La capacité de lancer des salves massives vers le centre d’Israël existe sûrement chez eux, mais il semble qu’à présent, après avoir obtenu un répit sous la forme d’une réduction ou d’un arrêt des bombardements à Beyrouth, le Hezbollah se prépare pour une longue campagne.
JDN
Ces derniers jours, l’analyse des informations publiées en ligne offre une perspective différente sur la guerre au Liban. Jeudi dernier, le porte-parole de Tsahal en arabe, le colonel Adraee, a publié une annonce concernant cinq bâtiments à Beyrouth contenant des armes (roquettes et/ou drones), avertissant qu’ils seraient attaqués à tout moment. Il a demandé aux habitants de Dahiya et Haret Hreik de s’éloigner des bâtiments, mais une fois encore, le bombardement n’a pas eu lieu.
Ce n’est que rétrospectivement que nous avons appris, grâce à un rapport de Roy Sharon sur « Kan 11 », pourquoi le bombardement a été annulé : l’ordre venait du gouvernement israélien, qui a exigé que chaque bombardement à Beyrouth reçoive l’approbation personnelle du Premier ministre. Cet ordre est le résultat d’une conversation téléphonique insistante de Netanyahu avec Biden. Dans la version officielle de la Maison Blanche, il est écrit que « le président a souligné au Premier ministre la nécessité de minimiser les dommages aux civils, en particulier dans les zones densément peuplées de Beyrouth ».
Il y a un problème : depuis un an, le Hezbollah sait que Beyrouth est une zone que Tsahal ne bombarde pas, et ils y ont transféré une grande partie de leurs stocks de roquettes et de drones, les cachant précisément dans ces quartiers densément peuplés qu’Israël est désormais interdit de frapper. Heureusement, lors des deux premières semaines de combat, nous avons réussi à détruire une grande partie de l’arsenal du Hezbollah. Cependant, depuis cette conversation téléphonique, et pendant les cinq derniers jours, l’armée de l’air israélienne n’a pas bombardé Beyrouth.
En réponse aux critiques publiques liant cette manifestation de faiblesse à la reprise des activités du Hezbollah, notamment le lancement d’un drone kamikaze sur la base de Golani, l’armée de l’air a repris ses vols supersoniques au-dessus de Beyrouth. Pourtant, au moment où ces lignes sont écrites, Beyrouth et en particulier le quartier de Dahiya jouissent d’une immunité contre les frappes israéliennes. Les stocks d’armes, dont les habitants avaient déjà reçu un ordre d’évacuation, ont depuis été déplacés vers de nouvelles cachettes, et certains drones et roquettes ont peut-être déjà été lancés vers Israël depuis ces nouveaux lieux.
Tout accord politique avec le Liban et la communauté internationale sera le résultat de succès militaires sur le terrain. Plus le Hezbollah sera affaibli, plus les Libanais eux-mêmes sentiront que le Hezbollah a été humilié et que sa force militaire a diminué, et meilleur sera l’accord politique pour Israël. Cependant, la demande du président Biden à Netanyahu pourrait prolonger la guerre, comme cela s’est produit à Gaza, sans qu’une conclusion claire ne soit atteinte. Le Premier ministre libanais a déjà annoncé qu’il avait reçu des « garanties américaines » concernant une « réduction de l’escalade israélienne à Beyrouth et à Dahiya ».
Pour la première fois depuis l’élimination du chef militaire du Hezbollah, Fouad Shouker, au début du mois d’août, les partisans du Hezbollah retrouvent confiance. Dans les discussions qu’ils mènent en ligne, les représentants non officiels du Hezbollah expliquent leur nouvelle méthode : tout en continuant de tirer massivement sur le nord d’Israël pour tenter de saturer les capacités du Dôme de Fer, ils utilisent une approche différente pour les cibles dans le centre d’Israël et Haïfa. Ils tirent de petites quantités de roquettes, deux ou trois à la fois, et dispersent leurs tirs sur trois cibles éloignées, dans le but de maximiser le nombre de zones où l’alerte retentit.
Ils ne savent pas encore jusqu’à quand ils poursuivront cette méthode. La capacité de tirer des salves massives vers le centre d’Israël existe certainement, mais pour l’instant, le Hezbollah semble planifier une campagne longue, profitant du répit accordé par la réduction ou l’arrêt des bombardements à Beyrouth.