’organisation, Naim Qassem, a récemment alterné entre différentes positions concernant un cessez-le-feu, montrant un désaccord interne.

« C’est la première fois que le Hezbollah semble dissocier les fronts », explique Baram. « Hassan Nasrallah, qui prônait l’unité des fronts, doit se retourner dans sa tombe. Sa politique s’effondre. »

En parallèle, les tensions communautaires augmentent. Les druzes, autrefois relativement tolérants envers le Hezbollah, expriment une opposition croissante. « Les chaînes libanaises montrent une nette augmentation de la résistance druze », observe Baram.

Chez les chrétiens, l’opposition devient ouverte et virulente. « Certains chrétiens se sont toujours opposés au Hezbollah, mais aujourd’hui, même les partis qui le soutenaient, comme le CPL, lui tournent le dos. »

Une organisation affaiblie

« La pression sur le Hezbollah est multidimensionnelle et précise », conclut le professeur Baram. « Israël a réussi à ébranler la base de soutien social de l’organisation, à saper le moral de ses membres et à provoquer des divisions politiques significatives. »

JForum.fr et Maariv

Aucun commentaire

Laisser un commentaire