Par Richard Kemp
Il y a 50 ans exactement, les 5 et 6 septembre 1972, le monde regardait, horrifié, un nouvel et brutal assassinat de Juifs sur le sol allemand. Au cœur des Jeux olympiques de Munich, huit terroristes de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), agissant sous le nom de code « Septembre Noir », ont torturé et assassiné 11 athlètes israéliens, émasculant l’un d’eux alors qu’il gisait mourant devant ses coéquipiers.
Le commando a pris d’assaut le logement des athlètes, en a tué deux immédiatement et retenu les autres en otage, exigeant la libération de 234 terroristes emprisonnés en Israël. Le Premier ministre Golda Meir – signataire de la déclaration d’indépendance d’Israël en 1948 – a refusé de négocier, qualifiant cette demande de chantage. Elle a déclaré plus tard : « Nous avons appris une amère leçon. Sauver une vie immédiatement a pour conséquence de mettre en danger d’autres vies. Le terrorisme doit être anéanti. »
Berlin a offert un sauf-conduit et un chèque en blanc aux terroristes, mais sans succès. Le désastre a surgi le 6 septembre, d’une embuscade bâclée tendue aux tueurs. Quand les services de sécurité allemands ont attaqué les terroristes qui venaient d’être débarqués en hélicoptère sur la base aérienne de Fürstenfeldbruck près de Munich, ces derniers ont riposté en massacrant les neuf athlètes survivants à coups de grenades et d’armes à feu. Un policier allemand a également perdu la vie. Tous les terroristes ont été tués sauf trois. L’unité des forces spéciales de Tsahal, Sayeret Matkal (Unité de reconnaissance de l’état-major général) avait proposé de monter une opération de sauvetage, mais le gouvernement allemand leur a refusé l’accès au territoire allemand et a rejeté avec arrogance les conseils des spécialistes israéliens.
Les chefs du Mossad et du Shin Bet arrivés par avion ont été condamnés à regarder leurs compatriotes israéliens se faire massacrer.
Les terroristes étaient équipés d’armes introduites clandestinement en Allemagne par des diplomates libyens. C’est en Lybie qu’ils se sont entrainés en vue de leur mission meurtrière, et le président libyen, Mouammar Kadhafi, a lui-même financé l’attaque à la demande du chef de l’OLP Yasser Arafat. Par la suite, Arafat a nié toute implication dans l’opération et deux ans plus tard, une standing ovation a accueilli son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies. Mahmoud Abbas, aujourd’hui président de l’Autorité palestinienne, a joué un rôle clé dans la préparation de l’opération. Cinquante ans plus tard, ce même Abbas parade dans les arènes internationales sans avoir jamais exprimé le moindre remords pour les meurtres qu’il a aidé à réaliser.
Au cœur même de l’attaque, Avery Brundage, président du Comité international olympique (CIO), a insisté pour que les jeux continuent. Pendant que deux Israéliens gisaient morts et que neuf autres étaient sous la menace d’une arme à feu, la première épreuve d’athlétisme de la matinée a commencé comme prévu, avec une précision toute germanique, à 8h15. Brundage n’a accepté de suspendre les jeux que pendant 12 heures au début de l’agression. Après cette brève pause, les compétitions ont repris comme si de rien n’était. « Incroyable, ils continuent », a écrit The Los Angeles Times, « c’est presque comme un ballet à Dachau » (distant de quelques kilomètres seulement).
Lors d’un discours prononcé à l’occasion d’un service commémoratif organisé au lendemain des meurtres, M. Brundage – le même qui avait empêché les Etats Unis de boycotter les Jeux olympiques nazis de Berlin en 1936 pour protester contre la persécution des Juifs -, a outrageusement minimisé le meurtre des 11 Israéliens. Une demande de la chancelière allemande de mettre en berne les drapeaux des nations participant aux jeux a été annulée après le refus des pays arabes.
Zvi Zamir, chef du Mossad, témoin du massacre, a écrit :
« Nous avons regardé les athlètes israéliens les mains liées, marcher du même pas que les terroristes qui les escortaient, en direction des hélicoptères. C’était un spectacle épouvantable, surtout pour un Juif, d’assister à cela sur le sol allemand. »
Une riposte violente a eu lieu contre l’OLP rapidement. Deux jours après le massacre, le 8 septembre, des avions de combat israéliens ont bombardé dix bases de l’OLP en Syrie et au Liban, tuant jusqu’à 200 terroristes. Trois avions syriens qui tentaient de s’interposer ont été abattus. Les blindés de Tsahal ont également mené une opération au sol au Liban, tuant environ 45 terroristes de l’OLP.
Le 10 septembre, une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU a appelé Israël à cesser ses opérations militaires en Syrie et au Liban sans faire aucune référence au massacre de Munich. Mais les États-Unis y ont mis leur veto sans tenir compte des vives protestations de l’Union soviétique et de la Chine. L’ambassadeur soviétique a fait remarquer que mettre les raids israéliens sur le même pied que les événements de Munich « reviendrait à cautionner la politique agressive des maniaques israéliens ». L’Union soviétique qui a créé l’OLP, financé et soutenu sa ligne terroriste et ses attentats, avait, elle aussi, les mains dégoulinantes du sang de Munich.
L’ambassadeur américain à l’ONU, George HW Bush, a déclaré que la résolution ne tenait pas compte des réalités et « ne considérait que les effets en oubliant les causes ». « Faire silence sur la catastrophe de Munich » a-t-il ajouté, équivalait à une incitation au terrorisme. Abordant la question plus large de la violence palestinienne, Bush a indiqué : « Nous voulons et travaillons à créer un monde dans lequel les athlètes n’ont pas à craindre d’être assassinés ni les voyageurs aériens à redouter un détournement ».
Les propos de Bush à New York ont été bien accueillis en Israël, mais une nation traumatisée a assisté au départ de 11 cercueils de l’aéroport de Lod, escortées de voitures de commandement de Tsahal. La détresse des Israéliens était d’autant plus grande que les jeux ont continué comme si un massacre des Juifs en Europe relevait du détail. Il incombait à Golda Meir de traduire les paroles de Bush en actes : c’était son peuple qui était dans le collimateur.
Les raids militaires en Syrie et au Liban ne pouvaient pas suffire. La menace des pays du Moyen-Orient était une chose, et le terrorisme en Europe une autre. Avant Munich, les services de renseignements israéliens informaient les gouvernements européens sur les agissements terroristes et les plans d’attaque des cellules implantées dans leurs pays. Mais comme Meir l’a dit à la commission des affaires étrangères de la Knesset : « Nous les en informons une, deux, trois ou cinq fois, et il ne se passe rien » [cité dans Lève-toi et tue le premier de Ronen Bergman, 2018]. La réticence des Européens à agir sur la base de renseignements en provenance d’Israël et à contrarier les terroristes palestiniens et leurs parrains arabes a eu pour conséquence d’accélérer les attentats meurtriers. Rien qu’en Allemagne de l’Ouest, dans les trois années précédant Munich, 16 personnes juives ou de nationalité israélienne avaient été tuées et blessées dans sept attaques terroristes.
Constatant l’inaction de l’Europe, le Mossad avait déjà proposé au gouvernement israélien d’agir directement contre les terroristes sur le continent européen. Mais attachée au respect de la souveraineté des pays amis, Meir n’avait autorisé de riposte que dans les pays du Moyen-Orient hostiles à Israël. Après Munich, tout a changé. Six jours après le massacre, elle a déclaré à la Knesset :
« Partout où un complot s’élabore, partout où l’on entraîne des individus à assassiner des Juifs, des Israéliens – des Juifs n’importe où – c’est là que nous nous engageons à les frapper » [Lève-toi et tue le premier, Ronen Bergman, 2018].
Ces mots de Golda Meir ont été le prélude à l’une des opérations anti-terroristes les plus réussies au monde.
Avant de prendre position aussi fermement et avant de soumettre sa décision au cabinet, Meir était passée par une crise morale et politique bien compréhensible. Elle a dit plus tard :
« Il n’y a aucune différence entre tuer et envoyer tuer. C’est exactement la même chose, voire pire. »
Elle était également préoccupée par les dangers physiques et psychologiques encourus par ces jeunes Israéliens. Elle savait qu’un homme qui chasse, peut aussi être chassé. « Ils sont assis entre les mâchoires de l’ennemi » a-t-elle déclaré.
Le Mossad se préparait depuis 1969. Des équipes chargées de commettre des meurtres ciblés, baptisées « Bayonet », furent dépêchées partout en Europe. La première frappe a eu lieu moins de deux mois après Munich. Le 16 octobre à Rome, le représentant de l’OLP en Italie, Wael Zwaiter, un cousin de Yasser Arafat, a été abattu. D’autres meurtres ont suivi en France, à Chypre, en Grèce et ailleurs. Les exécutions ont été suspendues après la bavure de Lillehammer, en Norvège, en juillet 1973. Un innocent a été confondu avec un terroriste de l’OLP et a été exécuté. Les assassinats ciblés ont repris en 1978 peu après l’arrivée au pouvoir de Menahem Begin.
Ailleurs qu’en Europe, le 9 avril 1973, un raid conjoint de Tsahal et du Mossad a eu lieu à Beyrouth sous le commandement d’Ehud Barak qui devint plus tard Premier ministre. Nommée Printemps de la Jeunesse, cette opération a amené la mort de trois hauts dirigeants de l’OLP et une cinquantaine de terroristes. Le lendemain, Walter Nowak, ambassadeur d’Allemagne à Beyrouth, a condamné l’agression. De manière scandaleuse, six mois après Munich, ce même Nowak avait rencontré Abou Youssef, l’un des dirigeants de Septembre Noir, co-organisateur du massacre de Munich, tué lors du raid de Tsahal, dans le but de créer « une nouvelle base de confiance » entre l’OLP et le gouvernement allemand. Cet incident est révélateur de la différence d’approche : l’Allemagne apaisait les terroristes pendant qu’Israël les éliminait.
Les assassinats ciblés ordonnés par Golda Meir ne relevaient pas de la vengeance comme on l’a cru longtemps. Ils visaient à mettre fin au terrorisme anti-israélien en Europe. D’ailleurs, la plupart des personnes visées n’étaient pas directement liées au massacre des Jeux olympiques. Le chef du Mossad, Zvi Zamir, l’a précisé : « Nous n’étions pas dans la vengeance … concrètement, il s’agissait pour nous de préparer l’avenir. Nous avons agi contre ceux qui croyaient qu’ils pourraient continuer à perpétrer des actes de terreur ».
Israël s’est donné pour mission d’anticiper et de déjouer des attentats terroristes contre des citoyens israéliens dans des pays où les autorités nationales se montraient peu disposées à agir. Il s’agissait de dissuader et de faire comprendre aux terroristes qu’ils auraient à payer un prix élevé, le plus élevé possible. D’où la dramatisation des actions qui ont été menées. Parfois, des explosifs ont été utilisés pour qu’on ne puisse pas présenter une opération plus clinique comme un accident. Le Mossad voulait que les terroristes n’aient aucun doute sur la raison pour laquelle leurs camarades mouraient brutalement, ni sur l’identité du tueur. Pour des raisons politiques, il fallait néanmoins trouver un équilibre pour rendre un déni plausible, un principe constant de nombreuses opérations antiterroristes israéliennes, avant et depuis. Les choses ont mal tourné à Lillehammer, où six agents du Mossad ont été arrêtés et jugés.
La politique d’assassinats ciblés s’est trouvée justifiée moins de deux mois après les Jeux olympiques : un vol Lufthansa Beyrouth-Francfort a été détourné par des Palestiniens qui ont exigé la libération des trois terroristes qui avaient survécu à Munich. Immédiatement, le gouvernement allemand a obtempéré. Les terroristes ont été libérés, puis transportés par avion en Libye via Zagreb, où ils ont été accueillis en héros. En sus, Berlin s’est acquitté d’une rançon de 9 millions de dollars.
Berlin ne souhaitait surtout pas traduire ces meurtriers en justice, les services de renseignement allemands craignant une vague d’attentats pour obtenir leur libération. Le détournement d’avion représentait une si heureuse opportunité que certains experts, dont le chef du Mossad à l’époque, ont accusé le gouvernement allemand d’avoir payé l’OLP pour détourner un avion et donner une apparence de contrainte à une authentique volonté politique de libération des terroristes. Cette version a également été confirmée par Abou Daoud lui-même, leader auto-proclamé du massacre de Munich.
Après leur libération, le ministre allemand des Affaires étrangères a fait passer une note au chancelier qui disait : « Nous pouvons nous féliciter que tout se soit déroulé dans le calme ». Cette attitude, très générale en Europe à l’époque, n’a jamais réellement cessé. En 1977, les autorités françaises ont arrêté le chef terroriste Abou Daoud. Ils ont proposé à l’Allemagne de l’extrader, mais les Allemands ont refusé. Inquiet du risque d’attaques sur son propre sol, le gouvernement français, a libéré Daoud et l’a autorisé à s’envoler pour l’Algérie en dépit des vives protestations d’Israël et des États-Unis. L’Union soviétique en revanche a vivement louangé la décision française. Jusqu’à sa mort, Abou Daoud s’est glorifié du massacre qu’il avait organisé.
La politique d’apaisement menée par les gouvernements européens n’était pas seulement motivée par la peur du terrorisme. Ils craignaient qu’une trop grande proximité avec Israël sur les questions de sécurité ne nuise à leurs relations commerciales avec les pays arabes, compromettant leur approvisionnement en pétrole et leurs contrats à l’export.
Les dirigeants américains et européens se sont montrés critiques à l’égard de la politique d’assassinats ciblés menée par Israël, au point que cela a affecté les échanges d’informations et même les relations diplomatiques et commerciales. Certains pays ont accusé Israël de pratiques terroristes. Mais comme l’a souligné Golda Meir :
« La personne qui menace avec une arme à feu et la personne qui se défend et détourne l’arme avant qu’elle ne tire ne sont pas les mêmes. »
Quand les terroristes islamiques ont commencé à braquer leurs armes sur les citoyens occidentaux, toutes les objections « de principe » se sont évaporées. L’Amérique et ses alliés ont alors opté pour une politique calquée sur celle d’Israël. Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont mobilisé leurs agences de renseignement, les forces spéciales, des drones et des avions de chasse pour cibler des terroristes, notamment au Yémen, au Pakistan, en Afghanistan, en Irak et en Syrie. Deux jours après les attentats terroristes de 2015 à Paris, les forces armées françaises, soutenues par la Grande-Bretagne, ont lancé une vague de frappes aériennes contre des bases de l’État islamique en Syrie, faisant écho aux attaques menées par Israël au Liban et en Syrie dans les jours qui ont suivi Munich.
Dans ce contexte entièrement nouveau, le Mossad n’a pas été surpris de voir les pays européens utiliser les renseignements qu’il leur fournissait concernant les projets terroristes sur leur sol. Désormais, ils n’avaient plus besoin d’être informés « deux, trois ou cinq fois ». Avec leurs citoyens dans le collimateur, les Européens ont rapidement pris les mesures qu’ils dédaignaient dans les années 1970, lorsque seuls les Israéliens étaient pris pour cible.
Malgré leur rejet, leurs condamnations et parfois même l’hostilité qu’elles ont manifestée envers Israël, les nations occidentales ont finalement été obligées d’utiliser les mêmes méthodes pour protéger leurs peuples. Les réponses américaines et européennes aux attaques djihadistes sur leur propre territoire, en particulier après le 11 septembre, en sont le meilleur exemple.
La menace nucléaire iranienne inaugure une période similaire. Depuis plusieurs années, les dirigeants israéliens lancent avertissement sur avertissement pour informer le monde que le programme nucléaire de Téhéran menace non seulement Israël, mais aussi le Moyen Orient et le monde. Comme après Munich, Israël mène une campagne secrète pour stopper le programme nucléaire iranien, y compris par des assassinats ciblés. Pendant ce temps, les États-Unis et les pays européens apaisent les mollahs à Téhéran, tout comme ils l’ont fait avec les terroristes palestiniens dans les années 1970. Ils sont même sur le point de conclure un accord qui autorisera l’Iran à se doter d’une capacité nucléaire. Mais cette fois, ignorer les avertissements israéliens pourrait bien avoir des conséquences encore plus graves et profondes.
La vigoureuse campagne d’Israël après Munich fut un succès. Le monde arabe a compris que le Mossad pouvait frapper où et quand il le voulait, et la peur a gagné les terroristes qui ont été forcés de fuir et de se cacher là ou ils opéraient auparavant en toute impunité. Certains gouvernements arabes modérés ont même fait pression sur l’OLP pour que ses attaques cessent. L’offensive n’a pas définitivement enrayé le terrorisme arabe en Europe contre les Israéliens et, comme il arrive parfois au cours d’actions antiterroristes, certaines conséquences se sont révélées néfastes. Mais les actions du Mossad sur le continent et l’Opération Printemps de la Jeunesse à Beyrouth ont poussé le chef de l’OLP, Yasser Arafat, à mettre un terme aux attaques de Septembre Noir contre des cibles en dehors d’Israël à la fin de 1973. Comme l’ a dit Meir :
« Nous ne nous épanouissons pas dans l’action militaire. Nous la menons parce que nous n’avons pas le choix, et D’ merci, nous sommes efficaces ».
Munich est parfois considérée comme le 11 septembre d’Israël. Cinquante ans plus tard, le traumatisme du massacre de 1972 reste gravé dans l’esprit de chaque Israélien et de tous ceux qui y ont assisté avec une angoisse déchirante. Il ne fait aucun doute que les 11 Israéliens qui ont péri à Munich occupaient l’esprit de ces hommes et femmes courageux qui ont joué un rôle dans la campagne destinée à empêcher la répétition d’horreurs identiques. Selon les mots de Golda Meir à l’époque :
« Peut-être un jour viendra où les histoires d’héroïsme et d’ingéniosité, de sacrifice et de dévouement de ces guerriers seront racontées en Israël, et seront transmises de génération en génération avec admiration et fierté, comme un autre chapitre de l’héritage de l’héroïsme de notre nation ».
En mémoire de :
David Berger
Anton Fliegerbauer
Ze’ev Friedman
Yosef Gutfreund
Eliezer Halfin
Yosef Romano
Amitzur Shapira
Kehat Shorr
Mark Slavin
Andre Spitzer
Yakov Springer
Moshe Weinberg
Le colonel Richard Kemp est un ancien commandant de l’armée britannique. Il a dirigé l’équipe chargée du terrorisme international au sein du Cabinet Office du Royaume-Uni et il est maintenant écrivain et conférencier sur les affaires internationales et militaires. Il est membre de la Jack Roth Charitable Foundation au Gatestone Institute.