- Pourquoi certains dirigeants, gouvernements et organisations internationales continuent-ils de donner l’accolade aux dirigeants du Hamas, alors que ces mêmes dirigeants viennent de rappeler on ne peut plus clairement, que leurs buts n’ont pas changé et que leur objectif unique est la destruction de l’Etat d’Israël. Oui pourquoi ?
- A la lumière des haineuses déclarations anti-israéliennes du Hamas, une autre question surgit : pourquoi les Nations Unies tentent-elles de convaincre le Hamas de participer aux élections présidentielles et parlementaires palestiniennes ?
- Erdogan et tous les autres n’ont qu’à écouter ce qu’ont déclaré les dirigeants du Hamas ces derniers jours. Ils comprendraient que ce mouvement est plus déterminé que jamais à chasser les Juifs « de toute la Palestine » et à remplacer Israël par un État islamique… Qu’est-ce qu’ils ne comprennent pas quand ils entendent « MORT A ISRAËL » ? … Auraient-ils des motivations cachées ?
Le sommet qui a réuni le président turc Recep Tayyip Erdogan et le leader du Hamas Ismail Haniyeh, a donné lieu à un seul communiqué : rayer Israël de la carte. La Turquie approuve le Hamas et soutient son programme et son idéologie. Photo : lors d’un rassemblement anti-Israël, Erdogan portait un foulard aux couleurs de la Turquie et de l’Autorité palestinienne, le 18 mai 2018 à Istanbul. (Photo de Getty Images) |
Le mouvement palestinien Hamas vient de fêter son 32ème anniversaire. Il a rappelé à cette occasion que son objectif de départ, la destruction de l’Etat d’Israël, demeurait inchangé. La charte du mouvement, rendue publique en 1988, n’a pas varié d’un iota – et vraisemblablement – ne variera jamais. Tel est le puissant message que le mouvement a adressé à ceux qui aimeraient tant croire que le Hamas s’est transformé en faction palestinienne non violente.
Cette charte, également connue sous le nom de Pacte du mouvement de la résistance islamique, affirme que « la lutte contre les Juifs est immense et très sérieuse » et qu’elle a pour but de remplacer Israël par un État islamique. « Seul le djihad (guerre sainte) peut résoudre le problème palestinien », dit la charte. « Toutes les initiatives, propositions et autres conférences internationales ne sont qu’une perte de temps. Renoncer à une partie de la Palestine signifie renoncer à une partie de la religion [l’islam]. »
Après trente-deux ans, les dirigeants du Hamas demeurent plus que jamais attachés à leur charte, surtout pour la partie qui projette de remplacer Israël par un État islamique.
Nul ne peut reprocher au Hamas d’avancer masqué. Pour le 32ème anniversaire du Hamas, les dirigeants n’ont pas mâché leurs mots.
Ibrahim Yazouri, co-fondateur du Hamas et de sa branche militaire, les brigades Izz ad-Din al-Qassam, a déclaré au Centre d’information palestinien, la branche communication du Hamas : « Le Hamas et sa branche militaire ne s’arrêteront qu’une fois la Palestine libérée. Le jour de la libération est proche. Dans quelques années, si D4 le veut, la mosquée Al-Aqsa, Jérusalem occupée et toute la Palestine seront libérées. Pour le Hamas, tous les moyens de libérer la Palestine sont bons. La victoire approche mais nous devons encore être patients. »
Quand un dirigeant du Hamas parle de « libérer toute la Palestine », il réitère l’engagement initial de détruire Israël. Quand un dirigeant du Hamas parle « de tous les moyens de libérer la Palestine, il fait toujours référence à une forme quelconque de terrorisme, comme les attentats-suicides ou une pluie de roquettes. Ce sont les seuls moyens que le Hamas considère comme efficaces pour atteindre son objectif.
Le Hamas ne reconnaît pas – et ne reconnaîtra jamais – le droit d’Israël à exister. La charte du mouvement l’indique clairement, « la terre de Palestine a été un Waqf islamique de génération en génération et le restera jusqu’au Jour de la Résurrection. Personne ne peut renoncer à tout ou partie de la terre de Palestine, ni abandonner tout ou partie de cette terre ».
Les très récentes déclarations des dirigeants du Hamas reprennent à la virgule près, les propositions de leur charte. Trente-deux ans après a création du Hamas, l’idéologie extrémiste et dangereuse du mouvement n’a pas varié d’un iota.
Dans le discours qu’il a prononcé le jour de la fête-anniversaire du Hamas, Oussama al-Mazini, cadre dirigeant du mouvement à Gaza, a déclaré : « Le Hamas promet de rester fidèle à son peuple et à ses principes. Notre ennemi est lâche et ne comprend que le langage de la force et de la poudre à canon ». Il a appelé les Juifs « à quitter toute la Palestine » et les a prévenu que des milliers de kamikazes avaient été formés pour accélérer le mouvement.
Musa Abu Marzouk, vice-président du « Bureau politique » du Hamas, a profité de l’occasion pour rappeler qu’Israël est un « projet sioniste » auquel les Palestiniens ont le devoir de « résister afin de libérer la Palestine, toute la Palestine ».
Abu Marzouk a indiqué que lui aussi demeurait attaché à la charte du Hamas. « Le Hamas est l’un des maillons de la chaîne du Jihad pour lutter contre l’invasion sioniste », affirme la charte.
« Les organisations sionistes contrôlent d’importantes ressources matérielles. Elles ont les moyens de mener à bien leur mission, d’atteindre leurs objectifs sionistes et d’implanter des concepts utiles à l’ennemi. Ces organisations opèrent [dans des lieux] où l’islam est absent ou séparé de son peuple. Par conséquent, les musulmans doivent accomplir leur devoir et parer aux manœuvres de ces saboteurs. Quand l’islam sera à nouveau en position de guider la vie [des musulmans], il effacera ces organisations [sionistes] qui sont l’ennemi de l’humanité et de l’islam. »
Pendant que des dizaines de milliers de Palestiniens participaient aux festivités liées à l’anniversaire du Hamas, des négociations multiples avaient lieu en coulisses. L’Égypte, le Qatar et les Nations Unies ont une nouvelle fois déployé leurs efforts pour établir un cessez-le-feu de long terme entre le Hamas et Israël. Parallèlement, de vives discussions ont concerné le projet du Hamas de présenter des candidats aux éventuelles prochaines élections de la présidence de l’Autorité palestinienne, du Parlement palestinien, ainsi que du Conseil législatif palestinien a suscité.
A en juger par la forte participation des Gazaouis aux festivités du Hamas, la popularité du mouvement est intacte. Des dizaines de milliers de Gazaouis donnent le sentiment d’adhérer aux principes et à l’idéologie du Hamas, notamment pour tout ce qui touche l’anéantissement d’Israël. Ils croient eux aussi que la force et le terrorisme sont les seules langues qu’Israël comprend. Et nombreux ont été ceux qui ont appelé à la « libération de toute la Palestine » du Jourdain à la mer Méditerranée.
Maintenant que le Hamas a clairement dissipé les doutes sur sa volonté de détruire l’Etat d’Israël – un désir aussi frais qu’au premier jour -, la question qui se pose est la suivante : pourquoi certains dirigeants, gouvernements et organisations internationales continuent-ils de porter attention et considération aux dirigeants de ce mouvement ?
Au moment même où le Hamas a appelé – une fois de plus – à l’élimination d’Israël, le président turc Recep Tayyip Erdogan a rencontré Ismail Haniyeh, leader du Hamas. Dans quel but ? Quel message pareille réunion véhicule-t-elle aux Palestiniens, aux Arabes et à tous les musulmans ?
Le seul message qu’Erdogan et Haniyeh envoient au monde est le suivant : la Turquie approuve le Hamas et soutient son programme et son idéologie. Le leader du Hamas s’est d’ailleurs gargarisé du « soutien que la Turquie a apporté au peuple palestinien ».
Les venimeuses déclarations anti-israéliennes des dirigeants du Hamas obligent également à s’interroger sur le comportement des Nations Unies : pourquoi l’ONU s’échine-t-elle à convaincre le Hamas de participer aux prochaines élections présidentielles et parlementaires palestiniennes?
Quel intérêt l’ONU trouve-t-elle à insister ainsi pour qu’une organisation dont le seul objectif est de détruire l’Etat d’Israël participe au vote ? L’ONU ne serait-elle pas davantage dans son rôle en appelant le Hamas à abandonner sa charte et en lui demandant de renoncer à son rêve de destruction d’Israël ?
En janvier 2006, la communauté internationale a permis au Hamas de présenter des candidats aux élections législatives palestiniennes. Cette permission sans condition préalable a causé de graves problèmes. La communauté internationale n’a pas exigé du Hamas qu’il renonce à la violence, ni qu’il reconnaisse le droit d’Israël à exister, ni qu’il s’engage à honorer tous les accords signés entre les Palestiniens et Israël. Ce refus de tout préalable a abouti à une victoire du Hamas .
Reconnaissons qu’à l’époque, les dirigeants du Hamas s’étaient montrés habiles. Ils s’étaient présentés aux élections sous l’égide des accords d’Oslo alors que le Hamas rejette les accords d’Oslo. Les accords d’Oslo leur avaient permis de prendre le contrôle du Parlement palestinien.
La communauté internationale semble être sur le point de réitérer la même désastreuse bévue qu’en 2006 : autoriser le Hamas à participer à des élections. Les véritables positions politiques du Hamas ne sont pourtant pas si obscures à déchiffrer.
Erdogan et le reste du monde n’ont qu’à ouvrir leurs oreilles pour connaître les intentions du Hamas et comprendre qu’il demeure plus fidèle que jamais à son objectif initial : chasser les Juifs « de toute la Palestine » et remplacer Israël par un État islamique. Tous écoutent le Hamas depuis 32 ans. Qu’est-ce qu’il y a d’obscur dans les mots « MORT A ISRAËL » ?
Ceux qui donnent l’accolade aux dirigeants du Hamas légitiment son idéologie extrémiste et facilitent son projet de détruire l’Etat d’Israël. Quand l’ONU, l’UE et d’autres organisations internationales encouragent le Hamas à participer à des élections, la question de leurs véritables motivations se pose.
Khaled Abu Toameh, journaliste plusieurs fois récompensé, basé à Jérusalem, est Shillman Journalism Fellow au Gatestone Institute.