« La Haute Cour de Justice se présente comme une sorte de chambre haute des électeurs qui a le pouvoir de veto sur tout, sauf qu’elle n’est pas composée d’élus », écrit l’avocat David Petar à propos de la fuite du projet de décision de la Haute Cour. Les juges de la Cour rejettent à une faible majorité la réduction de la cause probable votée par la Knesset
JDN
L’avocat David Petar, chercheur au Forum Kohéleth, explique dans son récit sur le réseau X le caractère problématique de la décision de la Haute Cour de Justice de rejeter à une courte majorité la réduction de la cause probable, votée par les membres de la Knesset. Le message complet : « Il ne s’agit pas simplement d’une « seconde révolution constitutionnelle ». C’est bien pire. La révolution constitutionnelle a créé, en vertu d’un arrêt, un régime de cour constitutionnelle dotée du pouvoir de contrôle judiciaire de la législation. Il est vrai que nous n’avons pas de constitution, ce qui constitue donc une démarche sans précédent dans les démocraties, mais dans l’ensemble, cela rappelle les structures de régime familières.
« Et surtout, comme l’a dit Aharon Barak, si la Knesset n’est pas convaincue, elle changera. Autrement dit, la Knesset a conservé le pouvoir d’apporter des modifications à n’importe quel niveau juridique comme elle le souhaitait. Parce que c’est la représentation de la souveraineté des citoyens.
« Nous parlons ici d’une situation où la Cour suprême est à la fois une cour constitutionnelle et une cour supraconstitutionnelle et a le pouvoir d’invalider toute décision de quelque nature que ce soit de la Knesset. La Haute Cour de Justice se présente comme une sorte de chambre haute des électeurs avec le pouvoir de veto sur tout, sauf qu’elle n’est pas composée d’électeurs.
« Autrement dit, la Haute Cour deviendra une cour constitutionnelle sans constitution et sans chambre haute électorale non élue. C’est bien pire que la première révolution constitutionnelle car il n’y a pas de retour en arrière. La Knesset ne peut pas changer la situation sans l’accord de la Haute Cour.
« Comme l’a dit Aharon Barak dans son dernier article, la seule façon de changer sera désormais d’établir une nouvelle république israélienne. En d’autres termes, c’est leur pays avec le système qu’ils créent et la Knesset n’est pas du tout autorisée à s’immiscer dans la mise en place du régime sans le consentement des juges.
« Ce pouvoir absolu s’est accordé lui-même sous un parapluie aérien de menaces, d’abord dans le démantèlement de l’armée et de l’économie et maintenant dans l’ombre du tonnerre des canons. Aucun patriote ne veut plus de guerres civiles. Et ce désir de calme intérieur est exploité judiciairement jusqu’au bout, sans la moindre once de responsabilité nationale ou de discrétion. Il semblerait que ce soit le fameux tempérament de jugement.
« Segal cite la présidente Hayut qui a déclaré que les arrangements de régime ne peuvent pas être créés par une majorité parlementaire aléatoire mais uniquement par un large consensus. Cette déclaration est une parfaite introduction au Théâtre de l’Absurde de la Haute Cour.
« La détermination de Hayut est-elle une détermination « légale » ? Sur quelle base détermine-t-elle cela ? Existe-t-il une telle clause dans la Constitution ? La Loi fondamentale de la dignité humaine a-t-elle été adoptée par un large consensus ? Et surtout – le changement de régime mutationnel qu’elle dirige dans cette décision – a-t-il été réalisé par un large accord ? Un manque de distinction entre les opinions et le droit, entre une perception subjective de « ce qui est approprié » pour le rôle institutionnel du juge dans une démocratie et un manque de conscience de l’impact du verdict.
« D’ailleurs, la « majorité aléatoire » est toujours une majorité dont vous ne faites pas partie. Quelle coïncidence !
« La question de la majorité et de la minorité parmi les juges dans tout ce qui touche à l’invalidation de la loi peut donner lieu à des drames télévisés, mais elle est secondaire. Le véritable drame réside dans la question de savoir qui a le pouvoir d’invalider les lois fondamentales sans autre fondement que l’intuition et de savoir si cela rend agréable celui qui porte le manteau. Sur cette question, il semble que le camp antidémocratique parmi les juges de la Haute Cour dispose d’une nette majorité.
« S’il y a une loi que nous n’aimons pas, nous savons quelle est la prochaine étape. S’il y a un gouvernement que nous n’aimons pas, nous savons quelle est la prochaine étape. Mais de la « Haute Cour des probabilités », personne ne sait comment définir la suite.