Pour Georges Bensoussan

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Par Guy Millière

Je ne connais pas personnellement Georges Bensoussan. Je connais, cela dit, ses livres. Je sais que c’est un historien scrupuleux, un homme de droiture, et un ennemi de toute forme de racisme.

Il est responsable éditorial du mémorial de la Shoah, un lieu que des non-juifs devraient visiter plus souvent aux fins de réfléchir avec humilité sur le passé de l’Europe et sur les conséquences qui furent celles de deux millénaires d’antisémitisme.

Il vient de publier un livre collectif dont il a assuré la direction, et ce livre dresse un portrait accablant de la société française telle qu’elle est aujourd’hui. Le titre est éloquent : Une France soumise*.

Bien qu’il ne figure pas dans le titre, l’islam est omniprésent dans chaque page du livre. L’un des co-auteurs dénonce l’accusation désormais si souvent brandie face à ceux qui se contentent de constater les faits aux fins qu’ils se taisent : celle d’être «islamophobe».

C’est parce qu’il fait l’objet de cette accusation que Georges Bensoussan se trouve aujourd’hui traîné au tribunal, mais pas pour Une France soumise.

Un pays où un homme respectable peut se trouver harcelé ou condamné par la justice pour des motifs tels que ceux évoqués n’est pas un Etat de droit

Dans une émission de France Culture voici plusieurs mois, il a évoqué le travail et les analyses d’un sociologue d’origine algérienne, Smaïn Laacher, qui parlait, je cite, de l’«antisémitisme quasi naturellement déposé sur la langue» des enfants arabes en France. Georges Bensoussan a commenté en parlant d’antisémitisme «tété avec le lait de la mère», ce qui signifie quasiment la même chose.

Smaïn Laacher n’a pas provoqué de scandale et n’a pas déchaîné les foudres de la place de la pensée.

Il en est allé autrement pour Georges Bensoussan.

Le MRAP, mouvement communiste qui, dans une époque révolue, prétendait dénoncer le racisme et l’antisémitisme mais qui aujourd’hui s’en prend presque uniquement au «racisme islamophobe», a menacé aussitôt Georges Bensoussan d’une plainte censée le conduire devant le «tribunal correctionnel pour injures racistes et provocation à la haine». Pour le MRAP, dire que l’antisémitisme est transmis aux enfants dans des familles musulmanes est raciste et incite à la haine quand c’est un Juif qui le dit, et transmettre l’antisémitisme n’est pas transmettre une forme de racisme. Le site musulman oumma.com a été dans la même direction que le MRAP et s’est fait imprécateur et a même dit que Georges Bensoussan pouvait en disant ce qu’il a dit, contribuer à mener le pays à la guerre civile.

Il y a quelques mois, une officine islamique totalitaire qui prétend interdire tout discours critique sur l’islam, le Collectif contre l’islamophobie en France, a dénoncé Georges Bensoussan au procureur de la République, qui s’est empressé de faire mener une enquête et de saisir la justice.

Georges Bensoussan a dû répondre à des interrogatoires de police comme un criminel de droit commun. Il passe en jugement cette semaine.

Il n’est pas le seul en France à avoir subi et à subir ce traitement : Pascal Bruckner et Eric Zemmour pourraient en témoigner. Il ne sera pas le dernier.

Il a contre lui quasiment toutes les pseudo-organisations antiracistes françaises, dont la LICRA, et des intellectuels musulmans tels que le très ambigu Mohamed Sifaoui, que je n’ai personnellement jamais pris pour un allié de quelque manière que ce soit, bien au contraire.

Quel que soit le jugement qui sera rendu contre Georges Bensoussan, un pays où un homme respectable peut se trouver harcelé ou condamné par la justice pour des motifs tels que ceux évoqués n’est pas un Etat de droit.

Un pays où critiquer l’islam devient impossible est un pays placé dans une situation que la grande historienne Bat Ye’or a décrit en forgeant l’expression de «dhimmitude».

Le rétablissement de l’Etat de droit, la nécessité d’en finir avec la dhimmitude, et la nécessité d’en finir avec ce qui fait de la France un pays soumis, devraient être au cœur des débats de la campagne pour les élections présidentielles qui vont avoir lieu bientôt.

C’est très loin d’être le cas.

Dès lors, le risque que les choses s’aggravent est intense.

Georges Bensoussan avait, il y a douze ans, sous le pseudonyme Emmanuel Brenner, publié un autre livre collectif appelé Les territoires perdus de la République*.

Une France soumise montre que c’est désormais la République française qui est un territoire quasiment perdu.

Si les choses s’aggravent encore, ce qui est très possible, voire très probable, il ne sera vraisemblablement plus envisageable de publier un livre pour décrire la situation de la France. Il ne restera plus grand-chose, voire rien, de ce que fut la France.

Il reste d’ores et déjà si peu de ce que fut la France…

© Guy Millière pour Dreuz.info.

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