La Vache Rousse

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Autour de la table de Chabbath, 340 Paracha Houkat

Ces paroles de Tora seront étudiées le-Ylouï Nichmat Avi Mori (mon père) Yacov Leib Ben Avraham Naté zir’hono livrakha (que son souvenir soit béni)

On remerciera Hachem car dans sa grande bonté les dirigeants de l’Etat où « les Yeux de D’ scrutent le pays depuis le début de l’année jusqu’à la fin » doivent changer pour laisser la place à de nouveaux dirigeants qui auront le souci de diriger notre saint pays d’après les lois (ou tout du moins l’esprit) de notre sainte Tora pour le bien être de toute la communauté d’Israël.

Dans notre paracha sont enseignées toutes les lois concernant la « Para Adouma », la vache rousse. On sait qu’un homme qui a été en contact avec un mort est impur au plus haut niveau. Nécessairement, s’il est Cohen, il ne pourra plus manger de la Terouma, des sacrifices, ni même se rendre au Temple de Jérusalem. Pour « retrouver » sa pureté originelle, il devra être aspergé par deux fois d’eau mélangée aux cendres de la vache rousse. C’est un des décrets de Hachem sur lequel même le plus intelligent des hommes, le roi Salomon, a dit que ce commandement dépassait tout entendement humain.

La suite de la paracha traite de la mort de la prophétesse Myriam. Cette grande tsadéketh n’est pas morte comme le commun des mortels (par l’ange de la mort) mais par Hachem Lui-même. C’est le propre des grands tsadikim qui ne souffrent pas lors de la séparation de leur âme d’avec leur corps !

Les Sages apprennent de la juxtaposition entre les lois de la vache rousse et la mort de Miriam : la mort des tsadikim a le pouvoir d’expier les fautes de la communauté comme la vache rousse peut le faire (Rachi 20.1; Moèd Katan 28). Cet enseignement est donné après que les deux évènements soient juxtaposés dans la Tora. Or la mort de Myriam a eu lieu 40 années après la sortie d’Egypte tandis que la loi de la Para Adouma a été donnée dès la deuxième année du désert. Donc puisque les deux passages ont été écrits l’un après l’autre (alors que 38 ans les séparent), c’est la preuve que la Tora veut nous apporter un enseignement par cette juxtaposition (Mé’am Lo’éz). Avant de passer à notre développement, on est obligé de dire un mot sur la vache rousse. La Para Adouma n’est pas un sacrifice comme les autres ! Cela ressemble à un sacrifice, mais ce n’en n’est pas (car elle n’était pas apportée sur l’autel des sacrifices dans le Temple de Jérusalem). C’était uniquement un moyen de redevenir pur ! Donc lorsque les Sages disent que la vache expie, l’intention est de dire que la vache rousse enlève « un petit peu » de la faute du veau d’or ! Comme les Sages le disent : « Que vienne la mère (la vache rousse) et lave les saletés qu’a laissé son petit (le veau d’or)!

 Après cette introduction, on s’attardera sur le concept de la disparition (lo ‘alénou/ Que D’ nous en garde) du Tsadik. En quoi entraine-t-il l’expiation des fautes de la génération ?

On comprend bien que sur terre il existe des hommes qui sont bien au-dessus du commun des mortels. A force de pratiquer la Thora, les Mitsvoth, et de travailler sur leurs traits de caractères et en particulier leurs envies, ils se sont élevés. Ce ne sont plus des bipèdes qui se déplacent sur terre mais des vrais anges au service du divin ! (comme dit le ‘Hazon Ich). Donc la perte de tels hommes c’est d’abord une grande catastrophe pour l’humanité (car le Tsadik est le vecteur de la bénédiction sur terre !). Lorsque les Sages disent qu’il expie la faute, on peut l’expliquer de plusieurs manières. Lorsque le Tsadik part pour un monde meilleur, ses élèves, proches et le peuple prend sur lui de se renforcer dans la pratique de la Tora en l’honneur du saint homme (à l’exemple de la disparition du rav Shakh zatsal qui demanda à son départ que le public prenne sur lui d’accomplir UNE pensée de Moussar/morale juive en sa mémoire). Ce repentir qui s’effectue au départ du Tsadik est crédité au compte du mort, et en soi c’est une grande expiation des fautes sur terre. Car il n’y a rien qui répare comme la Techouva/repentir des vivants.

Cependant, on peut aussi expliquer ce phénomène au travers du sacrifice. On sait en effet qu’il existait un sacrifice perpétuel au Temple de Jérusalem, le matin et l’après-midi. Sa fonction était d’effacer les fautes du Clall Israël afin que tous les jours un Juif ne se lève pas de bon matin avec la faute de la veille à son passif. De la même manière la mort du tsadik influence le monde entier. Puisque c’est lui la « perle » du monde, alors lorsque Hachem reprend son âme, c’est une grande perte pour la communauté. Car les âmes du Clall Israël sont liées les unes avec les autres. Donc cette souffrance est en soi une grande expiation pour tous ! Le Hatham Sofer rapporte une donnée supplémentaire, c’est que précisément lorsque le tsadik meurt avant son heure qu’à ce moment il y a expiation des fautes ! Mais s’il vit tous les jours qui lui sont attribués à sa naissance, il n’y aura pas expiation ! (Torath Moché Beréchith 20 d.h Lo et Amnam).

On finira par une anecdote connue. La fille du ‘Hafets ‘Haim était mariée avec le rav Hirsh Lévinson zatsal. Cet homme était rav dans la Yéchiva de son beau-père et était particulièrement apprécié par les élèves. Lors de la Première Guerre mondiale, la Yechiva a vécu de grandes tribulations et lors d’un hiver très froid le rav Lévinson a vu un des élèves sans chaussures ! Il lui a donné ses propres bottes pour que l’élève chétif s’en sorte. Or le froid était tellement intense et la faim était si grande que le rav Lévinson est tombé gravement malade. Finalement il rendit l’âme. La fille du ‘Hafets ‘Haïm est venue voir son père en disant : « Pourquoi Hachem a pris mon Hershelé ? Il n’avait que mon mari à prendre ? » Le saint ‘Hafets ‘Haim lui répondit. « Ma fille, que préfères-tu ? Qu’un tiers du Clall Israël parte ou que ton mari disparaisse ?! »

 

Prière de ne pas déranger entre 2 h et 4 h

Comme on a parlé des Tsadikim, on finira notre bulletin par deux anecdotes sur un des grands de notre génération : le rav Moché Feinstein zatsal. De ces exemples, on apprendra un tant soit peu à faire attention dans son rapport avec son prochain. La première anecdote, c’est peu après la période de décès du rav (en 1986). Le téléphone sonna dans la maison des Feinstein à New York. On est la veille du Chabbat et une dame, semble-t-il d’un certain âge, est au bout du fil. Elle demande à parler au rav. On l’informe de la triste nouvelle. Très émue elle demande quand même l’heure de la rentrée du Chabbat. On lui répond volontiers. La semaine suivante de nouveau la même dame est au bout du fil et demande de nouveau l’heure d’entrer du Chabbat. Là encore les gens lui répondent. Une troisième semaine encore le téléphone sonne la veille du Chabbat et de nouveau cette dame demande l’heure de l’entrée du Chabbat ! Cette fois une personne demande à cette dame pourquoi elle ne possède pas le calendrier des horaires ? La femme à l’autre bout du fil un peu interloqué répondit « Cela fait DES ANNEES que j’appelle TOUTES les veilles de Chabbat le rav Moché zatsal, et PAS UNE FOIS il ne m’a dit d’acheter un calendrier ! Je suis veuve, et c’est toujours avec autant de gentillesse qu’il me répondait durant toutes ces années ! » Fin de l’anecdote, et pour nos fidèles lecteurs je dois ajouter que le rav Moché étant le grand rav d’Amérique, et du monde entier, il recevait des questions brûlantes, et en particulier la veille de Chabbat ! Et malgré tout il gardait une humilité à toute épreuve !

Une autre anecdote, rapportée par un avrekh d’Erets Israël. Un jour, il appelle le rav Moché Feinstein zatsal pour lui poser une question brulante. Après plusieurs sonneries le rav répond. L’avrekh se présente et pose sa question. Le rav lui demande alors de patienter un peu au bout du fil. Après quelques minutes le rav revient au fil et donne la réponse attendue. Et avant de raccrocher, le rav Feinstein demande à son interlocuteur son nom et son adresse. Fin du premier épisode.

Quelques temps plus tard notre avrekh d’Erets reçoit un courrier d’Amérique, dans lequel est glissé un billet vert avec une lettre. Il est expliqué que puisque la communication a duré plus longtemps que d’habitude et comme le tarif téléphonique est cher, voici joint le paiement de la communication. Signé Moché Feinstein. Notre avrekh était grandement étonné, mais la suite fut encore plus déconcertante. Il fait une rapide enquête et découvre qu’au moment où il a contacté le rav, il était 8 heures en moins (par rapport à l’heure d’Israël). Donc d’après ces calculs il était 3 h du matin lorsque le téléphone sonna dans la maison des Feinstein ! C’est pourquoi le téléphone a sonné plusieurs fois. De plus, quand le rav a pris quelques minutes afin de répondre à la question, il était en fait couché ! Il devait donc nécessairement dire la bénédiction sur la Tora avant de répondre à une question de Halakha. Ce n’était pas pour chercher dans un livre la réponse à la question mais uniquement pour faire la bénédiction ! La réponse, il la connaissait immédiatement car tout était inscrit dans son cœur ! (Pour nos érudits il faut savoir que le rav Feinstein zatsal a fait pas moins de 200 fois l’étude de tout le Choul’han ‘Aroukh et du Tour ainsi que de tous les commentaires !). Et tout ce temps était inclus dans le paiement de la communication téléphonique !

Donc pour nous, ces anecdotes nous convaincrons que l’étude de la Tora n’est pas comme toutes les autres sciences ! (Imaginez l l’agrégé de la fac de médecine de Paris, alors qu’un jeune stagiaire lui demande un renseignement à 3 h du matin ! Vous nous tiendrez au courant si la police n’est pas déjà au pied de l’immeuble du mauvais plaisantin qui ose appeler à une heure si tardive ! N’est-ce pas ?) Donc la Tora c’est aussi une manière de vivre et d’être attentif dans son rapport avec son prochain.

Coin Halakha : un ustensile dont son utilisation est interdite à Chabbat sera « Mouksé ». Par exemple un marteau (sert à planter des clous, ce qui est formellement interdit à Chabbat) ne pourra être déplacé à sa guise (même si on ne veut pas planter de clous). C’est uniquement dans le cas où on en aura besoin pour une utilisation permise, qu’il sera permis de le prendre. Par exemple, si je n’ai pas de casse-noix (Michna Beroura) je pourrais prendre mon marteau pour casser mes noix ou ma noix de coco (ce qui s’appelle « LeTsorekh goufo »). Autre cas permis, déplacer mon marteau si j’ai besoin de la place où il est posé. Par exemple mon jeune fils a posé ce marteau sur une chaise et j’ai des invités qui viennent chez moi, je pourrais prendre le marteau et le ranger à sa place (Tsorekh mekomo).

Chabbat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut.

David Gold Soffer

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