L’Arabie saoudite et le Hamas ne s’aiment plus

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Source : News1 Yoni Ban Menahem
16 septembre 2019

Les États-Unis et Israël ont remporté le succès dans la guerre contre l’organisation terroriste Hamas, en amenant à une rupture entre la maison royale saoudienne et le Hamas. Les officiels de l’organisation terroriste accusent l’Arabie Saoudite de sacrifier ses relations avec le Hamas sur l’autel de la normalisation avec Israël.

L’arrestation de dizaines de militants du Hamas par les autorités saoudiennes continue d’agiter le monde arabe. De nouvelles précisions apparaissent sur la profondeur de la rupture des relations entre les Saoudiens et le Hamas. Le 12 septembre, le porte-parole du Hamas, Marwan Abu Ras, a déclaré au site Web Al-Khalij On Line que l’Arabie saoudite comptait se rapprocher d’Israël grâce à l’arrestation de hauts responsables du Hamas se trouvant dans le royaume. « Il s’agit d’arrestations injustifiées, en violations des valeurs humanitaires », a-t-il affirmé. Les responsables du Hamas ont déclaré que l’âge d’or entre la maison royale saoudienne et la direction du Hamas était terminée.

Le bureau du Hamas en Arabie saoudite a été ouvert en 1988 sous le règne du roi Fahd bin Abd al-Aziz. Muhammad al-Khudhari, un haut cadre du Hamas d’alors, avait été nommé responsable du mouvement dans le royaume. En 1988 le roi Fahd avait, dans une réception officielle, accueilli le fondateur du Hamas, Cheikh Ahmed Yassine avec cette formule : « Vous êtes dans nos cœurs et nous restons à vos côtés jusqu’à la libération de Jérusalem ». Le roi avait autorisé le Hamas à collecter des fonds pour Gaza. Aujourd’hui, ce même al-Khudhari est détenu dans une prison saoudienne.

La première crise dans les relations entre l’Arabie saoudite et le Hamas est intervenue en 2007, après que le mouvement du Hamas s’est emparé de force de la bande de Gaza et en a expulsé l’Autorité palestinienne. Quelques mois plus tard, le chef du Hamas Khaled Mashaal et le président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas se sont rencontrés à la Mecque et près de la Ka’aba, Ils ont signé un accord de conciliation. Toutefois, selon les Saoudiens, moins d’une année plus tard, le Hamas a violé l’accord. Depuis, les relations ont continué à se détériorer. En 2015, les forces de sécurité saoudiennes ont arrêté Mahar Salah, un autre responsable du Hamas, sous l’accusation de blanchiment d’argent et l’ont emprisonné. Après une année de détention, il a été expulsé vers la Turquie.

En octobre 2016, les forces de sécurité saoudiennes ont arrêté Nizar Awadullah, un des dirigeants du Hamas. L’arrivée du président Trump à la Maison-Blanche et la nomination de l’héritier du trône, Mohammed bin Salman, avaient accéléré l’aggravation des relations entre le Hamas et les Saoudiens. Après qu’en 2017, le président Trump avait déclaré le Hamas « organisation terroriste », les Saoudiens se sont empressés de s’aligner sur sa position. Par conséquent, en février 2018, le ministre des Affaires étrangères saoudien a désigné le Hamas « organisation terroriste ».

La dernière vague d’arrestations du mois d’avril de cette année, où soixante militants du Hamas avaient été emprisonnés, constituait le dernier acte du changement d’attitude de la maison royale saoudienne à l’égard du mouvement Hamas. Par la suite, les responsables du mouvement avaient accusé les États-Unis et Israël d’exercer des pressions sur les Saoudiens, afin qu’ils emprisonnent les militants du Hamas et interdisent la collecte de fonds pour leurs frères de la bande de Gaza. Le rapprochement spectaculaire de l’héritier de Muhammad bin Salman avec le gendre et le conseiller de Trump, Jared Kushner, avait été qualifié par le mouvement terroriste de coup de couteau dans le dos du Hamas.

Les efforts du Hamas se concentrent actuellement sur sa libération de la prison saoudienne de Muhammad al-Ghodari, âgé de 81 et de son fils Hani. Ils dirigeaient un organisme de collecte de fonds dans le royaume et acheminaient l’argent, via la Turquie, vers les dirigeants du Hamas dans la bande de Gaza. La famille al-Ghodari a lancé un appel au roi saoudien pour les libérer de la détention, mais elle a été informée que l’enquête n’était pas encore terminée.

Les dirigeants du Hamas ont appelé le souverain koweïtien Cheikh Sabah al-Ahmad Al-Jaber et le Premier ministre libanais Saad Al-Khairi pour qu’ils agissent auprès de la maison royale, en vue de la libération de la famille al-Ghodari. La réponse de l’Arabie Saoudite a été : « il s’agit d’une affaire interne au royaume.. »

La famille al-Ghodari affirme que le père, Mohammed al-Ghodari, a une maladie chronique et a récemment subi une intervention chirurgicale. Malgré cela, il a été soumis, par les enquêteurs de la prison saoudienne, à la torture mentale. Il a même passé trois mois en isolement. Suite à ces révélations, la famille al-Ghodari avait déposé une plainte auprès de l’organisation Amnesty International. D’autres informations, parues dans le journal « Al Qutz al arabi », indiquaient que Mohammed al-Ghodari disposant aussi de la nationalité qatari, travaillait comme directeur d’un hôpital militaire au Qatar avec le grade de colonel. Toutes les arrestations de responsables du Hamas, avaient surtout pour but, l’assèchement des circuits de financement du Hamas dans la bande de Gaza.

Le 10 septembre, les États-Unis ont pris une mesure supplémentaire et imposé des sanctions aux responsables du Hamas et aux institutions étrangères qui effectuent des transferts d’argent vers la bande de Gaza. Ces sanctions ont été appliquées contre Marwan Salad Alawi et son entreprise “Redin”, ainsi qu’à son adjoint Ismail Tach, dirigeant une société import-export implantée à Istanbul.

Avec l’approbation évidente des autorités turques, le Hamas dispose d’un bureau à Istanbul. De ce bureau, il coordonne son activité terroriste sur la rive occidentale. Toutefois, dernièrement, à cause de menaces américaines de sanctions, la Turquie procède à une réévaluation de l’activité du Hamas à partir de son territoire. EG♦

Edouard GrisÉdouard GrisMABATIM. INFO
Traduction et adaptation

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