Le gouvernement français cherche à pouvoir interdire la future participation d’Israël à des salons d’armement
La participation des entreprises israéliennes aux salons de défense organisés en France, notamment Euronaval, illustre des frictions croissantes entre enjeux juridiques, diplomatiques et commerciaux. Cette situation complexe met en lumière un bras de fer entre les autorités françaises et les industriels israéliens, reflétant une toile de fond de relations bilatérales tendues.
Initialement, le gouvernement français avait interdit la participation des entreprises israéliennes au salon Euronaval, invoquant des considérations de cohérence avec ses appels au cessez-le-feu dans les zones de conflit, telles que Gaza et le Liban. Toutefois, cette décision a été annulée par le tribunal de commerce de Paris, qui a estimé qu’elle portait préjudice aux entreprises concernées. Cette jurisprudence s’inscrit dans la continuité d’une décision similaire rendue en juin dernier lors du salon Eurosatory.
Suite à l’annulation, les autorités françaises ont assoupli leur position tout en imposant des restrictions : seules les technologies non offensives pouvaient être exposées. L’exécutif français a insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’un boycott, mais d’une mesure alignée sur sa position diplomatique.
Une réponse israélienne ferme
La décision française, bien que partiellement levée, a suscité une réaction virulente d’Israël. Le ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a dénoncé des mesures qu’il qualifie d’« antidémocratiques » et a promis des actions diplomatiques et juridiques. Le Dr Ron Tomer, président de l’association des industriels israéliens, a critiqué la démarche française, rappelant l’attachement d’Israël aux valeurs démocratiques et demandant à la France de garantir un traitement équitable pour les entreprises israéliennes.
Le gouvernement français persiste
Malgré les revers juridiques, le gouvernement français ne compte pas en rester là. Le préfet de Paris a saisi le tribunal des conflits pour statuer sur la compétence du tribunal de commerce dans ce type de décisions. Selon les autorités, ces questions relèvent de la politique étrangère, non du droit commercial. Cette démarche vise également à prévenir une nouvelle participation des entreprises israéliennes au prestigieux Salon de l’aéronautique et de l’espace, prévu en 2025 au Bourget.
Ces tensions s’inscrivent dans un contexte diplomatique déjà sensible entre Paris et Tel-Aviv. Les déclarations d’Emmanuel Macron sur l’embargo sur les armes ou encore les critiques sur les actions israéliennes dans les territoires occupés ont contribué à exacerber les divergences.
L’avocat Me Patrick Klugman, qui avait défendu les entreprises israéliennes lors de l’affaire Euronaval, a souligné l’aspect inédit de la situation. Selon lui, la saisie du tribunal des conflits est une tentative de « valider a posteriori » les actions du gouvernement. Son commentaire sur « un match qui continue » illustre bien la dynamique actuelle de confrontation.
Alors que le dossier reste ouvert, les actions de la France semblent refléter une politique étrangère perçue par certains comme davantage alignée sur les intérêts des pays arabes, souvent au détriment d’Israël. Ces choix suscitent un débat plus large sur l’équilibre entre commerce, diplomatie et stratégie, et interrogent sur l’impartialité de la position française dans un contexte géopolitique marqué par des tensions persistantes au Moyen-Orient.
Ce différend entre Paris et Tel-Aviv dépasse les simples questions commerciales, touchant à des enjeux profonds de souveraineté, de principes démocratiques et de relations internationales.