La Banque d’Israël tente de contenir l’irrésistible ascension du shekel

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Depuis 2019, la devise israélienne a gagné 9 % contre le dollar et 15 % par rapport à l’euro. Cette appréciation détériore la compétitivité et fait chuter l’inflation. La banque centrale intervient pour freiner ce mouvement alimenté par l’attractivité de son économie et son excédent courant.

Depuis début 2019, le shekel a gagné 9 % par rapport au dollar et 15 % contre l’euro. Le billet vert s’établissait vendredi à 3,43 shekels. La Banque d’Israël est intervenue massivement pour freiner la hausse de sa monnaie, en achetant pour 6,5 milliards de dollars contre des shekels ces trois derniers mois, et dont près de 3 milliards de dollars en janvier. Un rythme inédit depuis près de 10 ans. Ses réserves de change sont de 130 milliards de dollars. Les hedge funds parient sur la poursuite de la progression de la devise israélienne.

Inflation trop basse

La hausse trop rapide et trop forte de sa monnaie détériore la compétitivité des exportateurs et fait baisser l’inflation. A l’issue de sa réunion en janvier, la Banque d’Israël avait noté que le taux de change effectif nominal du shekel avait gagné 8,3 % en 2019, « un développement qui continue de rendre difficile le retour de l’inflation vers sa cible ». La hausse des prix est très basse, autour de 0,3 %, en rythme annuel, et contre une cible de 1 % à 3 % établie par la banque centrale.

Attractivité

La progression de la devise trouve sa source dans l’attractivité du pays et son fort excédent courant. Les exportations de gaz naturel vont se traduire par des rentrées d’argent cette année. Son activité reste dynamique avec une croissance de 3,3 % en 2019. Les capitaux étrangers affluent pour investir notamment dans un secteur technologique reconnu et dans les jeunes pousses locales. En 2019, la Bourse de Tel Aviv avait progressé de 15 %. Elle gagne 2,8 % depuis le début de l’année.

Fonds souverain

Créé en 2014, le fonds souverain du pays, le « fonds pour les citoyens d’Israël », sera alimenté par une « super » taxe prélevée sur les profits des groupes qui exploitent le champ gazier de Tamar. Le fonds doit commencer à être opérationnel dès qu’il a accumulé 1 milliard de shekels dans ses caisses. Son lancement effectif, prévu en 2018, pourrait intervenir en 2021 selon « Globes ». Des bénéfices gaziers moins forts qu’attendus ont entraîné ce report. Le fonds souverain, qui dépendra de la banque centrale n’a toujours pas recruté ses dirigeants. Il redistribuera chaque année 3,5 % de ses revenus pour financer des programmes économiques et d’éducation. Certains voudraient qu’il finance aussi les infrastructures. En investissant sur les marchés financiers étrangers pour générer des profits, le fonds contribuera à lutter contre l’appréciation du shekel.

Obligations

Les obligations israéliennes vont être intégrées dans certains indices obligataires de la gamme « FTSE Russell » en avril, ce qui suscite des achats mécaniques, qui peuvent contribuer à faire grimper le shekel. En 2019, les investisseurs étrangers détenaient à peine 5 % des titres obligataires israéliens, contre 30 % à 40 % de détention par les non-résidents pour les obligations de pays comme la Russie, la Hongrie, l’Afrique du Sud et la République tchèque.

Nessim Aït-Kacimi – www.lesechos.fr

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