Il existe militairement plusieurs moyens de dominer l’ennemi, ils peuvent être mis en action alternativement. L’occasion a été donnée dernièrement au public israélien d’entrevoir comment a été conduite exceptionnellement une opération préventive en urgence.
Toute mission stratégique impose un certain nombre de critères qui doivent être impérativement au rendez-vous. Dans la liste on distingue la capacité de deviner ce que pense faire l’adversaire, ce qui implique une collecte des renseignements les plus larges et les plus détaillés possible. Puis vient le moment de construire des scénarios et de les soumettre à des critiques très sévères. On éprouve la faisabilité des alternatives concernant les intentions et moyens possibles d’attaque de l’ennemi.
L’arsenal des outils d’analyse prend note des modes de combat utilisés dans le passé par l’adversaire. Le renseignement doit se concentrer précisément sur la psychologie, l’univers culturel des combattants, leur réactivité et leur formation stratégique conditionnant leurs capacités d’attaque.
Les mêmes services dans le prolongement des informations précédentes doivent déterminer quelles armes cet ennemi utilise, le niveau de maîtrise de ces armes par ses combattants et enfin où sont les dépôts d’approvisionnement, quels trajets les commandos ennemis doivent parcourir pour s’approvisionner et dans quelle cache ils vont préparer leur mission offensive. Si la chance est toujours un facteur important, le niveau de préparation conditionne pour une grande part la réussite de la contre-attaque.
C’est bien en tenant compte soigneusement de tous ces éléments complexes que le commandant d’un escadron F-16 a expliqué à la télévision israélienne, la treizième chaîne, pourquoi et comment il a personnellement commandé une frappe en Syrie visant une cellule iranienne.
Un raid qui se distinguait de ceux habituellement pratiqués sur des cibles de même origine concernant des armements, des équipements militaires sophistiqués stockés en Syrie.
Une certaine transparence dans le déroulement de la contre- attaque israélienne a permis grâce à la télévision d’entrevoir les qualités de préparation nécessaires, bien souvent pour déceler et neutraliser des attaques imminentes de l’ennemi.
C’est ainsi raconte le lieutenant- colonel ”Nun” de l’armée de l’air israélienne dans ce reportage diffusé sur la ”13 ” que des pilotes de l’armée de l’air ont reçu un jour d’août, des instructions qui sortaient de l’ordinaire pour une mission qualifiée de tout à fait différente.
L’État d’Israël a reconnu par la suite être effectivement l’auteur de cette opération effectuée précisément un 24 août. Elle a visé une cellule de la Force al-Quds du Corps des Gardiens de la révolution.
Des hommes de cette unité d’attaque préparaient dans ce qu’il croyaient être le plus grand secret un attentat majeur sur le territoire israélien avec des drones chargés d’explosifs.
Ce qui distinguait cette opération de bien d’autres,c’est qu’elle se proposait entre autres d’utiliser les préparatifs de l’adversaire et l’aboutissement de ses propres moyens pour les retourner efficacement contre lui et le détruire.
Le commandant d’escadron F-16 identifié par son initiale en hébreu comme il est d’usage ”Nun” a révélé que l’intervention de son unité était destinée à déjouer une attaque imminente.
”Nun” dans ce reportage a raconté dans les limites autorisées, ce qu’il avait ordonné à son escadron pendant la mission. Il a témoigné avec enthousiasme de la réussite de l’action engagée. ”Ce que nous avons fait cette nuit-là et tout le dur travail que nous avons accompli et que nous réalisons toute l’année est justement destiné à ce moment déterminant pour la défense de la maison ” Des propos qui laissent comprendre que des F16 ont pulvérisé le piège concocté par les serveurs iraniens qui manipulaient une machine infernale.
Cette frappe israélienne au bon timing et au bon endroit serait intervenue quelques jours après que l’armée israélienne ait fait état d’une tentative ratée de combattants soutenus par l’Iran qui avaient prévu de lancer un drone chargé d’explosifs dans le nord d’Israël depuis la Syrie.
Cette détermination de l’ennemi à frapper Israël, avait sans doute permis une lecture de ses intentions, comme le confirme d’une certaine façon les propos du responsable de la division de recherche et d’analyse, spécialiste de la branche al-Quds au sein du renseignement militaire israélien. ” Nous travaillons en partant de l’hypothèse que tous les jours la Force al-Quds avance dans les préparatifs d’une attaque”. On peut en déduire que les acteurs sur place au sein de l’unité iranienne ne renoncent pas.
Le renseignement israélien était parvenu à déterminer l’identité des hommes impliqués dans la préparation de l’attaque, Zabeeb et Daher se préparaient à l’offensive dans une villa du village d’Aqrabah près de Damas dans laquelle ils se cachaient.
Hassan Yousef Zabeeb, 23 ans, de Nabatieh et Yasser Ahmad Daher âgé de 22 ans,originaires de Blida, tous deux ressortissants libanais et membres du Hezbollah.
Les renseignements ont été transmis à l’armée de l’air et elle a accompli sa mission. On peut deviner dans les ellipses du récit que l’attaque aérienne s’est produite au moment opportun et que les préparatifs de l’ennemi ont aidé à sa propre destruction.
La mission terminée, l’escadron de Nun est resté en état d’alerte maximal précise le reportage après que le Hezbollah ait promis de venger la mort de ses deux agents.
C’est une partie du voile qui a été levé à cette occasion sur les caractéristiques stratégiques et militaires des opérations de l’armée israélienne dans ses différentes composantes contre des ennemis opérants à partir du territoire syrien.
Des ennemis dont les moyens d’action sont en constantes progressions, ce qui impose à Tsahal de maintenir quelques longueurs d’avance sur un adversaire dont la détermination à détruire Israël ne faiblit pas.
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