Mettre l’Europe à l’arrêt, en la privant de gaz ou presque. Imposer le rouble, faisant ainsi chuter l’euro et le dollar. Mettre en danger l’économie européenne alors que son armée, dont l’Occident avait peur, s’enlise en Ukraine face à de vaillants civils reconvertis en soldats. Poutine fait peur à des dirigeants bien propres sur eux qui n’ont rien vu venir, alors que Macron se défausse sur le chef du renseignement militaire.
A-t-on eu raison d’avoir peur ?
A-t-on bien géré la crise ?
Avons-nous des dirigeants à la hauteur ?
La politique des sanctions était-elle la plus intelligente, alors que l’Occident avait annoncé de manière prématurée sa capitulation avant même l’entrée en guerre de la Russie?
Alors que la France va voter dans quelques jours pour celui qui a accru la dette de la France de 50% soit près de 1000 milliards, qui battu tous les records de déficit du commerce extérieur avec 95 milliards, qui laisse les hôpitaux, la Justice, la police, l’éducation nationale, le pouvoir d’achat, les retraites, dans un piteux état, et qui se glorifie d’un chômage à 8% alors que la France est 25e sur 28 des pays européens.
La manipulation des médias n’a jamais été aussi brutale à l’encontre des opposants, alors que Macron se représente sans faire campagne bien qu’il ait le bilan le plus catastrophique jamais connu dans l’histoire de la Ve République.
C’est dans ce contexte, où la première économie européenne, l’Allemagne, qui va payer le prix fort d’avoir abandonné le nucléaire, que la deuxième économie, la France, n’est pas mieux gérée, que l’Italie, l’Espagne, la Grèce sont à la peine. L’euro dégringole face au dollar. L’Europe devrait presque dire merci à Poutine qui l’oblige à l’union et à la solidarité, et surtout à sa prise de conscience de sa faiblesse militaire.
Coup de théâtre : Poutine fait volte-face et exige le paiement du gaz russe en roubles dès ce 1er avril
Alors que l’Allemagne et la Russie indiquaient hier que le paiement par les Européens du gaz russe passerait progressivement de l’euro au rouble, Vladimir Poutine impose le contraire. Le président russe a annoncé que ce serait une obligation dès ce vendredi 1er avril. Il va même plus loin menaçant de conséquences les acheteurs qui ne s’y plieraient pas. Une déclaration qui intervient alors que la Commission européenne faisaient planer la menace de nouvelles sanctions si la Russie maintenait cette position.
Mardi, Moscou avait dit mardi réduire « radicalement » son activité en direction de Kiev et Tcherniguiv à la suite de pourparlers russo-ukrainiens à Istanbul avant de sembler revenir sur ces annonces puisque les attaques russes contre ces deux villes du nord de l’Ukraine se sont poursuivies mercredi. C’est un peu la même chose pour le paiement du gaz russe en roubles et non plus en euros comme c’est le cas jusqu’ici. Mercredi, Vladimir Poutine avait, en effet, assuré que les paiements de l’Europe le mois prochain « continueraient à être en euros et transférés comme d’habitude sur la Gazprom Bank, qui n’est pas frappée de sanctions », et qu’elle se chargerait de la conversion en roubles. Le paiement en roubles ne doit pas désavantager les clients européens, avait-il assuré. Le passage à une facturation en roubles se fera progressivement, a précisé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Volte-face ce jeudi, le président russe a annoncé avoir signé un décret imposant aux acheteurs des pays étrangers « inamicaux » de payer en roubles les livraisons de gaz naturel à compter de vendredi, et prévoyant la suspension des contrats en cours s’ils n’obtempèrent pas.
Renforcer la « souveraineté » de la Russie
Concrètement, les sociétés importatrices de gaz devront ouvrir un compte en roubles dans une banque russe pour se soumettre à cette nouvelle condition. « C’est à partir de ces comptes que seront effectués les paiements pour le gaz livré à partir de demain », a déclaré le président russe dans une allocution retransmise à la télévision, présentant cette mesure comme un moyen de renforcer la « souveraineté » de la Russie face aux sanctions occidentales, dont le gel d’une partie des avoirs de sa banque centrale.
« Si de tels paiements ne sont pas effectués, nous considérerons cela comme un défaut de la part des acheteurs, avec toutes les conséquences qui en découlent. Personne ne nous vend quoi que ce soit gratuitement, et nous n’allons pas non plus faire de charité – c’est-à-dire que les contrats existants seront annulés », a averti Vladimir Poutine.
La décision de passer à une facturation en roubles permet à la Russie de soutenir sa monnaie nationale, chahutée par les sanctions, mais la privera d’une source de devises. D’ores et déjà, la Russie oblige ses exportateurs, y compris Gazprom, à convertir 80% de leur chiffre d’affaires en roubles. Ces mesures et un taux d’intérêt directeur à 20% ont permis à la monnaie russe de se reprendre. Après avoir considérablement dévissé dans la foulée du début de l’offensive russe le 24 février, elle revient à des niveaux proches de ceux enregistrés avant l’assaut.
Plus tôt ce jeudi 31 mars, Dmitri Peskov a d’ailleurs minimisé la portée de cette mesure obligeant les Européens à payer leurs factures de gaz en roubles. « De facto, pour celui qui reçoit le gaz russe, qui paye les livraisons, il n’y a dans les faits aucun changement. Ils acquièrent juste des roubles pour le montant en devise qui est prévu dans le contrat » d’approvisionnement en gaz, a-t-il souligné.
De possibles nouvelles sanctions contre la Russie si Poutine persiste
Cette annonce de Vladimir Poutine intervient en tout cas dans un contexte où la Commission européenne préparait de nouvelles sanctions contre la Russie, d’après ce qu’ont indiqué diverses sources à Reuters ce mercredi 30 mars. Leur teneur n’avait pas encore été révélée, mais une ombre planait sur le fait qu’elles pourraient être bien plus strictes que jusqu’à présent si le président russe insistait pour que les livraisons de gaz russe vers l’Europe soient payées en roubles. Chose désormais actée.
L’une des sources européennes avait déclaré que la réaction de Bruxelles dépendrait du calendrier et des modalités réclamés par Moscou pour les paiements du gaz russe. Un représentant de la zone euro a indiqué à Reuters que les ministres des Finances de la zone euro s’entretiendraient lundi 4 avril d’éventuelles mesures de représailles dans l’hypothèse où Vladimir Poutine mette sa menace à exécution. D’après une cinquième source européenne, la Russie pourrait de facto imposer un embargo sur ses propres exportations de gaz naturel en s’en tenant à la position affichée par son président. Le nouvel ensemble de sanctions européennes pourrait en tout cas être prêt dès la semaine prochaine.
Par ailleurs, la Commission européenne mène des consultations avec des gouvernements du bloc communautaire sur des mesures de « vérification », d’après ces sources. Cela s’inscrirait dans la lignée de ce que les Vingt-Sept ont convenu lors d’un sommet organisé la semaine dernière : s’assurer que les sanctions déjà imposées contre la Russie ne sont pas contournées, en particulier celles ciblant les oligarques.
L’Europe ne lâche pas, la France et l’Allemagne se préparent à un potentiel arrêt des livraisons
Les pays européens continueront de payer le gaz russe en euros et dollars comme cela est « écrit dans les contrats », a répondu ce jeudi 31 mars Olaf Scholz à Vladimir Poutine. « Il est écrit dans les contrats que les paiements se font en euros et parfois en dollars », a expliqué le chancelier allemand lors d’une conférence de presse avec son homologue autrichien, Karl Nehammer. « J’ai dit clairement au président russe que cela resterait ainsi » et « les entreprises veulent pouvoir payer en euros et le feront », a-t-il ajouté.
Dans ce contexte de tensions, l’Allemagne et la France se « préparent » à un potentiel arrêt des importations de gaz russe. « Il peut y avoir une situation dans laquelle demain, dans des circonstances très particulières, il n’y aura plus de gaz russe (…) c’est à nous de préparer ces scénarios là, et nous les préparons », a détaillé le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire, lors d’une conférence de presse à Berlin avec son homologue allemand.
L’arrêt du pétrole et du gaz russe « pourrait faire plonger l’Allemagne dans la pire crise depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale » (BASF)
L’Allemagne pourrait connaître sa pire crise économique depuis près de 80 ans en cas d’arrêt ou de perturbations sur le long terme des importations de gaz et de pétrole russes, a déclaré le directeur général du groupe allemand BASF, l’un des plus grands consommateurs d’électricité du pays.
« Cela pourrait plonger l’économie allemande dans sa plus grande crise depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale », a-t-il expliqué au journal FAZ, ajoutant que cela constituait également une menace existentielle pour les PME allemandes. Martin Brudermüller a rejeté les appels à interdire les importations, estimant qu’une telle initiative serait irresponsable.
BASF, qui est le plus grand groupe chimique au monde, a prévenu mercredi qu’il devrait arrêter sa production si les approvisionnements en gaz naturel devaient tomber à moins de la moitié de ses besoins. Par ailleurs, le gaz est déterminant pour le pays puisqu’il chauffe 50% des logements et représente 26,7% de la consommation primaire d’énergie. Le recours à cette énergie devrait même augmenter, dans le cadre de la transition énergétique, pour remplacer le nucléaire et le charbon en tant qu’appoint des renouvelables.
Plus tôt dans la journée, l’Allemagne et la France ont déclaré se préparer à un éventuel arrêt des importations de gaz russe, ont indiqué jeudi les gouvernements des deux pays.
« Il peut y avoir une situation dans laquelle demain (…) il n’y aura plus de gaz russe » et « c’est à nous de préparer ces scénarios là et nous les préparons », a déclaré à Berlin le ministre français de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire lors d’une conférence de presse avec le ministre allemand de l’Economie Robert Habeck.
Berlin et Paris ont dans le même temps réitéré leur refus de payer en roubles les livraisons de gaz russe, comme demandé par Vladimir Poutine.
Contrats en euros ou en dollars
Il est écrit dans les contrats que les paiements se font en euros et parfois en dollars », a expliqué le chancelier allemand Olaf Scholz lors d’une conférence de presse distincte également organisée jeudi à Berlin. « J’ai dit clairement au président russe que cela resterait ainsi » et « les entreprises veulent pouvoir payer en euros et le feront », a-t-il ajouté.
« Les contrats prévoient une monnaie dans laquelle ils sont exécutés et donc les contrats doivent être exécutés dans la monnaie prévue », a martelé de son côté Bruno Le Maire. « Les contrats sont les contrats », a-t-il ajouté. Les fonds seront « transférés comme d’habitude sur la Gazprom Bank, qui n’est pas frappée de sanctions », et se chargera de la conversion en roubles, a détaillé Berlin.
Le rouble retrouve ses niveaux d’avant-guerre. Le plan de Poutine fonctionne pour l’instant.
La banque centrale russe a pris des mesures spectaculaires ces dernières semaines pour intervenir sur le marché, mettant en œuvre des politiques visant à empêcher les investisseurs et les entreprises de vendre la devise et d’autres mesures qui les obligent à l’acheter.
Qu’a fait Moscou pour faire monter le rouble ?
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La banque centrale a plus que doublé les taux d’intérêt à 20%. Cela encourage les épargnants russes à conserver leur argent en monnaie locale.
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Les exportateurs ont reçu l’ordre d’échanger 80% de leurs revenus en devises contre des roubles plutôt que de conserver des dollars américains ou des euros.
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Les courtiers russes ont été interdits de vendre des titres détenus par des étrangers.
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Les résidents ne sont pas autorisés à effectuer des virements bancaires en dehors de la Russie.
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La Russie a menacé d’exiger le paiement du gaz naturel en roubles, et non en euros ou en dollars.
Ces mesures ont permis à Moscou de fabriquer artificiellement une demande de rouble. Le problème auquel sont confrontés les décideurs politiques est qu’avec l’économie russe en lambeaux, personne ne veut réellement acheter la monnaie de son propre gré. Lorsque les restrictions seront levées, la demande de rouble chutera et sa valeur chutera, peut-être de façon spectaculaire.
Il en va de même pour le marché boursier russe. L’indice de référence MOEX a augmenté lorsque les échanges ont repris il y a une semaine après un long arrêt forcé par la guerre, mais les analystes disent que cela est dû aux restrictions en place pour les investisseurs, y compris une interdiction de vente à découvert. Seules 33 actions étaient autorisées à être négociées lors de la réouverture du marché. Lorsque la négociation a été étendue à toutes les actions cette semaine, l’indice a de nouveau chuté.
Dans cet esprit, le rebond du rouble et les mouvements boursiers ne doivent pas être considérés comme un signal indiquant que l’économie russe est en voie de guérison. Le pays fait face à sa plus profonde récession depuis les années 1990, et l’économie va se contracter d’un cinquième cette année, selon une récente prévision de S&P Global Market Intelligence.
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