En Europe, une civilisation en remplace une autre mais les médias ont choisi de ne pas en parler. (Source de l’image : iStock) |
En Europe, une civilisation en remplace une autre, mais les médias ont choisi de ne pas en parler.
Sept pas vers l’enfer, un livre récemment publié par Alain Chouet, ancien numéro deux de la DGSE, le puissant service de contre-espionnage français, est un réquisitoire contre les élites européennes. Chouet rappelle :
« J’étais invité chaque année à venir faire une conférence sur les problématiques du monde arabe au Cercle de la morale laïque de Molenbeek, banlieue de Bruxelles. Je m’y trouvais à la mi-octobre 2011 pour disserter (…) sur le thème « Regards croisés sur les soulèvements du printemps arabe ». Nous avions à peine commencé que M. Philippe Moureaux, maire socialiste de la commune et grand ponte du PS belge, s’est invité au premier rang flanqué de deux impressionnants gardes du corps en djellaba, barbe jusqu’au milieu de la poitrine et calotte blanche sur la tête. S’adressant au public, il a affirmé que je n’étais pas qualifié pour parler du monde arabe, attendu que j’étais ressortissant d’un pays qui avait torturé des musulmans en Algérie. (…) Son raisonnement est significatif de la façon dont, depuis la fin des années 1980, une certaine gauche européenne s’est laissée prendre aux sirènes du salafisme militant. (…) La gestion de Molenbeek est exemplaire en ce sens : des autorisations accordées facilement et sans aucun contrôle pour l’ouverture et le fonctionnement des mosquées, des écoles privées islamiques, clubs culturels et sportifs généreusement subventionnés par l’Arabie Saoudite ».
Vingt-cinq des quatre-vingt-neuf membres du Parlement régional bruxellois ne sont pas d’origine européenne.
Chouet poursuit :
« J’accuse les responsables politiques de n’avoir jamais voulu comprendre la montée de l’islam radical et de l’avoir délibérément ignorée pour cause d’électoralisme et de « politiquement correct ». Je les accuse d’avoir laissé plusieurs communes belges développer un radicalisme djihadiste depuis des années, au point qu’un responsable socialiste m’avait un jour dit : « Nous connaissons le problème de Molenbeek, mais, que voulez-vous, c’est un électorat qu’on ne peut négliger » ».
Au tour de la France maintenant. « Le vote musulman est-il décisif ? » s’est interrogé l’écrivain algérien Kamel Daoud dans l’hebdomadaire Le Point.
La réélection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République était prévisible. Mais le choc est venu de la gauche radicale. Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidence de la République au nom du parti pro-immigration « La France Insoumise », a fait un bond spectaculaire par rapport à 2017. Avec 22,2% des suffrages, il s’est retrouvé à un point seulement derrière Marine Le Pen. Soixante-neuf pour cent des musulmans ont voté pour lui.
« Mélenchon parie sur le Grand Remplacement pour acquérir plus de pouvoir » a déclaré le philosophe français Alain Finkielkraut sur Europe 1. Finkielkraut avait déjà évoqué le « Grand Remplacement » en janvier, affirmant que le remplacement des peuples européens par des Africains, des Asiatiques et des Moyen-Orientaux était « évident ».
« Il s’agit en fait d’une fragmentation et oui, ce risque existe et en tout état de cause, je pense que l’évolution démographique de l’Europe est extrêmement spectaculaire. Dans certaines communes et régions les peuples historiques deviennent minoritaires. »
Les banlieues et les grandes villes à fort taux d’immigration sont au cœur du projet politique de Mélenchon ; c’est là qu’il a recueilli 60 % des voix aux élections. [1]
Que nous disent ces chiffres ? Que beaucoup ont pris le train de l’islam politique en marche, et que la solidarité communautariste a donné les résultats escomptés. Mélenchon, qui a participé à des « marches contre l’islamophobie » et qui a comparé la situation des musulmans en 2022 à celle des Juifs en 1942, a prédit la « créolisation » de la France : « D’ici 2050, 50 % de la population française sera métissée ».
« Je suis le seul à avoir défendu les musulmans » clame ouvertement Mélenchon. Il a été plébiscité dans les quartiers populaires, notamment grâce au vote musulman affirme Le Figaro.
D’autres candidats de gauche ont également tenté un rapprochement avec l’islam politique, mais « il y a une catégorie dans laquelle il (@JLMelenchon) est très fort, il est le plus fort, ce sont les Français musulmans… là, il est entre 45% et 49% des voix » a tweeté Brice Teinturier (Ipsos)… »
Bref, une nouvelle dynamique nationale est en cours : la démographie gouverne la démocratie. Les partisans de ces candidats et les partisans de l’islam semblent avoir en commun une aversion pour les sociétés occidentales. En utilisant le langage progressiste et les symboles « woke », il est possible de dire qu’ils veulent imposer une société plus « inclusive » et « multiculturaliste », une société plus austère, bardée d’interdits et fondamentaliste.
Quand Grenoble autorise le port du burkini dans ses piscines publiques, son maire affirme que c’est par souci d’inclusion sociale. « Le maire de Grenoble reprend donc à son compte l’argumentaire et les ficelles rhétoriques des Frères Musulmans : parler de liberté pour imposer le sexisme », écrit Céline Pina dans Le Figaro.
Ce discours woke prône l’ « inclusivité » mais prend soin d’exclure sur des critères racistes de couleur de peau (blancs) ou d’appartenance ethnique (les Juifs). Le wokisme en tant que discours progressiste prétend ne pas être raciste, mais il est pétri de l’idéologie raciste sirupeuse de la « diversité » – qui prône le remplacement d’une société par l’immigration. Il promeut aussi le politiquement correct, un virus mortel qui paralyse les réflexes vitaux de l’Occident. Le wokisme est le terrain idéal pour l’essor de l’islam politique en Europe.
France Stratégie, institution autonome sous tutelle du Premier ministre, a publié en octobre dernier une étude choc, qui montre qu’il existe en France, 25 villes où la population jeune est composée de 70% à 79% de non européens. Plus de 70 % des personnes appartenant à cette population résident dans quatre villes de Seine-Saint-Denis. [2]
« Corrélation frappante entre le vote Mélenchon (…) et la part des immigrés d’origine extra-européenne dans la région parisienne », tweete l’analyste Sylvain Catherine.
« À Montpellier, il y a plus de musulmans pratiquants que de chrétiens pratiquants. Alors que les églises sont peu fréquentées, les mosquées sont pleines », rapporte le journal Midi Libre. Là, Mélenchon a trouvé une immense réserve de voix. A Créteil, ville emblématique de l’immigration dans la vallée de la Marne, Mélenchon a obtenu 40 % des voix.
Erwan Seznec, auteur de Nos élus et l’islam, a mis en lumière le processus grâce auquel l’islamisme s’est épanoui. De Denain à Perpignan, les élus ont tissé des liens ambigus avec leurs électeurs musulmans. En échange des votes musulmans, les élus veillent sur les maisons, les emplois et les salles de prière. De leur côté, les islamistes prennent en main la carrière des politiciens qui les soutiennent. Bernard Rougier, auteur du livre Les territoires conquis de l’islamisme, prévenait il y a deux ans : « Aux prochaines élections, dans la France insoumise, il y aura des candidats issus de ce tissu islamiste ».
A Trappes, symbole de l’islamisation des villes de banlieue, Mélenchon a capté 61 % des voix.
« 70 % de musulmans, Trappes et ses 40 à 50 nationalités différentes revêt aujourd’hui l’apparence de certaines localités libanaises, micro-mondes cerclés dans le large périmètre d’une autre réalité religieuse et civilisationnelle. Le quadrillage ethnique des Balkans n’est pas loin non plus »
A Roubaix, ville à 40 % musulmane, Mélenchon a recueilli 50 % des suffrages. A Mulhouse, ville d’Alsace choisie par Macron pour expérimenter un projet d’endiguement de l’islam politique, Mélenchon a recueilli 36% des suffrages. A Nîmes, où Mélenchon s’est imposé sans effort, l’immigration extra-européenne se développe et, selon Le Monde, « la part des habitants nés hors d’Europe est passée de 7,3% à 16,3% de la population entre 1990 et 2017 ».
Au second tour des présidentielles, les voix de Mélenchon se sont reportées sur Macron. Pendant le Ramadan, la Grande Mosquée de Paris a même organisé pour la réélection de Macron un iftar – dîner de rupture du jeûne. Christophe Castaner, ancien ministre de l’Intérieur de Macron et président de son parti, y a assisté. Les votes pour Macron se sont enchaînés. Trappes a voté à 74 % pour Macron, 20 points au-dessus de la moyenne nationale ; à Roubaix 70 % ; à Grigny 70 % ; à La Courneuve 77 % ; à Bondy 74 % ; à Colombes 80% ; aux Lilas 83,5% ; à Bobigny 75,5%…. Ainsi ont voté les villes emblématiques de la Seine St-Denis.
Les quartiers Nord de Marseille, acquis à Mélenchon au premier tour, ont donné leurs voix à Macron au second tour. Ces quartiers abritent une grande partie de la communauté islamique – 30% de la population totale de la ville et un quart de celle de l’agglomération. « Les quartiers nord de Marseille », écrit Le Figaro , « une ‘petite ville’ où le communautarisme est une réalité quotidienne… »
La même dynamique s’observe également en Allemagne. Les recherches menées par MedienDienst Integration montrent qu’aux dernières élections, 83 parlementaires du Bundestag– 11,3% du total – avaient des origines étrangères. Le pourcentage de parlementaires allemands d’origine étrangère est passé de 5,9 % en 2013 à 8 % en 2017. 18 nouveaux députés sont d’origine turque et 24 ont des racines balkaniques … Au sein du Parti Social-Démocrate (SPD, vainqueur des élections de septembre dernier), le nombre de députés issus de l’immigration est passé de 10% à 17% en une seule élection.
Ce pourcentage toujours croissant d’hommes politiques turcs, bosniaques, kosovars, iraniens et irakiens exercera une influence croissante sur les choix de la première puissance européenne en matière d’immigration et de multiculturalisme. Le parti de gauche, Die Linke, a le pourcentage le plus élevé de parlementaires issus de l’immigration : 28,2 %. Et demain ? Herbert Brücker, responsable de la recherche sur les migrants à l’Institut fédéral de recherche sur l’emploi, a déclaré au journal allemand Die Welt :
« Aujourd’hui, un quart de la population allemande est issue de l’immigration. Dans 20 ans, ce sera au moins 35 %, mais cela pourrait aussi dépasser 40 %… Ce qui apparait normal aujourd’hui dans les grandes villes sera normal pour tout le pays à l’avenir. Dans une ville comme Francfort, l’immigration représentera entre 65 % et 70 % de la population ».
« Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle montre que la stratégie de Mélenchon à l’adresse de la communauté musulmane a été payante » a noté l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler. Mais quelles seront les conséquences pour le futur ?
« Le vote massif pour Mélenchon est la preuve que la stratégie de victimisation de la communauté qui a commencé dès les années 1990 a produit ce qu’elle avait pour but de produire en une ou deux générations : une communauté politique mue par l’inquiétude, la pression communautaire et la peur, et donc prête à voter pour n’importe quel suzerain protecteur.
LFI a réuni une grande partie du vote musulman, ce qui ne fait évidemment pas de lui un parti musulman ou islamiste, mais seulement un parti « coucou ». Comme le coucou fait couver ses œufs dans le nid d’un oiseau d’une autre espèce, un parti coucou abrite et protège des idées qui ne sont pas les siennes. Or les Frères ont une stratégie qu’ils ont exprimée dans leurs plans dès les années 1980 : faire alliance avec les partis les plus dociles à propager leurs idées. »
Compte tenu du bouleversement démographique, que va-t-il se passer en France dans cinq ans ? Comme dans Soumission, le roman de Michel Houellebecq, un Frère musulman « modéré » sera-t-il élu à la présidence de la République ? Où les hommes politiques qui ont conclu un pacte avec les communautés musulmanes mèneront-ils des politiques adaptées à cet électorat ?
« Aujourd’hui, réfléchit le philosophe Alain Finkielkraut, il y a 145 mosquées en Seine-St-Denis contre 117 églises ». Les premières sont surpeuplées, les secondes à moitié vides.
Le futur est déjà là.
Giulio Meotti, rédacteur culturel à Il Foglio, est un journaliste et auteur italien.
[1] Pour être exact, Mélenchon a obtenu 61,13 % des voix à St-Denis, soit 17 points de plus qu’en 2017. À Montreuil, Mélenchon a obtenu 55,35 % des votes. A Bobigny, 60% des suffrages. Sur l’ensemble de la Seine-St-Denis, Mélenchon a capté 49,09 % des votes, une augmentation spectaculaire par rapport à 2017, où il n’avait gagné que 34,02 %. A Argenteuil, troisième ville d’Île-de-France, il arrive premier avec 49,89 %. Dans toute l’Île-de-France , le plus grand département français qui comprend également Paris, Mélenchon a largement battu Macron.
Dans la Seine-Saint-Denis islamisée, Mélenchon s’est imposé dans 37 villes sur 40. Mélenchon est arrivé en tête à Marseille (31%), Le Havre (30%), Lille (40%), Lyon (31%), Montpellier (40%), Saint-Etienne (33%), Toulouse (36%), Strasbourg (35%), Rennes (36%) et Nantes (33%). A Marseille et Lyon (deuxième et troisième plus grandes villes de France), les musulmans représentent déjà 30 % de la population, et un quart des élèves des écoles publiques de Strasbourg sont musulmans. A Mulhouse, la communauté musulmane représente déjà 25 % de la population. A Paris, Mélenchon est arrivé deuxième avec 29% des suffrages. A Aubervilliers, il y a eu un plébiscite. « Ici la municipalité travaille avec les musulmans pour construire une grande mosquée », précise le panneau installé sur un terrain de la rue St-Denis à Aubervilliers. Le clientélisme islamique est à l’honneur dans le « 9-3 », le département français où 30 % de la population est désormais musulmane.
[2] La Courneuve (64%), Villetaneuse (73%), Clichy-sous-Bois (72%), Aubervilliers (70%). A La Courneuve, Mélenchon recueille 64 % des voix, à Clichy-sous-Bois 60 %, etc.