Hécatombe chez les hauts gradés du Djihad tandis que le Hamas hésite

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Par Jacques BENILLOUCHE – Temps et Contretemps

Le gouvernement Lapid, sur les conseils de Benny Gantz ministre de la Défense, a décidé de frapper un grand coup contre le Djihad islamique aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie. La décision d’élimination des chefs terroristes passe par une procédure précise qui ne doit rien au hasard et qui est prise par le Cabinet de Sécurité (NDLR : Qui ne s’est pas réuni, proteste le ministre de la Santé, Horovitz). Les services sécuritaires exposent leurs arguments aux ministres qui analysent l’opportunité d’une action définitive. Cependant le ministère de la Justice délègue un fonctionnaire qui joue le rôle d’avocat pour le condamné afin de garantir une procédure judiciaire conforme. Rien ne se fait au hasard tandis que Tsahal n’a aucune qualité pour prendre des initiatives qui appartiennent au gouvernement civil.

Certains politiques attribuent ces dernières actions à Gaza à des raisons électorales mais il semble qu’il y ait unanimité, même au Likoud, de mettre un terme à des agissements criminels de nombreux terroristes qui ne cessaient de narguer Israël et qui s’estimaient protégés dans leurs bastions et dans leurs bunkers. Tous les partis sionistes ont soutenu le gouvernement. Israël a décidé de frapper fort, par anticipation, sans attendre d’être attaqué, en menant des opérations préventives.

Selon le chef de la direction des opérations de l’armée, le général de division Oded Basiuk : «Israël a tué les hauts gradés du Djihad islamique palestinien. Cette organisation a tenté de mener une attaque meurtrière contre des citoyens israéliens et des soldats de Tsahal en lançant un missile guidé antichar, pour tuer des civils et des soldats. Nous avons frappé et déjoué la cellule qui cherchait à exécuter cette attaque». C’est ainsi qu’en plus d’une vingtaine de hauts gradés, Tayseer Jabari, commandant de la région nord de Gaza du Djihad et Khaled Mansour, commandant du sud, ont été tués par des frappes aériennes précises. Les actions se poursuivent et aucun chef du Djihad ne semble aujourd’hui à l’abri.

Yaïr Lapid a surpris l’opinion par ces décisions irrévocables car il était considéré comme un dirigeant modéré ouvert au dialogue arabe. Benny Gantz n’est pas non plus étranger à cette stratégie consistant à mettre hors d’état de nuire tous les Palestiniens soutenus par l’Iran qui ne cessait de les fournir en armes, en roquettes et en missiles. Le risque au sud d’Israël devenait grand et il fallait par ailleurs aider le Hamas à se débarrasser d’un concurrent dangereux et irréductible.

Les actions militaires d’Israël à Gaza ne concernent, pour l’instant, de manière flagrante que le Djihad islamique. Israël n’en fait pas un secret. D’ailleurs la réaction des dirigeants du Hamas a été timorée, critique mais pas belliqueuse. La Hamas s’est borné à une seule déclaration de principe a minima pour traduire la réalité : «L’ennemi se leurre de pouvoir diviser l’unité de nos rangs et d’attaquer exclusivement le Djihad islamique». Les services de renseignements israéliens confirment que le Hamas n’a pas participé aux tirs des roquettes et que ses militants n’ont pas eu à souffrir des frappes israéliennes. L’affaiblissement du Djihad était le seul objectif prioritaire, le Hamas étant épargné tant qu’il restait à l’écart du conflit.

Certes le Hamas a réagi verbalement tandis que son bras armé, les Brigades Ezzedine al-Qassam, attendait des ordres : «Le sang de notre peuple ne sera pas gaspillé et sera une malédiction sur l’occupation, si D’ le veut». Il ne pouvait pas être moins loquace mais au fond de lui-même il approuvait l’élimination d’un concurrent qui perturbait la situation économique dramatique : «Le commandant en chef de la région nord des brigades Al-Quds, Taysir al-Jaabari, a été victime de la trahison sioniste après avoir parcouru un chemin jonché de sacrifices, de djihad pour sa patrie, son peuple et sa cause. Le peuple palestinien a fait ses adieux aujourd’hui à un dirigeant distingué et un moudjahid, qui a rejoint les rangs des dirigeants martyrs. Nous affirmons que l’ennemi sioniste assume seul toutes les conséquences de cette agression sauvage». Il s’agissait d’une simple déclaration de principe, dénuée de propos menaçants. Même le chef du bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh, a seulement condamné, depuis son exil à l’étranger dans un hôtel de luxe, «l’occupation sioniste».

Le Hamas sait que l’enjeu majeur est l’ouverture des frontières aux 20.000 ouvriers palestiniens de Gaza qui traversent tous les jours les points de contrôle pour venir gagner leur vie en Israël en permettant à 40.000 familles au moins de sortir de la misère. Benny Gantz avait ouvertement soulevé la question : «Ceux qui nuisent à la capacité de 14.000 travailleurs de gagner leur vie, qui font que les produits restent et se gâtent aux points de passage, et qui entraînent des pénuries d’électricité et de nourriture – nuisent avant tout à la population de Gaza, et devront assumer leurs responsabilités pour cette souffrance».

Le message est bien passé et pour l’instant le Hamas observe, critique, condamne mais ne lance pas ses troupes dans la bataille. C’est l’occasion pour lui de régler son problème avec son concurrent car il est conscient du danger que représente pour lui un Djihad actif, soutenu par l’Iran et sur le point de le dépasser. D’ailleurs l’Autorité palestinienne n’en pense pas moins, elle qui doit combattre en Cisjordanie les cellules chargées de la renverser. Le Hamas n’avait pas les moyens d’éliminer son groupe rival sans créer de guerre civile à Gaza. Israël a donc fait la basse besogne en espérant être payé de retour.

Cependant le Hamas n’a pas pu empêcher que le FDLP (Front démocratique de libération de la Palestine), le FPLP (Front populaire de libération de la Palestine) et les brigades Nasser Salah a-Din, affiliés au Fatah, se joignent au Djihad dans l’envoi de roquettes sur Israël. Malgré cela le Hamas est resté zen en refusant de se joindre au Djihad islamique et à ses alliés. Fawzi Barhoum, porte-parole du Hamas se montre laconique : «La résistance, avec toutes ses armes et factions militaires, est unie dans cette bataille, défendra notre peuple dans la bande de Gaza avec tout ce qu’elle possède et vaincra l’occupation comme elle l’a vaincue dans toutes les batailles». Mais il n’a pas décidé d’une confrontation. Il sait ce que lui a coûté en hommes et en destructions son aventure de l’an dernier.

À présent, comme d’habitude, le Hamas compte sur l’Égypte et le Qatar et aussi sur le Conseil de sécurité pour un nouveau cessez-le-feu qu’il souhaite rapidement car il est soumis à la pression des Gazaouis qui ne peuvent pas rester longtemps passifs face aux actions de l’aviation israélienne. Mais une course contre la montre s’est engagée sachant que, cette fois, Tsahal voudrait terminer son travail afin d’éradiquer les moyens militaires du Djihad islamique. Mais le plus travail est pratiquement fait et selon le chef du Shin Bet, Ronen Bar, Israël a atteint la plupart de ses objectifs.

1 commentaire:

bliahphilippe a dit…

Merci pour cet excellent exposé factuel mettant en lumière les dissensions entre « frères palestiniens » prêts à s’entretuer impitoyablement pour le pouvoir au point d’ailleurs lorsqu’ils s’y mettent de faire plus de dégâts dans leurs rangs qu’Israël cumulant plusieurs opérations militaires ciblées… Ceci sans souffrir de cris d’orfraie des media étrangers si prompts avec leurs prompteurs à déplorer ici ou là en Palestine la mort d’un civil innocent sur le mode du petit Aymar, jeune immigré ayant échoué – à tous les sens du terme – sur les cotes européennes.
A retenir deux mots importants de cette lecture : « comme d’habitude » ! Deux mots utiles qui serviront dans les prochains articles rappelant l’éternelle guerre de missiles menée par Gaza, se concluant inlassablement par le même scénario : lancer à l’aveugle de plusieurs centaines de roquettes, représailles militaires ciblées avec à la clé la disparition de certains chefs militaires haut gradés de la branche X islamiste, intervention opportune de l’Egypte pour un cessez-le-feu, un happy end chacun se félicitant d’avoir remporté la bataille. Jusqu’à la prochaine, partant du principe que chez les palestiniens la guerre est un casino jamais perdant vu la redistribution internationale de fonds inépuisables destinés à recommencer.

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