L’aspect juridique de la guerre au Liban

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Escalade des tensions au Moyen-Orient : un point sur la situation et le rôle du droit international

Un an après l’attaque brutale du Hamas contre Israël et la riposte militaire israélienne qui a dévasté Gaza, la région demeure sous tension avec l’ouverture de nouveaux fronts, notamment au  Liban et dans ses relations avec l’Iran. Cette expansion du conflit menace de déclencher une crise régionale plus large. Dans ce contexte complexe, le droit international apporte-t-il des réponses adaptées à la situation actuelle ?

Depuis l’offensive du Hezbollah, qui a ouvert un deuxième front en soutien au Hamas, les échanges de tirs se sont intensifiés entre le nord d’Israël et le sud du Liban. Les frappes de drones israéliens et les tirs de roquettes du Hezbollah sont devenus monnaie courante, marquant une escalade rapide du conflit. Les attaques de septembre dernier, utilisant des bipeurs et des talkies-walkies piégés, ont accentué cette montée en violence, faisant de nombreuses victimes dans les rangs du Hezbollah, dont son secrétaire général, Hassan Nasrallah.

Le conflit actuel trouve ses racines dans la création du Hezbollah en 1982 par l’Iran, dans un contexte de résistance à l’occupation israélienne du sud du Liban. Bien que les troupes israéliennes se soient retirées en 2000, les hostilités se sont poursuivies de manière sporadique, avec des pics de violence tels que la guerre de 2006, qui a causé des milliers de victimes et de déplacés.

Ce conflit, cependant, échappe aux définitions traditionnelles du droit international. Ni véritablement international, ni purement interne, il s’inscrit dans une zone grise difficile à qualifier selon les Conventions de Genève et leurs protocoles additionnels. Le Hezbollah, bien qu’ayant des caractéristiques d’un groupe armé organisé, n’affronte pas directement les forces armées de l’État libanais, compliquant encore la catégorisation juridique du conflit.

Le droit international reste ainsi limité face à des conflits hybrides tels que celui opposant Israël au Hezbollah. Ce dernier contrôle une partie significative du territoire libanais, tout en opérant de manière indépendante du gouvernement libanais, ce qui en fait un « État au-dessus de l’État », doté d’une force militaire importante et d’un arsenal capable de frapper n’importe quelle ville israélienne.

L’implication de l’Iran, bien que centrale dans la genèse du Hezbollah, pose également des questions cruciales. Les frappes israéliennes visant les infrastructures iraniennes, notamment militaires, pourraient être justifiées au regard du droit de légitime défense, mais elles soulèvent la question de la proportionnalité des représailles. Israël est contraint d’agir avec précaution, notamment en évitant de cibler les infrastructures civiles iraniennes, comme les installations nucléaires, afin de respecter les normes internationales en vigueur.

Enfin, l’aspect humanitaire qui se profile, avec des milliers de civils déplacés et tués, tant au Liban qu’à Gaza, pose une question fondamentale : peut-on véritablement concilier l’objectif de défense avec le respect du droit international humanitaire lorsque les infrastructures terroristes sont profondément ancrées dans les populations civiles ? Ce dilemme soulève le spectre d’une délégitimation de l’usage de la force et de la nécessité d’un engagement international accru pour rétablir la stabilité dans la région.

La situation au Moyen-Orient, bien que profondément enracinée dans des enjeux historiques et géopolitiques, nécessite une réflexion renouvelée sur le rôle du droit international face aux nouveaux défis posés par les conflits hybrides. La restauration de la souveraineté libanaise et la sécurité d’Israël semblent être les seules voies possibles pour une paix durable, encore largement hors de portée.

Jforum.fr

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