Le décompte de l’Omer et son sens

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Ne vous lésez point l’un l’autre (Vayikra 25,17).

Nous sommes à la période du décompte du ‘Omer, destinée à nous purifier et à nous doter d’une sainteté, à préparer notre cœur et notre esprit au don de la Tora afin qu’une grande profusion se déverse sur tous les mondes. Tous les soirs, avec émotion et joie, nous comptons le ‘Omer, dans l’attente de ce jour glorieux et élevé : le don de la Tora.   

En parallèle aux préparatifs en vue du don de la Tora, cette période du décompte du Omer constitue une douloureuse période de deuil, au cours de laquelle il est interdit de se marier et d’écouter de la musique, par respect pour la terrible perte des 24.000 élèves de Rabbi Akiva à son époque. Il nous est difficile de concevoir l’ampleur de la tragédie qui frappa alors le peuple juif, lorsque le Beth Midrach de rabbi Akiva, rempli de dizaines de milliers d’élèves, se vidait peu à peu en quelques semaines…  

Lorsque nous tentons de saisir l’ampleur de ce malheur, une question s’impose à nous : nos Sages nous dévoilent qu’ils moururent pour avoir manqué de manifester un respect mutuel. Il n’est pas écrit qu’ils se sont blessés l’un l’autre, mais qu’ils se sont manqué de respect.

Nous sommes très étonnés : est-ce possible ? Uniquement du fait d’avoir failli au niveau du respect mutuel, un tel décret s’est abattu sur eux ? Pour cette faute, le peuple juif a vécu l’une des plus lourdes pertes de son histoire ?

Nos Maîtres nous révèlent des informations essentielles sur le concept d’honneur. D’une part, il y a les honneurs qu’il convient de fuir autant que possible. Mais d’autre part, il existe une relation élémentaire et indispensable, une nécessité vitale, en l’absence de laquelle la survie de l’homme est en péril.

Pour que l’homme vive et réussisse, le minimum d’honneur à son égard est une nécessité vitale et élémentaire, son l’oxygène, à l’instar de l’eau pour une personne assoiffée, ou de l’air pour respirer dans une grotte étouffante. Tout être humain a besoin d’être honoré et mis en valeur. C’est un besoin humain élémentaire, et en son absence, s’il est privé de ce ballon d’oxygène qui le fait vivre, il ne sera pas en mesure de progresser !

La Guemara dans le traité de Berakhoth 28 relate que lorsque le Tana rabbi Eli’ézer tomba malade, ses élèves lui rendirent visite. Les élèves remarquèrent que leur maître était agonisant, et ils lui demandèrent un conseil pour mériter d’accéder à la vie future. Que leur répondit leur rav admiré ? Soyez vigilants sur l’honneur de votre prochain ! Manifestez du respect à l’égard de votre prochain, et vous aurez droit au monde futur !

À nouveau, une question se pose : est-ce possible ? L’honneur est ce qui offre à l’homme l’accès au monde futur ? Si nous saisissons que c’est un élixir de vie, le moteur qui fait vibrer l’homme, qui peut déterminer son sort, c’est évident pour nous : conférer de l’honneur à notre prochain est la clé du monde à venir, car accorder du respect, c’est accorder la vie, au sens propre !

Chers frères, en cette période de l’Omer, nous prenons le deuil pour la mort des élèves de rabbi Akiva, mais il nous appartient d’intérioriser le sens de ce deuil. Manifester du respect à notre prochain n’est pas de l’ordre de la gâterie et du superflu. C’est une nécessité humaine indispensable, en l’absence de laquelle on ne peut avancer dans la vie. Priver l’homme de cet honneur, c’est le priver de la vie, et lui offrir cet honneur, c’est lui offrir la vie !

La paracha de la semaine met en avant l’interdit d’onaat devarim, l’obligation de ne pas offenser notre prochain. C’est un autre aspect dans le respect à accorder à autrui, car celui qui respecte son prochain ne lui portera jamais atteinte. Mais on peut lui nuire en ne lui accordant aucun honneur, en le privant d’une relation appropriée, en faisant abstraction de ses besoins et désirs. C’est ainsi que les élèves de rabbi Akiva ont disparu à cette période, et c’est pourquoi le peuple juif prend le deuil jusqu’à aujourd’hui !

L’objectif de traiter notre prochain avec respect commence par notre foyer, dans le couple, et avec les enfants, avec nos plus proches. Nous n’évoquons pas l’interdit de blesser autrui, qui va de soi. Nous mentionnons l’idée de le traiter avec respect, de lui donner de l’importance, de lui donner le sentiment que nous l’apprécions, et notre conduite doit refléter cette idée !

Nous sommes également tenus d’appliquer ce traitement respectueux aux voisins, à la communauté, aux amis de la synagogue, aux collègues, à chacune de nos rencontres. Tout Juif a une parcelle de l’âme divine en lui, une partie du Maître du monde. Même si nous sommes plus importants, plus âgés ou plus intelligents, cela serait-ce une raison de priver autrui de respect, de le priver de son oxygène !?

Renforçons-nous dans le domaine du respect mutuel, en traitant notre prochain avec respect. Plus nous manifesterons de l’honneur à notre prochain, plus nous réjouirons notre Créateur qui observera Ses fils se conduire mutuellement avec respect !

Enseignement de rav Acher Kowalski chlita.

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