Israël fait face à un nouvel obstacle diplomatique alors que la Turquie a opposé son veto à sa participation aux prochains exercices militaires de l’OTAN. Cet acte, perçu par Jérusalem comme une politisation de l’organisation, reflète les tensions croissantes entre les deux nations depuis le début du conflit à Gaza. Le ministère israélien des Affaires étrangères estime que cette décision pourrait sérieusement compromettre l’engagement de l’État hébreu au sein de l’Alliance.
Dans le fonctionnement de l’OTAN, toute décision requiert un consensus entre les membres. Ainsi, la Turquie, en s’opposant à la participation d’Israël, bloque de facto son intégration aux manœuvres militaires de l’Alliance. Cependant, aucun mécanisme juridique n’existe pour contraindre Ankara à revenir sur sa position.
Un responsable israélien a dénoncé l’utilisation de ce veto comme un levier politique, affirmant qu’il affaiblit la coopération régionale et nuit à la capacité de l’OTAN à gérer les défis de sécurité mondiale. « Au lieu de renforcer l’unité et la défense collective, la Turquie exploite son influence pour entraver des partenariats stratégiques », a-t-il déclaré.
Ankara avait déjà tenté d’empêcher Israël d’obtenir un statut d’observateur au sein de l’OTAN avant de finalement céder sous la pression diplomatique. Mais depuis octobre 2023, la Turquie a systématiquement utilisé son droit de veto pour limiter les relations de l’Alliance avec Israël, bloquant sa participation à plusieurs réunions et exercices conjoints.
Les États-Unis et l’OTAN : un soutien incertain
Si Ankara a déjà cédé sous pression, comme lors de l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN, un revirement sur Israël semble peu probable en l’absence d’un appui ferme de Washington. Or, aux États-Unis, l’intérêt pour l’OTAN diminue progressivement.
Le milliardaire Elon Musk, conseiller influent de Donald Trump, a récemment exprimé son scepticisme quant à la pertinence de l’OTAN pour les États-Unis, suggérant que le pays devrait se retirer de l’organisation. Cette position fait écho aux critiques récurrentes de Trump sur le coût de la défense européenne, qui pèse lourdement sur le budget américain.
Des discussions sont en cours à la Maison-Blanche sur la possibilité de ne plus garantir l’application stricte de l’article 5 du traité de l’OTAN – qui prévoit une réponse collective en cas d’attaque contre un État membre – si certains pays européens ne respectent pas leurs engagements financiers en matière de défense.
Une opportunité pour l’industrie militaire israélienne
Alors que l’OTAN traverse une période d’incertitude, les entreprises israéliennes du secteur de la défense pourraient tirer parti de la situation. Selon le quotidien Haaretz, un affaiblissement de l’engagement américain dans l’Alliance pourrait profiter à Israël, dont les technologies militaires suscitent un intérêt croissant en Europe.
La société de défense israélienne Elbit Systems a vu son action bondir de 7,3 % après un échange tendu entre Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Les analystes estiment que l’Europe pourrait chercher à diversifier ses fournisseurs d’armement en s’orientant davantage vers Israël, reconnu pour son expertise dans la lutte contre des systèmes d’armement russes en Syrie, au Liban et en Iran.
Felix Frisch, consultant stratégique, souligne que « si l’OTAN se fragilise, les Européens chercheront des alternatives aux équipements américains. Israël, avec son expérience et ses avancées technologiques, pourrait devenir un partenaire privilégié pour de nombreux États ».
Un tournant stratégique pour Israël
Alors que la Turquie bloque l’engagement d’Israël au sein de l’OTAN, cette dynamique pourrait paradoxalement se transformer en avantage stratégique pour Jérusalem. En renforçant ses liens avec des nations européennes soucieuses de moderniser leurs capacités militaires, Israël pourrait consolider son influence sur la scène sécuritaire mondiale, tout en réduisant sa dépendance aux décisions politiques de l’Alliance.
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