Jérusalem: Nous avons décodé la propagande des « Décodeurs »

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Illustration : l’expulsion des Juifs de Jérusalem par la Légion Arabe en 1948

Le décodage et le fact-checking (vérification des faits) sont à la mode.

Plusieurs journaux ont mis en place des rubriques internet proposant un « décryptage » de l’information, dont on assure au lecteur qu’il lui permettra de ne pas tomber dans les pièges des « fake news », des rumeurs et de la propagande.

Ainsi, le journal Le Monde a créé la rubrique

… dédiée à la « vérification des faits ». Cela ne constitue pas vraiment un exploit. C’est théoriquement la base du métier de journaliste. Mais bon.

À InfoEquitable, nous avons le sentiment que certains décodeurs et fact-checkeurs sont parfois plus militants que la moyenne de la profession et s’abritent derrière leur spécialité pour diffuser une information encore plus biaisée et frelatée.

Nous sommes notamment tombés sur cet article consacré à l’épineuse question de Jérusalem, publié le 8 décembre 2017.

Avant, il faut qu’on vous montre la photo qui accompagne l’article :

Cette image est-elle retouchée, arrangée ? Nous ne le savons pas.

Il n’en reste pas moins que cette silhouette vaguement inquiétante, noire d’encre et sans visage d’un Juif orthodoxe scrutant la coupole en or du dôme du Rocher fait plus songer à une image de propagande qu’à une photo de presse pertinente.

Elle est en tout cas parfaitement en phase avec l’un des grands thèmes de la désinformation palestinienne qui accuse quotidiennement les Juifs de vouloir s’attaquer aux lieux saints musulmans.

Ensuite, l’article : par un concentré de raccourcis historiques, d’approximations et d’omissions, il fait une présentation de la situation très à charge contre les Israéliens.

Premier extrait : 

En 1947, les Nations unies (ONU) ont voté le partage de la Palestine en deux Etats : l’un arabe, l’autre juif. Jérusalem est exclue de ce plan et doit passer sous le contrôle de l’ONU, qui garantit la liberté d’accès aux lieux de culte. Pourtant, en 1949, après la fin du mandat britannique et une première guerre avec les pays arabes, le jeune Etat d’Israël transfère sa capitale de Tel-Aviv à Jérusalem-Ouest.

Rien n’est vraiment expliqué, encore moins « décodé ». Tout est insinué.

Selon la technique de la suggestion à deux temps.

Premier temps : Jérusalem devait « passer sous le contrôle de l’Onu » qui y garantirait « la liberté d’accès aux lieux de culte ».

Deuxième temps : « Pourtant » (tout est dans ce « pourtant ») « après…une première guerre avec les arabes, Israël transfère sa capitale à Jérusalem-Ouest ».

On n’en saura guère plus, au lecteur de se débrouiller.

Mais en relisant ce passage, on devine ce qui est suggéré dans cet enchaînement très succinct.

Et qui a déclaré cette guerre ? Qui a attaqué qui ? Les Décodeurs ne le disent pas. Mais la tournure de la phrase « après une première guerre » … « L’Etat d’Israël transfère sa capitale… » fait d’Israël le sujet principal de la phrase et le désigne insidieusement comme le responsable, voire l’instigateur du conflit.

Les Décodeurs font passer aux oubliettes le refus arabe du plan de partage et l’attaque consécutive du territoire israélien par les armées égyptiennes, jordaniennes, syriennes, libanaises et… irakiennes.

Deuxième extrait : 

Depuis la guerre de 1967 et la conquête des quartiers orientaux de la ville sainte, peuplés de Palestiniens, Israël considère Jérusalem comme sa capitale « indivisible et éternelle ». En 1980, la Knesset, le Parlement israélien la désigne comme « capitale réunifiée », mais aucun pays ne la reconnaît comme telle. L’ONU estime que le statut final de la ville doit être négocié entre Israéliens et Palestiniens – ces derniers revendiquent eux aussi d’y installer la capitale d’un éventuel Etat Palestinien.

Cette période, 1949-1967, est une sorte de trou noir de la presse française. Demandez à un journaliste ce qui s’est passé à Jérusalem avant 1967 et surtout qui occupait les lieux saints ?

Demandez lui ce qui a empêché, pendant près de vingt ans, les Palestiniens d’édifier leur Etat sur la Cisjordanie avec Jérusalem-Est comme capitale ? Vous ne recevrez en retour que des regards perdus.

Voilà la grande recette de la désinformation arabe : faire l’impasse sur l’occupation – et l’annexion – jordanienne de la Cisjordanie et de la partie orientale de Jérusalem avant 1967.

Une annexion qui ne dérangeait personne, ni l’ONU, ni le pape Paul VI qui s’était rendu volontiers en visite à Jérusalem, ni le quai d’Orsay, ni – déjà à l’époque – les éditorialistes du Monde.

En une seule phrase, ce raccourci historique permet d’instiller un nouveau mensonge par omission.

« Depuis la guerre de 1967 et la conquête des quartiers orientaux de la ville sainte, peuplés de Palestiniens… »

En 1967, plus aucun Juif n’habite effectivement à Jérusalem-Est. Et pour cause ! En 1948, lorsque la guerre a éclaté, les armées jordaniennes ont procédé à une épuration ethnique en règle et ont chassé, par dizaines de milliers, tous les habitants juifs établis depuis des générations dans le secteur oriental de la ville.

Le site francophone Terre d’Israël a publié ces remarquables photos, rares témoignages de l’expulsion des Juifs de Jérusalem par la Légion Arabe en 1948 :

Encore aujourd’hui, cette épuration ethnique est systématiquement passée sous silence dans la presse française.

Ces raccourcis malhonnêtes du Monde permettent de bâtir un récit historique pour le moins frelaté où l’on suggère au lecteur que Jérusalem-Est aurait été prise à ses propriétaires légitimes, à savoir les Palestiniens.

Ces mensonges par omission tentent d’établir une règle implicite et son corollaire : L’épuration ethnique, lorsqu’elle est pratiquée par les Arabes, est un fait acquis. Les Juifs chassés de Jérusalem par les Arabes en 1948 n’ont plus aucune légitimité à y revenir vingt ans plus tard.

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