Le Hamas prend ses distances avec les Frères musulmans

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Masked gunmen from the Qassam brigade, the militia wing of Hamas, carry the body of Mazen Faqha, during his funeral in Gaza City, Saturday, March, 25, 2017.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a communiqué lundi sa nouvelle charte, supprimant des allusions ambigües au judaïsme, acceptant un État palestinien limité aux frontières de 1967 et se désolidarisant des Frères musulmans.

Depuis la création du Hamas, c’est une première. Le mouvement islamiste palestinien a communiqué, lundi 1er mai au soir, son nouveau programme politique, modifiant sa position vis-à-vis d’Israël. « Sans [accepter de] compromis sur son rejet de l’entité sioniste et sans abandonner un quelconque droit palestinien, le Hamas considère que l’établissement d’un État palestinien entièrement souverain et indépendant, avec Jérusalem pour capitale, dans les frontières de 1967, (…) est une formule de consensus national », indique le document. Soit un retour à la situation d’avant la guerre des Six-jours, où Israël a occupé la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est.

Le Mouvement de la résistance islamique, créé en 1987 pendant la première intifada, et au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 10 ans, est considéré comme « terroriste » par l’Union européenne et les États-Unis. Il amende ainsi son texte fondateur, souvent dénoncé comme antisémite. Les allusions très explicites au combat contre les « juifs » n’y figurent plus, la terminologie étant remplacée par celle de « sionistes ».

« Nous ne cherchons pas à diluer nos principes mais nous voulons être ouverts », a déclaré son chef Khaled Mechaal, lors d’une conférence de presse à Doha (Qatar), où il vit en exil et où le bureau politique du mouvement est installé. Il ajoute cependant que les principes fondamentaux demeurent et qu’il ne reconnaît toujours pas l’État hébreu, précisant que « résister à l’occupation par tous les moyens et toutes les méthodes est un droit légitime ».

Dans sa nouvelle charte, le Hamas retire l’article 2, qui faisait de lui « une des ailes des Frères musulmans en Palestine » et son bras armé, supprimant de ce fait son lien historique avec l’organisation islamique d’origine égyptienne. Khaled Mechaal a ainsi déclaré que « idéologiquement, nous faisons partie de l’école frériste (…) mais nous ne suivons aucun mouvement en termes d’organisation ». L’amendement fait figure d’appel du pied à l’Égypte, où la confrérie est tombée en disgrâce depuis la chute du président Mohamed Morsi en juillet 2013, et avec qui le Hamas est en froid.

Du changement seulement dans la forme

Pour Leïla Seurat, chercheure associée au Ceri-Sciences Po et auteure de « Le Hamas et le Monde » (Éditions CNRS), on est loin d’un bouleversement. « Le document représente [un accord de] l’ensemble des personnes décisionnaires du mouvement, y compris les franges les plus radicales. Il n’y a pas de prise de risque dans cette annonce, le cheikh Yassine [fondateur et dirigeant spirituel du Hamas jusqu’à sa mort en 2004] reconnaissait déjà ces frontières et un éloignement des Frères musulmans dans les années 1990 », explique-t-elle à France 24. La nouveauté importante est plutôt de coucher sur le papier ces prises de position.

« Khaled Mechaal veut faire du Hamas une entreprise de communication. Il a besoin de le faire connaître différemment en sortant des positions ambigües de la charte fondatrice. Le nouveau document, dans la forme, n’a rien à voir avec l’ancien », ajoute Leïla Seurat, beaucoup plus réservée sur le fond du programme.

« Écran de fumée »

Selon des sources du Hamas contactées par le journal israélien Haaretz, l’organisation a communiqué ce document lundi en raison de la volonté du président américain Donald Trump de relancer les pourparlers entre Israël et la Palestine, et de sa rencontre prévue mercredi, à la Maison blanche, avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. On peut ainsi s’attendre à un souhait du Hamas de revenir dans le cycle des négociations.

« L’objectif ultime [du Hamas] est de renforcer ses relations avec l’extérieur, en adoptant un programme qui se rapproche de celui de l’OLP, mais aussi en montrant que la lutte contre le sionisme s’inscrit dans une légalité internationale », continue Leïla Seurat. L’Organisation de libération de la Palestine, dont fait partie le Fatah de Mahmoud Abbas, reconnaît les frontières de 1967 comme celles de la Palestine depuis 1988.

L’État hébreu a rapidement réagi à cette annonce, la qualifiant d’ »écran de fumée ». « Nous voyons le Hamas continuer d’investir toutes ses ressources non seulement pour préparer la guerre avec Israël, mais aussi pour éduquer les enfants de Gaza à la volonté de détruire Israël », indique un communiqué du bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahou. Même son de cloche du côté des tats-Unis. « Les paroles du Hamas sont dépourvues de signification tant qu’il refuse de reconnaître Israël », a annoncé mardi Ed Royce, président républicain de la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants. « Je veillerai à ce que le Hamas continue à figurer sur la liste des organisations terroristes aussi longtemps qu’il lancera des roquettes sur les civils israéliens ».

Source www.france24.com

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