La Chemita de l’argent s’approche… Qui est-il concerné ? Que faut-il faire ? Une mise au point

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La Tora nous nous enjoint de respecter deux conduites durant l’année de la Chemita : l’une concerne la Chemita du terrain, tout au long de l’année, et l’autre, celle de l’argent. Si la première est bien connue, et ne concerne que ceux qui habitent en Terre sainte, la seconde l’est moins, alors qu’elle concerne a priori tout le monde, même ceux qui vivent à l’étranger (c’est un point sur lequel il y a discussion entre le Choul’han ‘Aroukh et le Rema, mais la Halakha est fixée que l’on doit respecter la Chemita des fonds même à l’étranger).

La Tora fixe en effet trois obligations dans ce domaine :

  1. D’abandonner tout ce qu’on nous doit sur le plan financier à la fin de l’année de Chemita de la terre (en veille de Roch haChana de l’année suivante) (Devarim/Deutéronome 15,1-2).
  2. De ne pas réclamer cet argent.
  3. De ne pas hésiter à prêter de l’argent à proximité de cette date (id. 9).

Tout comme la Chemita de la terre, celle-ci n’est pas imposée de nos jours par la Tora, mais uniquement par nos Sages, en l’absence de l’obligation de respecter le Yovel, le Jubilée, tous les 50 ans, tant que l’ensemble du peuple juif n’habite pas en Terre sainte.

Tout au courant de l’année de Chemita, il est permis de réclamer l’argent que l’on a prêté, ce n’est que le dernier jour, au coucher du soleil marquant le début de Roch haChana, que ces obligations se mettent en place.

A partir de ce moment-là, donc, il n’est plus permis de demander le remboursement de dettes. Toutefois, si l’emprunteur vient rendre l’argent, il faut lui dire que l’on a passé l’éponge (« Mechamet ani »), mais si l’autre insiste et veut rendre l’argent, on a le droit de l’accepter (c’est en fait un cadeau, et non point une restitution du prêt originel – Rambam).

Sont concernés des prêts d’argent, mais aussi des prêts de nourriture ou d’objets, si l’on n’est pas tenu de rendre cet objet lui-même.

Dans certains cas, les prêts échappent à cette obligation : quand la date de restitution de l’emprunt a été fixée pour après la Chemita ; quand le prêt repose sur un gage (le prêt est considéré comme déjà restitué) ; quand la reconnaissance de prêt est transmise au Beth Din (idem) ; des « prêts » qui ne proviennent pas de passage d’argent d’une personne à l’autre (par exemple, ce qu’on doit du fait d’une location d’appartement, ou d’achat dans un magasin, ou des engagements de dons envers une institution religieuse).

Le fait qu’une reconnaissance de dette soit livrée au Beth Din a permis à Hillel l’ancien de mettre en place un système permettant d’éviter que les dettes qu’on nous doit soient annulées. On appelle le document qui permet cela le « prouzboul ». Le texte essentiel est le suivant : « Je vous livre, à vous dayanim X, Y et Z, de telle ou telle localité, toutes les reconnaissances de dette que j’ai d’autres personnes, afin que je puisse les réclamer quand je le voudrai ».

Cet acte sert également dans le cas de prêts sans que l’on ait établi un texte de reconnaissance de dette par écrit.

Il faut que le Prouzboul soit rédigé et transmis au Beth Din avant Roch hachana, après cela, il ne sert plus à rien. En conséquence, si l’on accepte de prêter à nouveau de l’argent après avoir déposé un Prouzboul dans un Beth Din, il faut en établir un nouveau.

Il est préférable de le faire devant un Beth Din important et connu, et non point devant trois personnes quelconques.

Il faut avoir soi-même un lopin de terre à soi. Un jeune qui n’en a pas doit se tourner vers des proches pour leur en demander, ou vers la direction de la Yechiva afin qu’elle veuille bien mettre à sa disposition un morceau quelconque de terrain dans ce but.

Il se peut que l’argent déposé à la banque sur un compte soit à considérer comme étant de l’argent prêté à cet établissement, et que donc il faille établir un Prouzboul pour pouvoir s’en servir après Roch haChana. Récemment, il a été demandé de la part des autorités civiles en Israël de payer les allocations familiales et autres avant la date habituelle, afin que les gens aient encore le temps de délivrer leur Prouzboul au Beth Din pour ne pas perdre le droit d’utiliser cet argent (au cas où leur compte serait créditeur…).

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