Kfar Aza a été abandonné le 7 octobre, révèle une enquête

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Le 7 octobre 2023, le village de Kfar Aza, comptant à peine 850 habitants, a été le théâtre d’un drame sans précédent. Une enquête menée par l’armée israélienne a mis en lumière une série de défaillances structurelles et opérationnelles qui ont permis au Hamas d’infiltrer et de massacrer la population locale, tout en prenant plusieurs otages. Ce rapport, d’une rigueur inédite, évalue la gestion de la défense à 9 sur 10, tout en pointant du doigt les lacunes majeures qui ont conduit à cette catastrophe.

Un assaut brutal et organisé

Dès les premières heures de l’attaque, le Hamas a orchestré une offensive coordonnée contre Kfar Aza. La stratégie ennemie s’est appuyée sur une série de vagues successives d’assaillants. Vers 6h45, trois groupes de terroristes sont descendus en planeur pour lancer la première offensive. Rapidement, entre 6h50 et 8h00, deux autres groupes d’une quarantaine et d’une trentaine d’individus, issus des régions de Daraj Tuffah et d’al-Furkhan, se sont joints à l’assaut. Par la suite, entre 7h30 et 9h50, plusieurs vagues supplémentaires, comprenant des contingents de 50, 30 et même 80 assaillants – certains affiliés au Hamas, d’autres liés au Jihad islamique – ont renforcé l’offensive.

Au plus fort de l’attaque, environ 250 terroristes se trouvaient sur place. Ils ont rapidement concentré leurs efforts sur la première ligne de défense, dont les membres, en nombre réduit (seulement 14 volontaires locaux), n’ont pas pu contenir l’avalanche d’agresseurs. L’attaque initiale visait avant tout à semer la terreur et à infliger un maximum de pertes, avec 33 victimes parmi les habitants tuées dès la première heure. Au total, 64 habitants de Kfar Aza ont perdu la vie, dont 62 pendant la bataille, et 19 otages ont été capturés.

Des erreurs stratégiques révélées
L’enquête de Tsahal souligne que l’absence totale d’avertissement a joué un rôle crucial dans l’issue dramatique de cette attaque. Sans alerte préalable, la première ligne de défense, déjà insuffisante, s’est retrouvée débordée par la rapidité et l’intensité des assauts. Les services de renseignements n’ont pas réussi à détecter ou à anticiper ce mouvement rapide, laissant ainsi le village pratiquement abandonné face à l’invasion.

Les forces de sécurité mobilisées sur place étaient hétérogènes et mal coordonnées. Une petite unité est arrivée dès 8h30, mais leur effectif limité ne leur a pas permis de stopper la progression des terroristes. À 10h30, une poignée d’autres soldats a tenté de constituer une résistance, mais la disparité numérique – estimée à environ cinq contre un – rendait toute intervention quasiment vaine. Ce n’est qu’à partir de midi que les renforts de Tsahal, passant de 180 à environ 400 soldats grâce à l’afflux de troupes de Givati, ont commencé à prendre l’avantage. Cependant, ces renforts tardifs ne pouvaient rattraper le retard accumulé et les pertes déjà irréversibles.

La dynamique de la bataille et ses conséquences
La progression de l’offensive ennemie fut d’autant plus brutale que l’attaque ne se limita pas à une simple offensive à main armée. Le Hamas a lancé une salve de près de 760 roquettes sur la région, ajoutant une dimension supplémentaire à la violence de l’invasion. Malgré l’arrivée tardive et le nombre croissant de soldats israéliens – qui atteignirent 1 180 hommes à minuit – l’intervention aérienne et les frappes de drones (au total 7, dont six le 7 octobre et une le 8 octobre) ont peiné à inverser le cours des événements, la plupart des frappes se produisant après l’essentiel du massacre.

La bataille de Kfar Aza se distingue également par l’implication de diverses unités d’élite. Des forces spéciales telles que Duvdevan, Sayeret Matkal et Maglan, aux côtés d’unités d’infanterie de Givati et Nahal, ainsi que de groupes du Shin Bet, se sont retrouvées sur le terrain. Cependant, le chaos ambiant et la défaillance des communications ont conduit à ce que plusieurs commandants – dont trois chefs de brigade et deux généraux – se battent sans coordination effective. Certains responsables, comme le général Yisrael Shomer, qui se trouvait en vacances et équipé d’un simple couteau, ont tenté de compenser l’absence de moyens par un courage exemplaire. D’autres, tels que le général Dan Goldfus, sont intervenus de manière spontanée sans ordre officiel, illustrant l’improvisation et la désorganisation qui régnaient sur le terrain.

Analyse et perspectives
L’analyse approfondie de cette tragédie met en lumière de nombreux enseignements pour l’avenir. Le rapport de Tsahal pointe du doigt plusieurs dysfonctionnements majeurs : l’absence d’un système d’alerte efficace, la dépendance excessive à une barrière technologique défaillante, le manque de coordination entre les différentes forces déployées et une logistique inadaptée pour l’évacuation rapide des habitants. Ces facteurs conjugués ont permis aux terroristes d’exploiter chaque faiblesse et de s’imposer avant même que des renforts conséquents ne puissent être mobilisés.

La catastrophe de Kfar Aza illustre tragiquement comment une défense insuffisante et une préparation déficiente peuvent transformer une attaque en un massacre à grande échelle. Malgré le courage et les efforts individuels des combattants sur place, les défaillances structurelles et la lenteur des réponses hiérarchiques ont coûté la vie à de nombreux innocents. Cette enquête, notée 9 sur 10, offre un bilan sévère mais nécessaire, appelant à une refonte totale des stratégies de défense et des mécanismes de communication pour éviter que de telles tragédies ne se reproduisent.

Jforum.fr

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