Le journaliste Elad Simhayoff critique la couverture de la BBC sur Israël et l’influence des financements étrangers en Grande-Bretagne
Elad Simhayoff, journaliste et correspondant de Hadashot 12 en Europe, a partagé dans un entretien avec Maariv son point de vue sur la couverture médiatique de la BBC concernant la guerre en Israël. Il a évoqué les accusations récurrentes de partialité contre Israël, l’impact des financements étrangers, en particulier ceux venant des pays arabes, et la manière dont la Grande-Bretagne est influencée par ces fonds.
« Depuis le 7 octobre, la BBC est devenue un sujet central de mon travail. Il y a plus d’un an, j’ai interviewé le responsable de la politique éditoriale des informations au sein de ce média. Ce fut un entretien difficile, car en tant qu’israéliens, juifs et journalistes, nous percevons la réalité différemment de la façon dont la BBC et ses éditeurs la voient. »
Il poursuit en expliquant combien il est difficile d’observer cette guerre à travers le prisme de la couverture médiatique internationale : « C’est une expérience extrêmement difficile. En tant qu’israélien et juif, voir comment la guerre est couverte à l’international est douloureux. Au mieux, la couverture est dépourvue d’émotions – elle n’a pas ce que nous ressentons au plus profond de nous en voyant les images des otages et en suivant chaque information sur leur sort. Et au pire, c’est une couverture qui critique la manière dont Israël agit. »
Un climat difficile pour un journaliste israélien en Grande-Bretagne
Interrogé sur ses expériences personnelles en tant que journaliste israélien basé à Londres, il reconnaît : « J’ai vécu des situations désagréables dans le cadre de ma couverture, mais cela fait partie du métier lorsqu’on représente un média israélien en Europe. »
Quant à une éventuelle implication de fonds qataris influençant la couverture médiatique, Simhayoff précise : « La BBC est un cas un peu différent, car elle est financée par les impôts des contribuables britanniques, à l’instar de notre Autorité de radiodiffusion publique en Israël. Théoriquement, elle ne devrait donc pas être influencée par des financements étrangers, notamment qataris. Mais on affirme que l’argent arabe investi en Grande-Bretagne influence les médias, tout comme il impacte les universités et les clubs de football. »
Il souligne que certains médias privés, tels que Sky News et The Guardian, adoptent une ligne éditoriale encore plus critique envers Israël que la BBC. « The Guardian, par exemple, publie régulièrement des éditoriaux exprimant une opposition nette à Israël. » Toutefois, ce qui frappe particulièrement avec la BBC, selon lui, c’est qu’elle est considérée comme une référence journalistique mondiale : « Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a été perçue comme la voix de la liberté face aux nazis. C’est pourquoi il est profondément choquant qu’elle refuse aujourd’hui d’appeler le Hamas une organisation terroriste, tout en rémunérant des journalistes qui tiennent des propos anti-israéliens. »
L’influence croissante des financements arabes en Grande-Bretagne
Lorsqu’on lui demande si la Grande-Bretagne a changé sous l’effet de ces influences étrangères, Simhayoff répond sans détour : « La réponse est non. Après avoir perdu les financements russes, la Grande-Bretagne est devenue fortement dépendante des investissements arabes, en particulier ceux des Émirats et du Qatar. Ces milliards de dollars ont rendu le pays dépendant de ces fonds, qui impactent divers secteurs, du marché immobilier aux entreprises de luxe, en passant par les clubs de football. Cette réalité affecte aussi Israël, car ces fonds influencent le débat public et la politique. »
Il cite également Jeremy Corbyn, l’ancien chef du parti travailliste britannique, qui aurait reçu des financements iraniens : « Il est accusé d’avoir adopté une position radicalement anti-israélienne sous l’influence des fonds qu’il a reçus. »
Une communauté juive divisée et en difficulté
Interrogé sur l’état du lobby juif en Grande-Bretagne, Simhayoff explique : « La communauté juive britannique est relativement petite, environ 300 000 personnes. Contrairement à d’autres diasporas juives, elle est divisée et manque d’unité. Son influence est donc limitée. »
Il évoque notamment une manifestation contre l’antisémitisme qui a rassemblé 100 000 personnes, un chiffre honorable, mais insuffisant pour mobiliser des centaines de milliers de personnes à leur cause.
Enfin, il conclut sur la perception de la BBC comme un média anti-israélien : « Lorsque nous dénonçons la partialité de la BBC contre Israël, il y a aussi des groupes du camp opposé qui affirment qu’elle est pro-israélienne. Mais je pense que la BBC a mérité sa réputation d’être biaisée contre Israël, et ces accusations ne sont pas infondées. »