Le Grand rabbin Israël Meir Lau reçoit la médaille du Conseil de l’Europe

6 février 2025

Le vibrant témoignage du Grand rabbin Israël Meir Lau au Conseil de l’Europe, à l’occasion de la remise de la médaille du Conseil de l’Europe.

Le Grand rabbin Israël Meir Lau, plus jeune survivant du camp de concentration de Buchenwald et Président du Conseil du mémorial de Yad Vashem, a livré un discours poignant devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe à Strasbourg. Invité par le rav Mendel Samama, le Grand rabbin Lau a partagé son histoire personnelle et délivré un message puissant de paix, d’amitié et d’amour entre les peuples.

La présence du Grand rabbin Lau au Conseil de l’Europe, le mercredi 29 janvier, pour la commémoration des 80 ans de la libération du camp d’Auschwitz, rendue possible grâce au rav Mendel Samama, aura marqué les esprits. Son témoignage exceptionnel, empreint d’émotion mais aussi d’espoir, restera dans les mémoires. Il aura permis de mesurer le chemin parcouru mais aussi celui qui reste à accomplir pour construire un monde de paix et de fraternité, exempt de haine et d’intolérance. Un message ô combien nécessaire en ces temps troublés.

Âgé de seulement 6 ans lorsque son père et son frère de 13 ans furent tués à Treblinka, Israël Meir Lau a ensuite perdu sa mère à l’âge de 7 ans et demi. Rescapé de plusieurs camps dont Buchenwald grâce à son frère aîné, il fut parmi les premiers immigrants juifs à rejoindre la Terre d’Israël dès 1945, avant même la création de l’État hébreu. Le jeune orphelin a ainsi assisté avec joie à la naissance d’Israël votée par l’ONU en 1947.

Malgré les atrocités vécues, le Grand rabbin Lau a martelé que le peuple juif aime l’humanité, la liberté et aspire à la paix avec ses voisins. Rappelant qu’Israël n’a jamais été l’instigateur des guerres qui lui ont été imposées, il a exprimé son incompréhension face à la résurgence de l’antisémitisme et la négation de l’existence d’Israël.

S’appuyant sur les valeurs de la Bible hébraïque et les 4000 ans d’histoire du judaïsme, le Grand rabbin a lancé un appel à l’amour, au respect mutuel entre les peuples et à un avenir de paix pour les jeunes générations, loin des horreurs de la Shoah et de la guerre.

Quatre-vingts ans se sont écoulés depuis la libération d’Auschwitz-Birkenau, mais la profonde blessure qu’elle a laissée dans notre conscience collective est encore à vif.

Ce sombre anniversaire est celui de toutes les victimes. Plus de 1,1 million de personnes ont été assassinées à Auschwitz-Birkenau, dont près d’un million de Juifs. Au mal et à l’intolérance, elles ont opposé l’innocence et la dignité. Leur sacrifice restera à jamais gravé dans nos mémoires. Nous répétons leurs noms. Nous leur en faisons le serment : nous ne vous oublierons pas.

Le 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau est celui de tous les survivants. Ils sont revenus pour raconter leur histoire. Pour dire la vérité. Pour tenter de panser les plaies. Et pour nous mettre en garde. Peu d’entre eux sont encore parmi nous aujourd’hui, et avec eux la mémoire vivante de l’Holocauste. Nous célébrons leurs vies, nous rendons hommage à leurs souffrances et nous amplifions leur voix.

Cette commémoration s’adresse aux jeunes générations. La libération d’Auschwitz-Birkenau n’a pas marqué la fin de l’antisémitisme et de la haine. Elle a marqué le début d’un cheminement sans fin vers une humanité plus juste. Aux jeunes d’Europe et du monde, nous disons ceci : apprenez ce qu’a été l’Holocauste. Souvenez-vous de ses enseignements. Transmettez le flambeau.

Notre quête d’une humanité plus juste est un exercice de longue haleine. Nous devons ancrer notre démarche dans les droits humains, la démocratie et l’État de droit.