En février dernier, deux hélicoptères Sikorsky CH-53 [version modifiée Yasur israélienne] ont aéroporté des commandos des Sayeret Matkal et une équipe technique du Mossad en Syrie, en passant par la Jordanie. Le magazine Vanity Fair publie des détails opérationnels jusqu’à présent jamais dévoilés de cette mission secrète, en la décrivant comme ayant mené à la découverte que les terroristes de Daesh travaillaient à transformer les ordinateurs portables en bombes qui auraient pu traverser la sécurité des aéroports sans être détectées.
“Leur cible : une cellule de Daesh courrait après l’obtention d’une nouvelle arme meurtrière qu’on pense avoir été conçue par Ibrahim al-Asiri, le citoyen saoudien qui a été le principal cerveau dans la fabrication de bombes pourAl Qaïda au Yémen”, dévoile le magazine.
“Les deux hélicoptères transportant les unités bleu et blanc se sont posés à plusieurs kilomètres de leur cible. Deux jeep portant les insignes de l’armée syrienne ont été déchargées, les hommes ayant sauté à l’intérieur, et, le cœur battant, ils les ont conduites comme si ils faisaient partie de la plus naturelle des patrouilles avant l’aube immobile d’une ville ennemie”.
Vanity Fair, admettant que les détails opérationnels restent rares et même parfois contradictoires”, cite une source disant que : “La véritable salle où la cellule de Daesh devait se rencontrer était espionnée par une petite merveille de microphone, de la taille d’une tête d’épingle, placé justement là où on n’aurait jamais pu le remarquer”. Selon une autre source, le micro se trouvait à l’intérieur du boitier de connexion téléphonique, ingénieusement manipulée de telle façon que le moindre mot prononcé en un lieu spécifique pourrait être parfaitement entendu, par l’Unité 8200, l’unité SIgint (renseignements par signalétique) filtrant et décodant les moindres éléments significatifs, depuis sa base située sur le Golan.
Des responsables du Mossad ont choisi de partager l’information avec leurs homologues américains. Selon une source au sein de l’AMAN, plus réticent, certains auraient, par arrogance, cherché à se vanter de prouesses qu’ils étaient capables d’opérer, auprès des partenaires américains. Mais, à en croire les services américains, ceux-ci ont vite considéré cette opération remarquable comme un “cas d’école” de ce que devrait être l’excellente coopération entre les agences de renseignements, devant être utilisée uniquement dans le cadre de bonnes pratiques. Peu s’en faut.
“Les responsables américains de la sécurité du territoire – rapidement suivis par les autorités britanniques – ont interdit aux passagers voyageant à partir d’une liste accusatoire de pays à majorité musulmane de transporter à bord des ordinateurs portables et d’autres engins électroniques portalbes plus grand qu’un téléphone mobile sur les avions atterrissant aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne. Ce ne serait que quatre mois tendus plus tard, alors que les aéroports étrangers commençaient à se conformer à ces nouvelles directives sécuritaires américaines strictes, que cette interdiction a été peu à peu, levée, aéroport par aéroport.
Le Président américain, Donald Trump, a été fustigé à l’époque pour avoir “laissé échapper” le contenu d’une opération des renseignements israéliens hautement classifiée et très sensible, à l’intention de deux envoyés russes de haut-rang, Sergeï Kislyak et Sergeï Lavrov.
Les sources des renseignements proches de DEBKAfile ajoutent ces commentaires :
- Vanity Fair tire les choses au clair, quant aux propos tenus par Trump face aux deux diplomates russes à la Maison blanche le 10 mai : ” J’ai un renseignement de première main”, s’est vanté le Président. “J’ai des gens qui me briefent chaque matin des renseignements les mieux gardés”. Le Président n’a pas désigné le partenaire américain qui a été le fer de lance de l’opération, mais seulement les grandes lignes de cette conspiration, selon ce que révèle le magazine. Mais il a bien, de façon très problématique, identifié la ville spécifique située à l’époque à l’intérieur du territoire détenu par Daesh, où cette menace avait été détectée, ce qui aura offert aux renseignements russes un indicateur désignant qui était la source des renseignements israéliens. Cette fuite a probablement été transmise aux alliés de la Russie en Syrie, dont l’Iran. Le magazine décrit les responsables israéliens comme étant “révoltés” par la “trahison” de Trump et par le danger résultant de l’exposition de leur source secrète. Un responsable de l’armée est cité comme disant : “Et si on ne peut pas lui faire confiance, alors nous allons devoir faire ce qui est nécessaire par nous-mêmes, si on se retrouve le dos au mur face à l’Iran”. On s’est alors emparé de cet incident pour le divulguer en lui donnant des proportions considérables, dans le but de montrer Donald Trump sous le pire éclairage qui soit [celui de la “Balance”]. Nos sources au sein des renseignements soulignent que Trump n’est ni le premier ni le dernier homme politique à “lâcher” des données confidentielles vers des oreilles adverses. Il n’était alors présent que depuis quatre mois au sein Bureau Ovale, et après s’être attiré des réprobations approfondies, il apprendrait alors à faire preuve d’un peu plus de prudence.
- La mission particulière israélienne n’est que l’une des très nombreuses opérations qui font partie du travail de routine des renseignements et forces spéciales israéliennes – et pas uniquement en Syrie, mais parfois beaucoup plus loin.
- L’expert artificier de Daesh Al Asiri avait la réputation de travailler sur la transformation des portables en bombes à faire exploser les avions de ligne, il y a aussi longtemps qu’en 2008.
- Vanity Fair affirme qu’en révélant au grand jour l’opération secrète d’Israël jusqu’à Téhéran, Moscou aurait pu induire l’Iran et Israël vers un affrontement militaire, parce que les Iraniens ne peuvent décemment tolérer les activités clandestines israéliennes en Syrie. Cet argument ne tient pas debout. Les renseignements iraniens doivent être parfaitement au courant de l’existence d’opérations secrètes israéliennes en Syrie sans bénéficier d’aucun tuyau provenant de Moscou.
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