L’accord avec les EAU renforce la défense du gaz d’Israël

L’accord avec les EAU renforce la défense du gaz d’Israël

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Sans surprise, les réponses (en Israël et à l’étranger) à l’annonce soudaine du président américain Donald Trump, du Premier ministre Benjamin Netanyahou et de Mohammed ben Zayed, le prince héritier (essentiellement, le dirigeant) des Émirats arabes unis, se sont concentrées sur les points suivants : la question palestinienne et la suspension de l’initiative de souveraineté israélienne; la position commune contre la menace iranienne; et même les implications politiques en Israël et aux États-Unis (Trump et Netanyahou sur la sellette). Tous ces facteurs étaient, en effet, des aspects significatifs et importants des développements secrets, menés depuis longtemps en coulisses, qui ont conduit à la percée historique.

Une autre question importante a été quant à elle, négligée, bien qu’elle jette un éclairage supplémentaire et significatif sur le moment de l’annonce – et sur la profondeur du partenariat stratégique entre Israël et les Emirats Arabes Unis -, au plus fort d’une crise capitale qui se déroule actuellement dans l’est du bassin de la mer Méditerranée.

Le public israélien s’est tenu à l’écart, ces derniers mois, des échos de la guerre civile en Libye, qui est devenue un champ de bataille vital entre la Turquie, aidée par le Qatar, et l’Égypte, qui a été constamment et largement soutenue par les Émirats arabes unis. Il est important de noter le fossé prolongé entre le Qatar d’un côté et l’Arabie saoudite et les émirats du Golfe de l’autre, qui découle, entre autres, du point de vue favorable du Qatar sur le mouvement des Frères musulmans (et de sa branche armée à Gaza et en Libye).

Au cours de la semaine dernière, cependant, le combat en Libye est devenu plus pertinent pour Israël et son avenir. Les ministres des Affaires étrangères d’Égypte et de Grèce – Sameh Shoukry et Nikolaos Dendias – ont signé au Caire un accord délimitant les zones économiques exclusives respectives des pays de la Méditerranée orientale.

Cet accord met les deux pays sur une trajectoire de collision avec la carte tracée par le président turc Recep Tayyip Erdogan et le gouvernement de Fayez al-Sarraj, qui contrôle la capitale libyenne de Tripoli et le nord-ouest de la Libye. Sur la base de cette carte, la Turquie et la Libye partagent une frontière de ZEE, et donc la Grèce ne peut pas, physiquement, en partager une avec l’Égypte.

Sur le plan fondamental, le différend porte sur le statut des îles, comme la Crète. Sur le plan pratique, l’objectif de la Turquie est d’empêcher Chypre, l’Égypte et Israël d’accéder aux marchés européens du gaz naturel.

En réponse à l’accord égypto-grec, Erdogan a envoyé un navire de recherche sismique, escorté par cinq navires de guerre, vers la mer Égée, pour opérer dans les eaux économiques grecques (telles qu’elles sont désignées par le droit international), mais que la Turquie revendique comme ses possessions. Par conséquent, la menace d’une conflagration militaire en Méditerranée orientale est palpable.

Tout cela est directement lié à la percée diplomatique d’Israël avec les Émirats arabes unis. Les Émirats arabes unis considèrent le régime d’Erdogan comme une menace, travaillant pour aider les Frères musulmans à prendre le pouvoir dans les pays de la région, y compris l’Égypte. Par conséquent, les Émirats arabes unis (avec l’Arabie saoudite) ont soutenu l’éviction de l’ancien président égyptien Mohammed Morsi à l’été 2013.

La Turquie, pour sa part, a répudié le «vol de pouvoir» de l’actuel président égyptien Abdel Fatah el-Sissi. C’est aussi la raison pour laquelle l’Egypte s’est ralliée au secours du maréchal libyen Khalifa Haftar dans l’ouest de la Libye et à sa tentative de capturer Tripoli – contrecarrée lorsque la Turquie est intervenue militairement au nom de Sarraj.

Dans le sillage de l’accord égypto-grec, le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Anwar Gargash, a soutenu sans équivoque la position égyptienne, la décrivant même comme une «victoire» d’importance historique.

Quoique dans des termes moins explosifs, la semaine dernière, Israël s’est également prononcé en faveur de l’accord. Quiconque cherche à comprendre pourquoi Israël et les Émirats arabes unis ont annoncé leur traité de paix en ce moment devrait examiner ces développements géopolitiques, ainsi (et autant) que les questions de souveraineté israélienne en Judée-Samarie et la menace iranienne croissante.

Publié en  Israël Hayom  16.08.2020

Colonel (res.) Dr Eran Lerman

1 Commentaire

  1. Cela chauffe au MO, d’un côté l’axe Turquie-Qatar et de l’autre Grèce-Israël-Egypte-Arabie Saoudite-Emirats. Que feront l’Iran et surtout la Russie ? Mais également l’Amérique et l’Europe ? Sans oublier l’Empire du milieu, la Chine.
    L’autre front chaud se joue entre l’Iran-Hezbollah-Hamas-AP d’un côté et Israël-Emirats-Arabie Saoudite-Egypte.

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