La stratégie de conflit mesuré : un piège pour Israël ?

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Depuis quelque temps, le Hezbollah semble trouver avantageux de mener un conflit où il choisit minutieusement le moment, le lieu et l’intensité de ses attaques contre Israël. Malgré les pertes qu’il subit, le groupe, soutenu par l’Iran, persiste dans ses actions, témoignant ainsi de sa détermination à poursuivre l’escalade du conflit.

Dimanche dernier, cette stratégie a été mise en œuvre avec le lancement de milliers de roquettes visant Israël. En réponse, l’armée israélienne a riposté massivement, mobilisant une centaine d’avions pour frapper divers sites ennemis et détruire des milliers de lanceurs de roquettes. Depuis octobre 2023, le Hezbollah a perdu plus de 420 de ses combattants et plusieurs de ses infrastructures, comme des postes d’observation, ont été détruites. Néanmoins, l’organisation terroriste continue de montrer une résilience notable, affirmant qu’elle est capable de remplacer ses pertes et que ses actions portent leurs fruits. Du point de vue du Hezbollah, ces attaques répétées, menées pour la plupart sur le territoire israélien, sont perçues comme un succès. En effet, les conséquences sur Israël sont significatives : l’évacuation de 60 000 personnes, des milliers d’élèves contraints de commencer leur année scolaire loin de chez eux, et des communautés du nord d’Israël en ruines. La ville de Kiryat Shmona, par exemple, reste déserte, ses habitants craignant de revenir.

Le Hezbollah semble tirer profit d’une guerre qu’il perçoit comme proportionnelle, mais où il a finalement moins à perdre qu’Israël. Jusqu’à présent, les actions du Hezbollah n’ont pas entraîné de répercussions politiques majeures au Liban. Bien que des civils aient dû fuir le Sud-Liban, le Hezbollah continue de manœuvrer sans perdre son emprise sur la situation. Le groupe a des rivaux politiques internes, mais il est prêt à sacrifier une partie du pays pour atteindre ses objectifs.

Du point de vue de l’Iran, cette situation constitue une victoire stratégique. Téhéran parvient à infliger des dommages au nord d’Israël tout en restant à l’abri des répercussions directes sur son propre territoire. L’Iran utilise également d’autres alliés régionaux, comme ceux en Irak, en Syrie et au Yémen, pour intensifier la pression sur Israël. Malgré les destructions au Liban et à Gaza, la position de l’Iran dans la région reste solide.

Les pays que l’Iran exploite pour mener ces conflits sont souvent en proie à la pauvreté, ce qui signifie que leurs populations ont moins à perdre en cas d’escalade militaire. Le Yémen, par exemple, est déjà ravagé par la guerre depuis des années, et les Houthis n’ont que peu de considération pour l’état de leur pays. Le Liban, quant à lui, est au bord de la faillite, tandis que l’Irak et la Syrie portent les stigmates de décennies de conflits.

L’Iran semble redessiner l’équilibre des forces dans la région. Malgré les efforts d’Israël pour contrer son influence, notamment en Syrie entre 2014 et 2023, l’Iran a réussi à y établir une présence durable et à armer le Hezbollah. Ce dernier dispose désormais de stocks importants de munitions de précision et de drones, et bien que certains stocks aient été détruits, il semble avoir caché ses capacités les plus sophistiquées dans des tunnels et des bunkers souterrains.

Le Hezbollah doit maintenant décider de la suite de ses actions. Est-il prêt à normaliser ce conflit de faible intensité ou envisage-t-il de passer à une nouvelle phase d’opérations, comme il l’a menacé ? Jusqu’à présent, le Hezbollah a compris que tant qu’il limitait ses attaques à une certaine distance de la frontière, une escalade majeure était évitée. Cette stratégie pourrait bien ne pas être dans l’intérêt à long terme d’Israël, mais le Hezbollah semble pour l’instant y trouver son compte. La question cruciale reste de savoir si ce type de conflit sert réellement les intérêts à long terme du Hezbollah.

Ces conflits mesurés entre Israël, d’une part, et l’Iran, le Hezbollah, ainsi que les Houthis, d’autre part, exercent une pression constante sur l’armée israélienne, sa population et son économie. Contrairement à Israël, ces adversaires proviennent de pays aux économies faibles et à la population appauvrie, ce qui les rend moins vulnérables à l’usure prolongée d’un tel conflit. Depuis le 7 octobre, l’objectif de l’Iran semble être de maintenir Israël dans un état de guerre larvée, une situation qui, à long terme, pourrait s’avérer épuisante pour l’État hébreu. Espérons qu’Israël et ses alliés parviendront à sortir de cette situation extrêmement éprouvante dans les plus brefs délais.

Jforum.fr

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