Il n’a pas dû apprécier la décision d’Emmanuel Macron de faire entrer Simone Veil au Panthéon. A la mort de l’ancienne ministre de la Santé rescapée des camps nazis, Henry de Lesquen s’en était pris sur Twitter à « une ordure cosmopolite, anticatholique et antifrançaise », « responsable de la shoah des enfants français ». C’est donner une idée de ce personnage ouvertement raciste et antisémite, habitué à prôner sur les réseaux sociaux la « réémigration » des « congoïdes » et à vitupérer contre « l’oligarchie cosmopolite ». Mais Lesquen, qui présidait depuis dix ans aux destinées de Radio Courtoisie, cette station au ton très droitier qui dispose de plusieurs fréquences FM, n’a plus de micro pour pérorer librement sur ses obsessions. Le conseil d’administration de la radio a (enfin) décidé d’écarter le vicomte de ses fonctions.
Un petit coup de tonnerre dans le monde de l’extrême droite française, qui s’est tramé samedi 1er juillet à l’occasion d’une assemblée générale du comité des auditeurs de Radio Courtoisie. « Lesquen était très isolé. Les membres du conseil d’administration ont été en bonne partie nommés par lui, mais ils étaient las de ses déclarations et de son mode de relation aux autres, raconte un ancien cadre de la radio à Marianne. Quand Lesquen a compris qu’il allait être mis en minorité, il a tenté de nommer de nouveaux membres juste avant la réunion du conseil d’administration, mais celui-ci a bloqué la manœuvre et il s’est retrouvé en minorité. »
« Un putsch »
Dans la foulée, Henry de Lesquen, 68 ans, a annoncé ce lundi à l’antenne de Radio Courtoisie qu’il renonçait à animer son émission hebdomadaire. Non sans dénoncer « un complot » et « un putsch manigancé par un trio d’individus envieux et incompétents », qu’il accuse de vouloir « macroniser Radio Courtoisie » (il y a du boulot…).
Henry de Lesquen est remplacé par la journaliste Dominique Paoli, 75 ans, qui occupait jusqu’ici les fonctions de secrétaire générale de la radio – elle est, au passage, la petite-nièce de Charles Maurras. Contactée par Marianne, la nouvelle patronne ne cache pas son soulagement d’être débarrassée du boulet Lesquen. « Nous sommes heureux d’avoir écarté ses excès et ses déclarations intempestives, qui nous ont souvent choqués », assure-t-elle. « Mon souhait est que nous entrions dans des eaux plus calmes, mais pas tièdes », poursuit Dominique Paoli, même si la grille des programmes ne sera pas bouleversée. Une rupture en douceur avec le style Lesquen, qui a durement entaché l’image d’une radio déjà sérieusement ringardisée par les médias en ligne de la « fachosphère ».
Source www.marianne.net