« Une femme prostituée ou déshonorée, ils ne l’épouseront point » (Wayiqra/Lévitique 21,7).
Le Targoum Onkelos rend de manière surprenante le mot « prostituée », zona, par femme « qui entraine à l’erreur » (metaya). Il traduit également l’expression parallèle employée par le verset (id. 17,7) « Et ils n’offriront plus leurs sacrifices aux démons, aux cultes desquels ils se prostituent », par « par lesquels ils se trompent ». On trouvera la même tendance de la part de ce grand traducteur en araméen dans le fameux verset du Qiryath Chema’ (Bamidbar/Nombres 15,39) : « Cela formera pour vous des franges dont la vue vous rappellera tous les commandements de l’Éternel, afin que vous les exécutiez et ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux, qui vous entraînent à l’infidélité » – « après lesquels vous vous trompez », selon Onkelos.
Dans ces trois cas, ce traducteur fait appel à une notion d’errance, tant dans la prostitution que vis-à-vis d’une personne s’adonnant au culte païen, ou qu’envers celui qui se laisse entraîner par ses yeux ou par son cœur.
C’est donc que se laisser influencer par ces forces ô combien profondes constitue avant tout une erreur, quand bien même ce sont des envies charnelles qui en sont à l’origine. Mais ce ne sont que des illusions, comme le font remarquer nos Sages (Nedarim 51a) en expliquant le mot « to’éva », abomination : « To’é ata ba », « tu y fais erreur » ! L’homme se sent libre dans ce domaine, alors qu’il est en fait totalement guidé par ses pulsions.
Il ressort de ces traductions d’Onkelos que la base de ces fautes repose sur des errances, qui peuvent être très graves, voire représenter les transgressions les plus terribles de la Tora. Mais elles ont pour base l’abandon de la voie droite de l’esprit et le fait que l’individu se soit laissé enchaîner dans les liens des pulsions les plus basses. Comme nous sommes éloignés de la conception du monde moderne !
L’un des grands de la Tora a été interpellé par un ancien disciple, qui avait mal tourné. Il avait des questions à poser au rav. Mais ce dernier l’a repoussé : ses questions ne sont pas des interrogations, elles sont des réponses ! Autrement dit, le point de départ de sa chute repose sur une acceptation essentielle, celle de suivre ses pulsions. Après cela, les mauvaises idées, le paganisme ou le reste ne font que suivre, comme nos Sages le disent déjà (Sanhédrin 63a) : le peuple juif ne s’est livré au paganisme que pour s’autoriser les relations interdites en public.
D’après le livre Ohel Moché, du rav Moché Yossef Scheinerman