Le chef de l’Etat allemand, autorité morale suprême du pays, a dénoncé dimanche la relativisation du nazisme, au lendemain de propos de l’extrême droite qualifiant Adolf Hitler de « pipi de chat » dans une histoire germanique millénaire.
« Ceux qui aujourd’hui nient ou relativisent la césure sans précédent avec la civilisation »qu’a représenté Adolf Hitler et le nazisme, « se moquent des millions de victimes », a déclaré à Berlin le président Frank-Walter Steinmeier.
Ces révisionnistes « veulent aussi à dessein rouvrir de vieilles plaies, répandre la haine et il nous faut leur faire face », a-t-il ajouté lors d’une cérémonie consacrée au 10e anniversaire d’un mémorial pour les victimes homosexuelles du nazisme.
La veille, l’un des dirigeants du parti allemand d’extrême droite AfD, Alexander Gauland, avait minoré l’importance du IIIème Reich, jugeant qu’Adolf Hitler et les nazis n’avaient été que du « pipi de chat » (« fiente d’oiseau » littéralement en allemand, ndlr) dans une histoire germanique millénaire.
Son discours devant une organisation de la jeunesse de son mouvement a été très applaudi.
« Nous avons une histoire glorieuse et celle-ci, chers amis, a duré plus longtemps que ces 12 fichues années » entre 1933 et 1945, a-t-il jugé.
La numéro deux du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel (CDU), Annegret Kramp-Karrenbauer, a aussi dénoncé ces propos.
« Cinquante millions de victimes de guerre, l’Holocauste et la guerre totale ne sont que du « pipi de chat » pour l’AfD et Gauland. Voilà ce qu’est ce parti derrière le masque »,a-t-elle dit sur twitter.
Alexander Gauland, 77 ans et ancien membre de la CDU, n’en est ni à sa première provocation, ni à son premier dérapage verbal.
Durant la campagne électorale pour les élections législatives de septembre dernier, il avait vanté les mérites des soldats de la Wehrmacht.
L’un de ses fidèles au sein du parti, Björn Höcke, a également qualifié le vaste monument au cœur de Berlin aux victimes de l’Holocauste de « mémorial de la honte ».
Première force d’opposition à la chambre des députés, l’AfD a fait une entrée fracassante au Bundestag en septembre, avec plus de 90 députés, et remis en cause le consensus mémoriel des Allemands sur leur passé nazi.
Née en 2013 d’une opposition à l’euro, le parti est devenu, à la faveur de la « crise » des réfugiés en 2015, un parti anti-migrants, anti-islam et anti-Merkel.