La stratégie de survie du régime iranien ?

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La stratégie de survie du régime iranien: retarder, tromper, survivre à Trump

par Majid Rafizadeh

Le régime iranien, qui se trouve actuellement à l’un des moments les plus délicats de son histoire récente, représente une opportunité cruciale pour les États-Unis et leurs alliés.

L’effondrement du régime syrien de Bachar al-Assad, son plus puissant allié régional, a privé Téhéran d’un pilier de soutien essentiel au Moyen-Orient. Les groupes mandataires les plus puissants de l’Iran, le Hamas et le Hezbollah, ont subi des revers importants à cause des opérations militaires israéliennes. L’économie iranienne étant en ruine et son isolement croissant, le régime est plus vulnérable que jamais. Il ne faut pas gâcher cette occasion. Elle offre une occasion sans précédent de freiner les ambitions de l’Iran, et ce de manière permanente.

Depuis le retour de Donald Trump à la présidence, le régime iranien tend désormais un rameau d’olivier, soi-disant prêt à négocier sur son programme nucléaire.

Mohammad Javad Zarif, vice-président iranien chargé des affaires stratégiques et personnalité politique de premier plan, a publiquement exhorté Trump à relancer les négociations diplomatiques. « J’espère que cette fois-ci, [Trump] sera plus sérieux, plus concentré, plus réaliste », a-t-il déclaré . Cette ouverture à la diplomatie est en fait une manœuvre stratégique pour gagner du temps. L’Iran craint sans aucun doute que Trump ne rétablisse non seulement des sanctions économiques écrasantes mais, si celles-ci ne le satisfont pas, qu’il soutienne une action militaire israélienne contre les installations nucléaires iraniennes.

L’enthousiasme soudain des mollahs pour les négociations ne signifie pas qu’ils envisagent d’abandonner leurs ambitions nucléaires, mais plutôt de les utiliser comme un stratagème pour survivre à la présidence de Trump. Pour le régime, les négociations ne sont rien d’autre qu’une tentative désespérée d’empêcher Trump de paralyser son programme nucléaire au-delà de toute possibilité de rétablissement.

 

Les États-Unis ne doivent pas tomber dans le piège de l’Iran. L’idéologie fondamentale du régime iranien demeure inchangée. Le régime repose sur un socle inébranlable d’antisémitisme et d’anti-américanisme : « le Petit Satan » qui empêche l’Iran de vaincre un jour « le Grand Satan ». Aucun accord diplomatique ne modifiera ces convictions fondamentales. L’objectif stratégique de l’Iran demeure « l’exportation de la révolution islamique ». Aucune négociation, passée, présente ou future, ne modifiera cette mission.

Pour le régime iranien, la tactique de négociation pour gagner du temps s’est avérée très payante. L’Iran a réussi à conclure un accord avec l’administration Obama qui lui a apporté un soulagement financier, une légitimité diplomatique et la promesse d’ armes nucléaires dans quelques années seulement, c’est-à-dire en octobre prochain.

 

Lorsque le président Barack Obama a pris ses fonctions, l’Iran était à genoux, en raison des sanctions sévères imposées par l’administration Bush. Mais au lieu de maintenir la pression, Obama a préféré rechercher un « accord nucléaire » en acceptant le Plan d’action global commun (JCPOA), qui a levé les sanctions et injecté des milliards de dollars dans l’économie iranienne. C’est cette manne financière qui a permis à Téhéran de réapprovisionner ses groupes mandataires.

Les conséquences de cette décision sont devenues évidentes le 7 octobre 2023, lorsque le Hamas, fort du soutien iranien, a lancé une invasion brutale d’Israël, suivie le lendemain, sans relâche, par le Hezbollah depuis le Liban. L’Iran, lui aussi enhardi, a commencé pour la première fois à lancer des missiles balistiques – près de 200 d’entre eux – directement depuis son territoire sur Israël, un pays de la taille du New Jersey.

 

Le régime iranien tente désormais de reproduire les succès obtenus lors des longues négociations avec Obama et Biden avec Trump. Cette opération permettrait à l’Iran de gagner du temps, de l’argent, de la légitimité et de préserver son programme nucléaire.

L’Iran veut entraîner Trump dans un processus de négociation de quatre ans et perdre du temps jusqu’à ce qu’il quitte le pouvoir.

L’ambition ultime de l’Iran reste inchangée : acquérir des armes nucléaires – non seulement comme moyen de dissuasion, mais comme instrument crucial pour atteindre ses objectifs islamistes révolutionnaires : anéantir Israël, exporter sa révolution et, en fin de compte, remodeler l’ordre mondial en accord avec ses vues extrémistes.

 

La possession d’armes nucléaires offre à tout régime un bouclier protecteur contre les interventions étrangères, supprimant ainsi la crainte de représailles. Dans ce contexte, aucun effort diplomatique – quelle que soit sa structure – ne parviendra à convaincre l’Iran de renoncer volontairement à ses ambitions nucléaires.

Malheureusement, l’Iran semble être dangereusement proche de parvenir à une évasion nucléaire. La seule solution viable est de neutraliser dès maintenant les installations nucléaires iraniennes.

La marche à suivre de l’administration Trump est claire : réimposer une pression maximale, soutenir Israël dans son ciblage des infrastructures nucléaires iraniennes et s’assurer que les tactiques dilatoires du régime ne réussissent pas une fois de plus.

Le Dr Majid Rafizadeh est politologue, analyste diplômé de Harvard et membre du conseil d’administration de la Harvard International Review. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la politique étrangère des États-Unis.

JForum.fr avecwww.gatestoneinstitute.org
Sur la photo : le président iranien Masoud Pezeshkian regarde un missile « Qasem Soleimani » déployé lors d’un défilé militaire à Téhéran, le 21 septembre 2024. (Photo par Atta Kenare/AFP via Getty Images)

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