L a France, la douce France, connaît actuellement une situation déplorable – des mouvements sociaux perturbent totalement sa vie et son économie. Comment comprendre ce qui s’y passe ? Bien entendu, ce n’est pas au plan politique et économique que nous voulons nous placer, car ce n’est ni notre domaine, ni notre centre d’intérêt – même si nous ressentons nous aussi la difficulté, et compatissons avec nos coreligionnaires vivant dans l’Hexagone ou dépendant de son économie. Le pays a évidemment connu d’autres périodes de perturbations sociales qui, facilement, ont débordé au point de mettre son économie en danger.
Cependant, les turbulences présentes le trouvent dans une situation déjà délicate pour d’autres raisons : son tissu social est depuis quelques années fortement troublé, avec un ajout de peuplement qui ne cherche en rien à s’assimiler à ses valeurs et à adopter ses idéaux. Le FN profite de cette menace, et prend de l’ampleur, ce qui n’est pas fait pour nous rassurer. D’un pays dont on a pu chanter la douceur (Charles Trenet, en… 1943 – bref, passons), où « men ist azoy wie G-ott in Frankreich » (« heureux comme D’ en France », expression yiddish connue), nous arrivons à une nation aux aspérités visibles et inquiétantes, aux casseurs implacables et aux bandes de délinquants incontrôlables. A notre avis, nous n’avons pas le droit d’emprunter une vision apocalyptique pour expliquer le phénomène actuel. De fait, pour faire cela, il faut avoir droit à l’influx divin permettant d’en statuer ; puis, si la situation revient au calme – ce qui va certainement se produire (en tout cas, nous le souhaitons pour tous) – que pourrons-nous dire pour notre défense ? Ceci n’empêche que nous constatons effectivement une destruction bien complète des valeurs et des qualités de cette antique terre de France : son accueil et sa fraternité, son respect de l’autre et l’égalité pour tous.
Quelque part, il y avait du faux dans ce calme : d’abord, nous devons bien reconnaître que ces valeurs nous ont coûté fort cher car nombre de nos frères se sont totalement assimilés (ceci n’enlève rien au mérite de leurs promoteurs). Puis, le calme ressenti sous ces latitudes, la Sécurité Sociale, les mutuelles, l’assurance pour tout, tout cela est plus qu’agréable – tout en ne relevant pas de la vie telle qu’elle est, tout en nous empêchant de ressentir la Main de Hachem dans notre existence. Donc, nous voici assurés contre toutes les velléités et incertitudes, garantie couvrant même le convoi funéraire et l’enterrement dans un cimetière (en négligeant toutefois le fait que, cinquante ans plus tard, en France, notre tombe sera vidée et nos ossements jetés, mais passons…). Nous voici placés sans toutes ces sécurités, sans sécurité tout court, d’ailleurs, et obligés de nous en remettre entre les Mains dans Lesquelles la vie de chaque être est déposée… Profitons-en pour revenir effectivement vers Celui à Qui elles appartiennent, pour ressentir le sens de nos prières de la manière la plus sincère possible, pour comprendre que Lui Seul peut nous protéger et nous permettre de passer la présente crise.
Quand nous sentirons qu’aucune garantie n’existe sur terre, alors nous serons effectivement proches de la Délivrance, comme le dit le verset dans la paracha relative, selon notre Tradition, à une telle période (Devarim/Deutéronome 32,36) : « Oui, l’Eternel prendra parti pour Son peuple, pour Ses serviteurs ; Il redeviendra propice, lorsqu’Il les verra à bout de forces, sans appui et sans ressources » (cf. Sanhédrin 97a). Hélas, ces jours-ci, à nouveau, la « douce France » reçoit des coups très durs, quand à nouveau un attentat meurtier l’a frappée dans sa chair. Même elle finit par être inquiétée ? ●
Rav H Kahn
Extrait de Kountrass numéro 198
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