L’Accord infâme des partis de gauche

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Les partis de gauche ont trouvé un accord électoral pour les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet 2024 : les partis de gauche – La France Insoumise, Europe Écologie Les Verts, le Parti Socialiste, le Parti Communiste Français, ainsi que Place Publique et Génération.s – ont annoncé lundi soir vouloir « soutenir des candidatures uniques dès le premier tour » dans chaque circonscription.

L’objectifs de l’accord est de constituer un « nouveau front populaire » rassemblant toutes les forces de gauche, syndicales, associatives et citoyennes. Présenter un « programme de rupture » commun détaillant les mesures à engager dans les 100 premiers jours. Proposer une alternative à Emmanuel Macron et combattre le projet de l’extrême droite. Les candidatures uniques de la gauche unie seront soutenues dès le 1er tour dans chaque circonscription.
Bien que non officialisée, cette éventuelle « Nouvelle Union Populaire » fait déjà l’objet de critiques acerbes, notamment de la part de représentants de la communauté juive qui dénoncent les positions présumées antisémites de LFI.
Raphael Glucksmann, figure politique engagée dans ces discussions, semble prêt à s’en retirer dès ce mardi s’il devait y avoir un alignement total sur la ligne défendue par le parti de Jean-Luc Mélenchon. « L’Union ne peut se faire au mépris de nos principes fondamentaux », a-t-il affirmé sur les réseaux sociaux.
Le Conseil Représentatif des Institutions Juives (CRIF) a vivement condamné ce rapprochement qu’il qualifie « d’accord infâme », jugeant que « l’antisémitisme n’est visiblement pas une préoccupation suffisante » pour ces formations. L’Union des Etudiants Juifs de France a pour sa part dénoncé « une alliance honteuse avec l’antisémitisme » par opposition au « Front Populaire historique contre l’antisémitisme en 1936 ».
Au-delà du monde juif, des personnalités comme l’écrivaine Tristane Banon ont estimé qu’on « ne combat pas un extrême par un autre extrême ». L’humoriste Sophia Aram a rappelé que trop souvent « l’heure n’est jamais assez grave quand elle sonne pour les Juifs ».
Pendant ce temps, à l’extrême droite, Marine Le Pen appelle à une alliance de son parti avec Les Républicains pour contrer ce « Front Populaire » émergent, une main tendue qu’Eric Ciotti, président de LR, semble prêt à saisir.
Cet épisode illustre les profondes divisions idéologiques traversant l’échiquier politique français et les défis pour rassembler au-delà des clivages. La lutte contre le R.N. justifie-t-elle toutes les alliances ? Le débat est lancé.
À l’analyse, cette division profonde au sein de la gauche semble quasiment condamner ces formations à la défaite aux prochaines législatives. Le Rassemblement National et les partis de droite paraissent en effet bien partis pour obtenir une majorité à l’Assemblée. Une perspective que les leaders de gauche n’ignorent très certainement pas.
Une théorie veut alors que cette stratégie de diviser plutôt que d’unir leurs forces relève d’un calcul cynique : laisser le RN accéder au pouvoir pour un bref mandat de deux ans avant la prochaine présidentielle. L’objectif inavoué serait de permettre à l’extrême droite de s’illustrer aux responsabilités, d’essuyer les désillusions et les échecs inévitables pour tout parti encore inexpérimenté à ce niveau, et ainsi de la décrédibiliser durablement aux yeux des électeurs.
Après des années de progression électorale, le RN commence en effet à perturber sérieusement le jeu des grands partis traditionnels, sans avoir jamais réellement exercé le pouvoir. Lui laisser les rênes pourrait donc viser à circonscrire cette menace en la laissant s’autodétruire. Une manœuvre à hauts risques qui, si elle se confirmait, illustrerait l’état de déliquescence du paysage politique français traditionnel.

Jforum.fr

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