Un journaliste arabe israélien choqué par l’amateurisme des correspondants étrangers

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David Sebban – Coolamnews

Édifiant ! Khaled Abou Toameh est un arabe israélien né en 1963, journaliste, conférencier et réalisateur de films documentaires… Il côtoie chaque jour des journalistes occidentaux et nous livre les perles de l’ignorance et du parti pris des médias étrangers! Voici le témoignage de ce journaliste choqué par la peur des correspondants d’apparaître comme des « agents sionistes » ou des « propagandistes » d’Israël !

Deux journalistes européens  ont récemment demandé à Khaled Abou Toameh s’il pouvait les accompagner à Gaza pour interviewer des « colons juifs qui vivent là-bas dans la Bande! » « Ce n’est pas une blague ! Ces journalistes professionnels étaient sacrément sérieux ! Imaginez leur embarras quand j’ai souligné qu’Israël avait évacué le Goush Katif depuis plus de 10 ans déjà. Ces journalistes parachutés sont catapultés dans la région sans aucun briefing sur des faits simples du conflit israélo-palestinien.

Il y a un petit noyau de correspondants américains, canadiens, australiens et européens plutôt compétents mais des correspondants de ce type sont plus la règle que l’exception. Ils veulent faire bonne impression auprès de leur rédaction en voyageant dans un pays dangereux et faire des reportages sensationnels sur Gaza, au point que des requêtes stupides comme celle-là n’étonne même plus mes collègues palestiniens ».

En direct… de mon hôtel

Il raconte ensuite un souvenir personnel de 2004 lors de l’assassinat du fondateur et du chef spirituel du Hamas, le cheikh Ahmed Yassin. Un journaliste britannique écrivait dans son article sa rencontre à Gaza des proches du leader  alors qu’il n’avait pas quitté le bar de l’American Colony Hotel de Jérusalem. « Les journalistes débarqués sont courant dans le milieu. Ils prennent l’avion, lisent 2 articles du Times et se sentent experts du conflit.

Certains d’entre eux m’assurent qu’avant 1948 existait un Etat de Palestine avec pour capitale Jérusalem-Est. Ils sont étonnés quand les journalistes palestiniens leur expliquent qu’en 1967, la Cisjordanie était sous contrôle jordanien ou Gaza aux mains des Égyptiens. Dernièrement, une journaliste voulait couvrir « Jénine, la cité détruite où des milliers de Palestiniens ont été massacrés… » elle faisait référence à l’Opération de Tsahal en 2002 où 60 miliciens armés sont morts et 23 soldats israéliens! »

Une vision binaire du conflit

Abou Toameh est particulièrement choqué de l’ignorance des médias occidentaux mais surtout de leur parti-pris. « Les journalistes basés à Tel Aviv ou à Jérusalem refusent de couvrir des  reportages sur la corruption financière ou les violations des droits de l’homme de l’Autorité Palestinienne ou du Hamas. Dans leur prisme, seuls sujets possibles sont dans le schéma Good Guy (les Palestiniens) et Bad Guy (les Israéliens).

Un collègue de Ramallah m’a contacté en rigolant pour me dire qu’il avait reçu d’un correspondant étranger une requête pour qu’il l’aide à obtenir un rendez-vous avec Yasser Arafat… en dépit du fait qu’il est mort depuis des années. Ce journaliste fraîchement sorti de son école de journalisme était présenté par sa rédaction comme un candidat approprié pour couvrir ce conflit ».

Il conclut en donnant des conseils aux futurs journalistes du conflit israélo-palestinien: « Dans cette région, il ne s’agit pas de savoir si on est pro-palestinien ou pro-israélien mais déjà d’être pro! »

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