Le jeu dangereux de l’Iran, de l’Euphrate à Beth She’an ©

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Par Marc / LeMonde.co.il

 

La question qui demeure est : jusqu’à quel point le régime syrien se réjouit-il des actions de l’Iran qui lui coûte des soldats et l’expose au risque?

Téhéran menace les Etats-Unis en Syrie et le raid mené par un de ses drones Saegeh (Tempête) est un signe à Damas et à la Russie que l’Iran est celui de ces 3 acteur qui façonne et oriente de plus en plus la politique syrienne.

 

Le régime iranien s’est lourdement impliqué dans deux attaques symboliques au cours des deux premières semaines de février. D’abord, des forces censées obéir au régime Assad ont attaqué les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) près de Deir Ez Zor dans l’Est de la Syrie, le 7 février.

A peine deux jours plus tard, les forces Iraniennes en Syrie ont lancé un drone furtif vers Israël, en suivant discrètement sa route au-dessus de la frontière avec la Jordanie avant de pénétrer au-dessus d’Israël (pendant 1 mn 30). Ces deux actions révèlent à quel point l’Iran contrôle le tempo (le rythme) de cette escalade programmée en Syrie. Il veut tester l’ampleur des répliques des Etats-Unis et d’Israël. Il veut aussi contrôler le terrain de jeu. Bien qu’Israël et les Etats-Unis aient clairement répondu à ces menaces par l’emploi massif de la force, on n’a pas le sentiment que l’Iran ait bien enregistré le message, au point de s’abstenir de toute récidive, au contraire.

“Soit les Etats-Unis quittent la rive Est de l’Euphrate en Syrie, soit nous les forcerons à partir”, a déclaré Ali Akbar Velayati, le conseiller  principal du Guide Suprême Ali Khamenei en matière de politique étrangère, le 31 janvier à Mashhad, en Iran. Les détails complets de l’implication de l’Iran dans l’attaque du 7 février contre les FDS près du village de Kusham, dans la vallée de l’Euphrate restent flous. Cependant, si on s’en tient à la bravache de Velayati, cette offensive paraît avoir été planifiée en coordination avec les milices pro-iraniennes (majoritaires dans les rangs des forces pro-syriennes), avec un hochement de tête de Téhéran.

La coalition pro-américaine a indiqué que ses partenaires des FDS ont été attaqué par l’artillerie et des tanks T-55 et T-72, avec l’appui de tirs de mortiers. Cela s’est produit près des champs gaziers de Conoco/Al Tabiyeh, à huit kilomètres du fleuve de l’Euphrate.

Troupes syriennes et milices chiites pro-iraniennes cherchant à traverser le fleuve de l’Euphrate pour en chasser les forces kurdo-arabes de la coalition des FDS.

Le fleuve est supposé être la ligne de démarcation entre les FDS appuyées par les Etats-Unis et le régime syrien. Les responsables de la coalition sont restés “en communication régulière avec leurs homologues russes, avant, pendant et après que cette offensive ait été déjouée”, expose le communiqué de la coalition. La réplique de la coalition a consisté à détruire les forces assaillantes et à tuer au moins cent de leurs membres. C’était clairement conçu pour envoyer un message montrant que ce genre de provocation est inacceptable.

Alors même que les forces du régime dirigées par l’Iran subissaient un revers sanglant le long de l’Euphrate, une autre équipe d’Iraniens, à 270 km de là, plus à l’ouest, préparait son drone pour le  faire voler au-dessus d’Israël. Située sur la base aérienne de Tiyas (T4) sur la route menant de ’Homs à Palmyre, cette présence iranienne comprend les forces Al Quds des Gardiens de la Révolution Islamique et des forces du régime syrien non loin de là, selon un communiqué de l’unité du porte-parole de Tsahal.

Le drone iranien est entré dans l’espace aérien à un moment donné, autour de 4 h 25 du matin et a été abattu une minute et demie plus tard.

Alors, comment définir le jeu global de l’Iran à l’aune de ces deux actions provocatrices et sans précédent? La décision d’attaquer les forces américaines et d’envoyer un drone au-dessus d’Israël arque clairement une escalade de tout premier plan. L’Iran tente de tester ses ennemis des deux côtés Est et Ouest de la Syrie. Dans les deux cas, il sait que les Etats-Uns et Israël frapperont probablement des cibles syriennes. Ainsi, pour l’Iran c’est à la Syrie de payer le prix de son mauvais comportement.

Autant Israël (Netanyahou revenait à peine de Moscou) que la coalition dirigée par les Etats-Unis étaient en contact avec la Russie, en tant que celle qui se pose en médiatrice responsable entre l’Iran, le régime syrien et un conflit plus large comportant d’autres acteurs.

En utilisant le territoire syrien et en s’y enracinant, les actions de l’Iran pourraient devenir une menace sérieuse pour le régime Assad. A ce jeu, l’Iran est le grand vainqueur, même s’il perd quelques soldats ou des membres de ses milices. Il obtient la capacité d’engager le feu tour à tour contre chacun de ses ennemis depuis un pays étranger qui lui sert de couverture, alors qu’à l’intérieur il peut se vanter d’être devenu le pays le plus puissant de la région, si c’est lui qui conserve le sens de l’initiative.

Il peut aussi se vanter, dorénavant, d’avoir frappé les Américains tout-puissants et d’avoir provoqué l’écrasement d’un F-16 israélien, pour la première fois depuis 1982. Dans le contexte de l’Iran révolutionnaire, c’est porter un coup en même temps au “grand et au petit Satan”. Et il utilise le territoire syrien pour le faire, et jusqu’à un certain point, il utilise la couverture russe du régime pour continuer à mener comme bon lui semble ses politiques déstabilisatrices.

Le régime de l’Iran souligne souvent qu’il a été “invité” en Syrie pour soutenir le régime, à la différence des Etats-Unis et d’Israël qu’il décrit comme des envahisseurs empiétant sur la souveraineté du territoire syrien. La question qui demeure est la suivante : jusqu’à quel degré le régime syrien peut être satisfait des actions de l’Iran, alors qu’elles lui coûtent ses propres soldats et pose un risque indéniable à la re-stabilisation? Depuis des décennies le régime Assad maintenait une ni guerre ni paix froide avec Israël sur le Golan. A présent, les tentacules de l’Iran sont susceptibles de mettre tout cela en péril.

 

 

BY SETH J. FRANTZMAN

jpost.com

Adaptation : Marc Brzustowski

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