Organisée par l’URSS en janvier 1966, la Conférence Tricontinentale, qui se tint à la Havane, rassembla la totalité des « démocraties populaires », les mouvements révolutionnaires et de nombreux pays du tiers-monde, les pays arabes et les organisations palestiniennes. L’URSS était alors dirigée par Leonid Brejnev qui s’est rendu célèbre pour avoir persécuté les minorités, spécialement les Juifs.
Cette conférence décida l’engagement de la lutte armée contre l’impérialisme avec comme principaux ennemis les États-Unis et les démocraties occidentales, la condamnation du sionisme et la délégitimation d’Israël. Elle créa l’OSPAAAL1 dont les fonctions sont :
— Appliquer les mesures en vue de rendre effective la lutte armée contre la « violence impérialiste » ;
— Promouvoir et coordonner la solidarité effective des mouvements de libération nationale ;
— Apporter une aide morale, politique et militaire à ces mouvements, notamment à ceux qui luttent les armes à la main contre le colonialisme et l’impérialisme.
Les conséquences de la Tricontinentale ont largement dépassé les objectifs des organisateurs soviétiques auprès des dictatures du tiers-monde et des partis d’extrême-gauche occidentaux, un formidable essor pour le terrorisme international islamiste et révolutionnaire.
Les organisations terroristes
Le Secrétariat d’État des États-Unis désigne sous le nom de FTO2 les organisations terroristes internationales. Il en a recensé 70, la plupart en terre d’Islam.
On y trouve entre autres : Daesh en Irak et Syrie, les Talibans et Al Qaîda en Afghanistan, le Hamas à Gaza, les Houthis au Yémen, le Hezbollah libanais, Boko-Haram dans le bassin du lac Tchad, les Frères Musulmans partout dans le monde, Lashkar eTaiba au Pakistan, Al Shabaab en Somalie, le PKK kurde, les Loups gris de Turquie, l’Armée Rouge japonaise, les FARC en Colombie le Sentier Lumineux au Pérou, etc. et derrière eux l’Iran, le Qatar la Corée du Nord.
Les États-Unis définissent le terrorisme comme
« Violence avec préméditation, pour des motifs politiques contre des cibles non-combattantes par des groupes subnationaux ou par des agents clandestins, ayant habituellement l’intention d’influencer un public ».
Aujourd’hui, c’est en Iran ou au Venezuela que se tiennent les réunions secrètes de ces mouvements.
Une étude du Centre Français de Recherche sur le Renseignement3 montre que le terrorisme international doit beaucoup à l’Iran. À travers ses ambassades, grâce à ses représentations et à des ONG, la République des mollahs lui fournit une aide pour l’armement et l’entraînement des différentes organisations. L’Iran tisse ses réseaux à l’étranger surtout à travers le Hezbollah et la diaspora libanaise très présents sur les continents européen, africain et sud-américain. Ils sont capables d’apporter une aide logistique, voire opérationnelle, à des actions terroristes contre les occidentaux.
Par ailleurs, on a constaté qu’à l’occasion de changements politiques, particulièrement en Amérique latine, les représentations diplomatiques iraniennes ont été considérablement renforcées sans que les échanges politiques, économiques ou culturels avec ces États ne le justifient. Des filières d’infiltration d’agents clandestins à destination de l’Amérique du Nord auraient aussi été mises en place à partir du Nicaragua et du Venezuela.
La Chine s’implique de plus en plus dans les structures économiques de ces pays. L’APL (Armée Populaire de Libération chinoise) a développé ses relations avec une assistance militaire gratuite, des échanges, la formation du personnel militaire, le renseignement, etc. Les transferts d’armement chinois ont été l’indicateur principal de l’évolution des relations politico militaires.
Aux États-Unis, le rapport annuel sur le terrorisme4 présente l’Iran comme le parrain du terrorisme international.
« L’Iran a reconnu l’implication du CGRI-FQ5 dans les conflits en Irak et en Syrie, et le CGRI-FQ est le principal mécanisme de l’Iran pour cultiver et soutenir les activités terroristes à l’étranger. »
Le rapport souligne également que l’Iran a continué à soutenir financièrement et militairement le Hezbollah libanais et les groupes palestiniens du Hamas et du Jihad islamique en 2022. Il a également renforcé les Houthis au Yémen et attaqué des navires commerciaux dans les eaux internationales de la région du golfe Persique.
L’Iran et ses proxys, Houthis, Hezbollah et Hamas promettent de détruire Israël.
Ils sont en cela encouragés par les mouvements révolutionnaires français d’extrême gauche : NPA, Convergence Révolutionnaire, Lutte Ouvrière, Indigènes de la République, une grande partie de La France Insoumise6 et du Parti Communiste, etc.
Comme pour ceux-ci la révolution ne peut plus se développer depuis le prolétariat, ils ont transféré leurs espoirs dans l’Islam révolutionnaire à l’origine du terrorisme international actuel.
Terrorisme islamique : l’Islam révolutionnaire7
La Nahda était à la fin du 19ᵉ siècle, à la chute de l’Empire ottoman, un mouvement de modernisation de l’Islam, nationaliste, culturel, scientifique, philosophique. Des intellectuels musulmans avaient tenté de se rapprocher des valeurs de l’occident, y compris la tolérance, la démocratie et la laïcité.
À l’Islam ouvert de Jamal el Afghani et Mohamed Abduh8 s’est opposé l’obscurantisme des Frères Musulmans, un Islam de conquête.
Pour revenir à l’esprit de l’Islam des origines et lutter contre « l’emprise laïque occidentale et l’imitation aveugle du modèle européen », le mouvement des Frères Musulmans, d’abord simple association locale de bienfaisance mais rapidement devenue politique, se donna un but, instaurer un grand État islamique fondé sur l’application stricte de la charia. Deux théoriciens sont à l’origine de l’Islam révolutionnaire par le djihad guerrier le Pakistanais Al Mawdudi et l’Égyptien Sayid Qutb.
Pour Al Mawdudi, l’islam n’est pas une religion au sens traditionnel mais une foi totalitaire qui englobe la politique, l’économie, la science et la culture. Une révolution islamique est indispensable pour appliquer la charia : la rejeter c’est rompre le contrat avec Allah. Rien ne doit échapper à la mainmise de la révolution islamique et donc les opposants sont forcément inspirés par Satan ils doivent être éliminés.
Pour Sayyid Qubt, le monde est dominé par l’ignorance (Jahiliyya), la licence et la barbarie. Dans cette guerre entre Allah et Satan, tout musulman digne de sa religion doit prendre les armes. Qutb a écrit une trentaine de volumes de commentaires du Coran. Proche des Frères musulmans, il aida Nasser à renverser le roi Farouk puis se retourna contre lui. Nasser le fit pendre en prison.
La démocratie est une insulte à D’.
La doctrine islamiste reprend l’idée que seul Allah a le droit de légiférer. Donc la démocratie qui veut donner ce pouvoir aux hommes est une insulte à l’égard Allah. L’islamisme considère la démocratie comme une religion alors qu’il est interdit par le Coran9 de pratiquer deux religions.
La guerre sainte (Djihad) est obligatoire pour tout musulman. Le prophète a donné l’exemple en participant à 27 guerres et en combattant personnellement dans 9 d’entre elles. Il prône la souffrance et le martyre. La religion est plus précieuse que les personnes, les biens et les enfants. La doctrine islamiste estime que le combat doit être mondial. Outre le combat en terre d’Islam, il faut aussi la porter, par le terrorisme, sur l’ensemble de la planète.
La menace est bien réelle pour le monde.
Le professeur Gilles Kepel, un des meilleurs connaisseurs de l’islamisme révolutionnaire, a écrit :
« Daesh s’est infiltré par les réseaux sociaux au cœur de l’Europe pour la détruire en déclenchant une guerre civile entre ses citoyens et résidents musulmans et non musulmans ; car pour Daesh, soit on est musulman à leur manière, soit on mérite la mort »10.
Cela correspond aux appels d’Al Souri11, un autre intellectuel islamiste qui a écrit dans son manuel de djihadisme : Appel à la résistance islamique mondiale :
« Il faut viser les enceintes de stade, les centres culturels, les concerts, multiplier les attentats moyens plutôt que de faire de très grandes opérations comme à New York. Le but est de créer du chaos et de l’exploiter ».
L’ONU
Attaqué, meurtri sur son sol par le Hamas, ses citoyens assassinés, torturés, violés, les enfants brûlés, mutilés, Israël est menacé de récidive et d’anéantissement. Israël combat un ennemi qui n’hésite pas à sacrifier sa propre population en l’utilisant comme bouclier.
De nombreux États soutiennent l’action du Hamas. Ils ont en commun de contester la légitimité d’Israël et de ne pas être démocratiques. L’ONU en est le reflet.
Cette organisation qui prétend faire la « légalité internationale » est dominée par les cinquante pays musulmans de l’OCI auxquels se joignent la plupart des pays non alignés et une écrasante majorité d’États totalitaires qui combattent la démocratie.
Israël apparaît comme le plus vulnérable des pays démocratiques.
L’ONG UN-Watch12 a fait remarquer l’obsession de l’ONU contre Israël, plus condamné à lui seul que la totalité des pays du monde. En 2022 par exemple, 15 résolutions anti-israéliennes contre 13 pour le reste du monde. La résolution votée après le 7 octobre, jour de l’attaque barbare de Hamas contre les civils israéliens, demande à la Cour Internationale de Justice d’intervenir contre Israël dans le conflit qui l’oppose au Hamas par 87 voix contre 26.
L’Europe
La Belgique, l’Irlande, le Portugal ont voté contre Israël. D’autres pays européens comme la France et l’Espagne ou la Norvège se sont abstenus, mais ils ont en commun de réclamer un embargo des armes vers Israël.
Seuls une condamnation et un désarmement d’Israël pourra assurer la paix dans la région affirme le délégué de la Croix Rouge13.
De nombreux pays et ONG le réclament14. Pourtant, chacun a pu constater de visu le 7 octobre ce qu’il adviendrait d’un Israël désarmé.
Dans ce combat des révolutionnaires islamistes et marxistes radicaux contre la démocratie et pour le rétablissement du califat,
si Israël tombe, l’Europe s’effondrera comme un château de cartes.
L’Ukraine d’abord. Qui sera le suivant ?Lla Belgique, la Grande-Bretagne, l’Espagne, la France ?
À la télévision libanaise, le porte-parole du Hamas a déclaré qu’ils répéteraient le massacre du 7 octobre 2023 contre les Israéliens « un million de fois » …15 Un million x 1 300 victimes du 7 octobre ? Donc le Hamas projette d’assassiner bien plus que les neuf millions et demi d’Israéliens.
‘Hazak ve’ematz – חזק ואמיץ
« Sois fort et courageux ».
Moché l’a dit à son successeur. C’était aussi la devise des insurgés du ghetto de Varsovie, celle aussi des kibboutz attaqués le 7 octobre. C’est le symbole de la résilience d’Israël. Israël est fort et courageux. On ne peut prédire l’avenir mais les ennemis d’Israël et de la démocratie devraient se hâter de prendre conscience que le terrorisme islamiste révolutionnaire les menace aussi.
Albert Londres en 192916
Après les émeutes de 1929 et le massacre d’Hébron ou 133 Juifs furent assassinés et de nombreux autres blessés ou mutilés, le grand journaliste Albert Londres rencontra les dirigeants arabes.
Que disent les Arabes rapporte Albert Londres ? Dix dirigeants d’entre eux se sont réunis à Jaffa. Jadis, disent-ils, nous n’étions qu’une unité : Syrie, Palestine, Mésopotamie… Nous accusons l’Angleterre ! Nous accusons la France !… – Des faits ! – la Palestine est toute en travaux. On ne la reconnaît plus. Nous n’éprouvions nullement le besoin de cette transformation. À quoi bon l’électricité ? À quoi bon les routes ?
— Messieurs, dit Albert Londres, quelles conditions posez-vous pour ne plus égorger les Juifs ? Tumulte ! Ils n’ont pas égorgé les Juifs ! Non ! Du moins, si je comprends bien, ils ne les ont pas égorgés pour les égorger, mais seulement pour attirer l’attention sur le sort fait aux Arabes.
Je m’adressais alors au maire de Jérusalem Ragheb bey El Nashashibi :
— Êtes-vous d’accord avec le mufti qui veut tuer tous les Juifs ?
— Oui !
— Voyons ! dis-je encore, vous ne pouvez cependant pas tuer tous les Juifs. Ils sont cent cinquante mille. Il vous faudrait trop de temps !
— Mais non ! fit-il d’une voix très douce, deux jours ! – Soixante-quinze mille par jour ?
— Je demandai aux dix s’ils étaient d’accord avec Ragheb bey ?
— D’accord !
— Alors, messieurs, quand les troupes anglaises reprendront le bateau, faites-moi l’amitié de me télégraphier. Je crois que vous présumez de vos forces. Les nouveaux Juifs ne se laisseront pas saigner. Je suis même certain qu’ils vous donneront du fil à retordre. Ce sera une rude bataille. Voici mon adresse. N’oubliez pas de me prévenir. Je reviendrai vous voir travailler. À bientôt ! KF
Klod Frydman, MABATIM.INFO